La célébration s'est déroulée le mercredi 29 avril à 19 h suivie d'une heure d'Adoration silencieuse du Saint-Sacrement.
Homélie
Mes frères, mes sœurs, mes amis,
Nous avons souffert ensemble, et chacun de son côté, de la profanation du Saint Corps de Jésus dans les espèces eucharistiques dérobées du tabernacle ; notre être intime de disciples du Christ et notre identité de communauté chrétienne sont meurtris par cette atteinte sacrilège.
Mais le mal est vaincu par le Bien, le pire des actes sur cette terre est lavé par le sang de l’Agneau, Christ mort et ressuscité. Il a déjà tout réparé par sa puissance sur toutes les formes de mal ; mais nos pauvres êtres de chair ont besoin de s’en persuader ; c’est le sens de cette célébration dont la grâce qui sanctifie ne vient que de Dieu.
Donc c’est ensemble que nous devons passer maintenant vers la joie de la réparation ; cette célébration avec son beau déploiement liturgique contribue comme nulle autre pareille à nous donner une paix profonde, une sérénité personnelle et communautaire : Christ est vainqueur du mal. Là est notre foi, notre espérance… Christ est vainqueur du mal.
Il est aussi la source de notre charité.
C’est pourquoi nous devons maintenant donner toute sa place au pardon, à la réconciliation : pardon à donner à celui, à celle, qui a commis cet acte.
Que le Seigneur lui fasse découvrir sa lourde faute et lui fasse miséricorde pour que jaillisse en lui le désir de se convertir et d’agir en conséquence. St Jean nous le disait ainsi dans la première lecture : « Si l’un de nous vient à pêcher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus-Christ, le Juste. Il est la victime offerte pour nos péchés, mais encore pour ceux du monde entier ».
De même que notre communauté chrétienne, tellement traumatisée que certains ont voulu me culpabiliser et soupçonner en moi orgueil et indignité, oui, que notre communauté se réconcilie. De mon côté, en profonde union avec mon évêque qui nous assure de son soutien et de son amitié, de sa confiance et de sa prière depuis Rome, je demande pardon à ceux qui m’ont considéré trop hésitant de vendredi à dimanche, et je leur demande d’aimer les prêtres qui eux aussi, choqués et perdus, ont dû prendre le temps du discernement, de la prière, de la consultation.
Pardon si je vous ai blessés et déçus, si je vous ai insécurisés.
Sachez tout de même, et vous devez le savoir, que de dimanche soir à lundi après-midi je suis allé prier à Belloc, par moi-même, avec une nuit d’insomnie très éprouvante ; à Belloc j’ai réfléchi à partir de certains messages et conseils venus de vous…
Avec un moine bénédictin et des prêtres qui m’accompagnaient, j’ai pu discerner les décisions à prendre et j’ai seul décidé de cette réparation.
Après quoi, avec humilité et implorant son indulgence pour mon retard, j’ai fait part à mon évêque des faits graves commis ici et de ma décision de réparation pour aujourd’hui.
Il m’a assuré de son approbation pour chacune de mes décisions ; puis il a rédigé son communiqué très paternel envers nous chrétiens d’Hendaye, laïcs et prêtres, et envers tous les diocésains.
Vous savez combien vos prêtres célèbrent avec dignité et foi l’Eucharistie à Hendaye, Biriatou et Béhobie : par pitié, purifiez vos esprits et vos langues de soupçons à leur égard… Aimez vos prêtres ; priez pour qu’il y en ait davantage et qu’ils soient nombreux à faire venir sur les autels la présence réelle du Christ par le sacrement de l’Eucharistie.
Mais vos prêtres, de la part du Seigneur, vous enverront toujours en mission, d’ici à l’extérieur... Car le chrétien qui a communié doit être un homme, une femme de communion dès le pas de cette église, et chaque jour, et en tout lieu, et avec tout le monde.
C’est ainsi que je lis aujourd’hui l’évangile que j’ai souhaité garder, celui de la fête de Ste Catherine de Sienne, Docteur de l’Eglise et Co patronne de l’Europe.
Ce bel évangile de Marthe et de Marie, nous met en présence de deux femmes chez qui Jésus était en grande communion et confiance…
Ce jour-là Marie est au pied de Jésus et Marthe, un peu fébrile, est au fourneau.
Marie et Marthe c’est vous et moi… avec la double dimension de notre foi de chrétien :
= avec Marie, d’abord, nous sommes aux pieds du Christ notre Maître, notre Sauveur, notre ami, pour recueillir la force et la douceur de sa Parole et la présence vivifiante et sécurisante de son corps : c’est la messe, c’est la communion, c’est l’adoration. Ici le Christ nous parle et nous nourrit de sa propre vie. Aimons encore davantage dans cette église redonnée au culte, réparée, aimons encore davantage venir aux pieds de Jésus… il a tant à nous donner pour nous transformer. Cette église restera ouverte comme autrefois, venez-y souvent, seuls et pour les célébrations.
= avec Marthe, ensuite, nous sommes au travail, debout, dans l’agitation du « devoir à accomplir », dans le brouhaha du monde aussi que certains ne cessent de « diaboliser » mais qui est un monde aimé et sauvé par le Christ, au cœur duquel nous devons manifester dialogue, témoignage sans peur, et miséricorde. C’est dans ce monde que nous devons être facteurs de communion et acteur de vie, d’amour, de justice et de paix, au plus proche des pauvres et des petits, de tous ceux qui, membres du Corps du Christ, sont profanés quand l’homme est un loup pour l’homme. Pourtant, malheureusement, que de replis chez les chrétiens, que de regards durs de chrétiens sur leurs contemporains, que de peurs angoissées par manque de foi.
Pourtant c’est là une mission passionnante à la suite du Christ, en communion avec notre pape, notre évêque, nos prêtres, nos frères et sœur chrétiens ; quelle joie de servir le Seigneur, de bousculer notre égo pour lui là où vivent les gens ; dans ces périphéries si chères à notre pape.
Maintenant, faisons silence, pour remplir nos cœurs du Seigneur, notre paix véritable, la lumière du monde.
Puis nous invoquerons les saints pour nous, pour l’Eglise et pour le monde.
Et nous célèbrerons l’Eucharistie du Seigneur, sommet de notre vie, dans un cœur renouvelé et une joie sans faille. Amen.