QUATRIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B
Bien souvent dans nos vies, nos paroles vont plus vite que nos actes.
On parle, on fait des réunions, on promet ; et puis le temps passe et souvent il n’y a pas de suite.
D’autres fois, on fait tellement trainer les mises en œuvre que l’on épuise les gens par des délais interminables.
Bref, effectivement, entre paroles et actes il y a parfois un fossé, voire un abime.
Il n’en est rien pour Dieu…
Dès la création, sa parole fait ce qu’elle dit.
Le psaume 33 nous le rappelle : « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l'univers, par le souffle de sa bouche.
Il parla, et ce qu'il dit exista ; il commanda, et ce qu'il dit survint. »
Plus tard Dieu parle à Moïse et au peuple d’Israël ; sa parole est une promesse et une promesse qui se réalisera. « Je ferai lever au milieu de mes frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles. »
Nous savons, nous, que ce prophète annoncé par Dieu c’est Jésus… et tout au long de l’histoire du peuple hébreu, après Moïse, des prophètes ont redit au peuple de se préparer à accueillir « le » prophète annoncé.
En Jésus s’accomplit la promesse de Dieu. La Parole de Dieu est maintenant parmi les hommes en la personne de son propre Fils qui est aussi le fils de Marie ; Jésus est la promesse faite chair ; en Jésus, Dieu a tenu sa parole ; il donne la parole humaine à son Fils pour qu’il nous parle et que sa parole soit agissante.
Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Bien plus qu’un prophète donc ; même si d’autres religions n’ont vu en lui qu’un prophète comme tant d’autres ; ainsi de la religion juive et de la religion musulmane.
Ils découvriront peut-être un jour que Jésus est le Fils de Dieu.
Donc Jésus est l’homme le plus accompli qui fait toujours concorder sa parole et son action.
Dans l’évangile de ce dimanche, sa parole est forte, comme un coup de bistouri quand il dit à l’esprit impur : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »
Et aussitôt l’esprit quitte le possédé qui en est délivré.
L’esprit impur lui aussi avait parlé ; il avait dit : « Que nous veux-tu Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
Etonnant que cet esprit mauvais puisse parler ainsi… mais il est tellement rusé qu’il semble vouloir amadouer Jésus.
Or sa parole n’a aucun poids face à celle de Jésus qui le renvoie aux 22. On ne discute pas avec le diable : dit souvent notre pape. On lui oppose la vérité.
Alors il perd la parole et ne peut que pousser un grand cri en disparaissant, laissant enfin cet homme dans la paix.
Devant ce spectacle, la foule n’est pas dupe. Elle reconnaît la supériorité de Jésus sur tous les autres chefs religieux bien connus.
Cette foule en témoigne ainsi : « Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ».
Car cette foule avait l’habitude d’entendre les scribes et les pharisiens donner leur enseignement ; et cela leur semblait creux, et pour le moins le discours de ces beaux parleurs ne concordait pas avec leurs attitudes, leur façon de vivre.
Jésus lui-même avaient mis en garde la foule au sujet de ces hommes : « Ils disent et ne font pas ».
Nous aussi, je vous le disais au début, nous avons du mal à faire coïncider nos paroles et nos actes…
C’est ce que nous pouvons donc retenir aujourd’hui des lectures de cette messe. Car être chrétien c’est suivre les pas du Christ, mettre nos pas dans les siens. En nous laissant travailler par lui, nous pouvons devenir vraiment ses filles et ses fils dans toutes les dimensions de notre vie.
Comme le disait St Paul en finale de notre deuxième lecture : « Soyez attachés au Seigneur sans partage ».
Être attachés à lui c’est dire et faire comme lui, sans nous laisser égarer ou disperser.
Dans une de ses homélies matinales à la maison Ste Marthe, le pape François a donné cet enseignement sur la cohérence entre le dire et le faire :
« Combien de parents se disent catholiques mais n’ont pas le temps de parler à leurs enfants, de jouer avec leurs enfants, d’écouter leurs enfants ».
Mais ils répètent : « Je suis très catholique, hein ! J’appartiens à telle association... ». Cette attitude est typique de la « religion du dire : je dis que je suis ainsi, mais je pratique la mondanité ».
« Dire et ne pas faire est une tromperie ». Et c’est « une tromperie qui nous conduit précisément à l’hypocrisie ». Par conséquent, « la miséricorde du Seigneur réside dans l’action ». Si bien qu’à « ceux qui frappent à la porte et disent : “Mais, Seigneur, te rappelles-tu, j’ai dit...” », il répond : « Je ne te connais pas ! ». En revanche, à ceux « qui font », il dit : « Tu es pécheur comme l’écarlate, comme neige tu blanchiras ».
Voilà ce qu’« être chrétien signifie : faire la volonté de Dieu ». Et « le dernier jour — car nous en aurons tous un — que nous demandera le Seigneur ? Il nous demandera « les choses concrètes : “J’étais affamé et tu m’as donné à manger ; j’étais malade et tu m’as rendu visite” »… Car « telle est la vie chrétienne ». En revanche, « dire tout court nous conduit à la vanité, au fait de faire semblant d’être chrétien. Mais non, on n’est pas chrétien ainsi ! ».
Que chacun de nous, et moi le premier, fassions révision de notre vie : « est-ce que mes paroles engagent vraiment ma vie ? Est-ce que ma foi prend corps dans mon quotidien ? »
Amen