20ème dimanche du temps ordinaire B
Manger, boire, pain vivant, chair et sang… nous retrouvons ces mots plus de 20 fois dans l’évangile de ce jour.
Il en était déjà question dimanche dernier ; et il en sera encore question dimanche prochain.
C’est dire que pour l’évangéliste St Jean, son long chapitre 6, intitulé discours sur le pain de vie, est essentiel.
C’est pourquoi l’Eglise dans sa liturgie nous propose d’entrer dans la profondeur de ce texte avec du temps, quatre dimanches à la suite.
Et mercredi en la belle fête de l’Assomption de la Vierge Marie, nous entendions son chant d’action de grâce, le Magnificat, évoquer aussi la nourriture.
Marie, remplie de joie, disait en parlant de Dieu : « Il comble de biens les affamés. »
Donc aujourd’hui, il est abondamment question de nourriture…
1/ Pour commencer, nous pourrions faire un tour d’horizon sur ce qui nourrit l’homme, la femme, l’enfant, l’être humain d’aujourd’hui : ce qui nourrit c’est, bien sûr ce qui entre dans notre estomac, pour y être assimilé et ainsi donner force à notre corps : c’est la fonction de tout repas, le matin, le midi, le soir, le goûter aussi et puis ce que l’on grignote par habitude ou gourmandise. Dans la nourriture il y a le plaisir du bon goût.
Ce qui nourrit, ce n’est pas seulement ce qui est sur la table mais aussi ceux qui sont autour de la table : la famille réunie, les amis invités… soignons nos repas, leur contenu et leur bonne tenue : comme il est important pour des enfants et des jeunes de manger ensemble, avec les parents, les frères et leurs sœurs.
Dans trop de maisons ou d’appartements, on ne s’assied plus ensemble autour de la table ; chacun mange à son heure ; chacun mange ce qu’il aime… le repas n’a plus sa fonction de rassemblement, de rencontre, d’unité dans le foyer. C’est un vrai manque !
Ce qui nourrit c’est aussi tout ce que notre esprit capte dans une journée grâce à la lecture, aux informations reçues et partagées, à la rencontre des personnes dont le comportement nous fait réfléchir. Bref, se nourrir, c’est se régénérer, se donner les moyens de grandir. Se nourrir, c’est vivre.
2/ Mais à contrario ce qui nourrit trop souvent beaucoup de nos contemporains, c’est le besoin de consommer des biens matériels jusqu’à s’endetter « avoir toujours plus ; avoir pour être comme tout le monde » ;
c’est le problème, chez les jeunes, de s’habiller avec des marques pour être bien vu… la valeur d’une personne n’est pas dans ses vêtements… et en plus certains produits de marque, tellement en vogue, sont fabriqués par des enfants pauvres et exploités…
c’est aussi le danger des jeux de hasard et des sites internet : une vraie drogue pour certaines personnes ; c’est encore oublier la saveur des choses simples et ordinaires de la vie préférant zapper dans tous les domaines sans jamais trouver un équilibre de vie.
Bref, se nourrir ainsi, c’est vivre à moitié.
3/ C’est là que la Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à nourrir différemment notre vie… en nourrissant notre vie spirituelle.
La bible n’a jamais poussé à la consommation matérielle aveugle… elle invite, au contraire à vivre avec sagesse. La première lecture nous le disait : La sagesse proclame sur les hauteurs de la cité : « Venez à moi ! Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai apprêté ! Quittez votre folie et vous vivrez, suivez le chemin de l’intelligence ».
C’est net, clair et précis. Il y a des comportements qui sont folies, d’autres qui sont intelligence.
Ne nous trompons pas de chemin.
Toutes les composantes de notre vie intéressent Dieu et sont questionnées par les Ecritures : aujourd’hui c’est donc notre manière de nous nourrir, de nourrir notre vie tout entière.
Dans l’Evangile, le Christ, va encore plus loin… il nous dit qu’il est lui-même notre nourriture : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson ».
Manger la chair du Christ et boire son sang, cela veut dire recevoir tout de lui, se laisser nourrir réellement par toute sa vie :
= sa vie, c’est ce qu’il nous a laissé dans son message de l’Evangile, une Bonne Nouvelle comme du bon pain ;
= sa vie, c’est le comportement qu’il a eu avec ses contemporains et qui devrait nous habiter comme on assimile un aliment ;
= sa vie, c’est aujourd’hui l’Esprit qu’il nous a laissé depuis la Pentecôte et qui féconde nos vies depuis notre baptême et notre confirmation comme la meilleure des boissons. Son Esprit nous rend heureux de croire et nous désaltère dans notre marche de témoins du Christ.
La chair et le sang du Christ nous sont bien sûr donnés de façon réelle et sacramentelle, en Eglise, lors de la communion, à chaque eucharistie, chaque dimanche.
« Prenez et mangez en tous, ceci est mon corps livré pour vous !
« Prenez et buvez en tous car ceci est la coupe de mon sang !
A la messe on fait provision de nourritures spirituelles pour vivre différemment dans la semaine.
Et nous rejoignons là la mise en garde de St Paul aux chrétiens d’Ephèse : « Frères prenez bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages. Ne soyez donc pas insensés. Ne vous enivrez pas de vin, car il porte à l’inconduite. Soyez plutôt remplis de l’Esprit Saint ».
En conclusion, n’oublions pas que la dimension spirituelle de nos vies a besoin de nourriture autant que notre corps.
Ce qui nourrit notre être en profondeur, c’est le Christ qui se donne tout entier à nous.
Donnons-nous tout entier à lui !
AMEN.