3ème DIMANCHE DE CAREME B
Voilà un passage d’évangile où « ça déménage » comme on dirait aujourd’hui : et c’est Jésus qui fait ce ramdam… et à coup de fouet, s’il vous plaît. Tout est mis par terre, les étalages des marchands de bétail, la monnaie des changeurs…
Dans ce grand Temple sacré de Jérusalem, Jésus, en fait, pose un signe prophétique ; ce n’est pas un coup de sang, une colère de capricieux… mais bien un geste de prophète.
= « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
C’est la première explication de Jésus.
Elle est profondément ancrée dans la foi et la culture de son temps, dans la religion juive, qui mettait en garde contre les idoles, les faux dieux…
Rappelez-vous ce qu’avait fait déjà Moïse durant la traversée du désert avec son peuple : alors qu’il descendait de la montagne avec les tables de la loi, les 10 commandements écrits sur la pierre, il s’aperçut que dans la plaine le peuple s’était fabriqué un veau d’or, une idole, un faux dieu : et Moïse alors dans un geste de grande violence avait brisé les tables de la loi.
Oui, les prophètes nous obligent toujours à démasquent nos idoles quitte à nous heurter par leurs actes ou leur discours ; pour nous montrer qu’on ne doit adorer que Dieu seul.
Et on comprend que Jésus adopte la même attitude dans ce Temple livré à l’argent, au trafic… ce lieu de culte devenu opaque, trouble… un vrai lieu de culte doit, au contraire, être un lieu de proximité avec Dieu ; non, on n’achète pas ses bonnes grâces en lui offrant des sacrifices… et surtout on n’enferme Dieu dans aucun lieu, aucune théorie même théologique… Dieu reste Dieu ; aucune église, aucun clergé ne doit limiter son action… Dieu agit partout par son Esprit ; dans l’Eglise et dans le monde entier.
Mais en même temps, nos églises, comme notre liturgie doivent rendre gloire au Seigneur seul, et non pas à nos manières à notre pouvoir et notre avoir. Elles doivent être respectées pour Dieu et pour la Communauté que Dieu aime.
« L’amour de ma maison fera mon tourment ! »
= Ensuite, Jésus s’expliquer sur son attitude bien virile dans le Temple ; il délivre alors un enseignement inattendu, et d’une ouverture incroyable.
Ecoutez-le dire à tous ces marchands du temple, et à nous aujourd’hui :
« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai ».
On se moquait de lui… c’est impossible !
Mais tout sera révélé à la résurrection de Jésus.
Car plus tard aussi il montera à Jérusalem, et là c’est un autre Temple qui sera détruit, c’est le Temple de son Corps écartelé sur la croix. La mort fera son œuvre de destruction.
Mais ce Corps sera relevé, ressuscité.
Oui, Jésus, au Temple, prophétise sur lui-même, seul Temple sacré, seul médiateur entre Dieu et les hommes.
Et c’est là notre foi de chrétien… nous croyons en Dieu par Jésus !
Ainsi tout édifice religieux, comme notre église ici, nous rappelle que nous nous rassemblons avec le Christ, invités par lui, c’est lui qui est donné en sacrifice à chaque eucharistie, c’est lui qui nous donne sa Parole et son Corps Livré-Ressuscité. C’est aussi lui le seul prêtre, dont nous sommes, nous, vos prêtres une frêle image.
= Et par conséquent, voici le troisième enseignement de cet évangile :
Nous sommes tous les pierres vivantes du Temple de Jésus, nous sommes le Temple de son Esprit.
Nous tenons debout car nous sommes fondés en Christ.
Ainsi, ce n’est pas seulement le corps ressuscité de Jésus qui est le nouveau temple, mais le corps de chaque baptisé. En recevant le corps de Jésus à la communion eucharistique, je deviens son corps qui est un sanctuaire.
Voilà jusqu’où se fonde l’éminente dignité de chacun d’entre nous ; et de notre communauté.
Seigneur, nous te prions : " pour guider nos actes et nos cœurs, tu nous invites à regarder ton corps crucifié, Temple détruite et ressuscité présent dans l’Eucharistie… c’est notre regard de foi du Carême jusqu’à Pâques."
Amen.