QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME C
Depuis hier soir, nous avons vécu « 24 heures pour le Seigneur » à la demande du pape François.
Nous étions ainsi en communion avec les paroisses de notre Doyenné, de notre Diocèse et du monde entier, qui, comme nous, ont proposé à tous de découvrir la beauté de miséricorde de Dieu.
Je tiens à remercier l’équipe de préparation qui, sous la houlette de Rémi, a assuré une présence accueillante et fraternelle dans notre église.
Par le parcours « à la carte » qui vous était proposé, vous avez pu mieux contempler le mystère de la Miséricorde de Dieu.
Beaucoup d’entre vous ont aussi reçu le pardon dans le sacrement de la pénitence-réconciliation.
Comme en point d’orgue de ces heures pour le Seigneur, nous célébrons maintenant la messe, l’eucharistie, que le pape appelle « l’instrument de la miséricorde de Dieu ».
Et nous venons d’écouter le Seigneur dans son Evangile qui, par cette parabole magnifique, nous révèle le visage de la miséricorde qui n’est autre que son visage de Fils révélant l’amour et le pardon de son Père et de notre Père à tous.
On l’appelle communément « la parabole du fils prodigue » ; pourtant, cet évangile devrait s'intituler "la parabole du père prodigue", car il se dépense sans compter pour ses enfants : il leur prodigue tout son amour.
Face à ces deux enfants rebelles, la parabole dessine l'étonnant portrait du père qui est le personnage principal : Jésus révèle ici le visage de Dieu, un Dieu passionné d'amour pour ses enfants :
-Vis-à-vis du fils cadet, ni reproche acerbe, ni rejet. Aux gestes d'accueil viennent s’en ajouter d'autres d’un amour et d’une joie inouïs : un beau vêtement, une bague, des sandales et un repas de fête !
Des largesses que beaucoup trouveraient exagérés, mais qui expriment justement la générosité extrême de Dieu à l'égard des pécheurs, bien loin de nos calculs mesquins.
-Pour le fils aîné, le père renouvelle les démarches gratuites et émouvantes d'une tendresse communicative : il sort à sa rencontre, il lui rappelle ses prérogatives de fils, il le supplie d'entrer et l'invite à partager sa joie et celle de son frère.
Dieu est ce Père de tendresse. Nous sommes aimés, attendus, accueillis et pardonnés. Telle est la Bonne Nouvelle essentielle pour notre foi.
Il est clair que les deux fils, l'un parti mais revenu, l'autre resté à la maison mais refusant d’entrer, représentent schématiquement les deux faces de notre péché, notre double visage.
Il serait faux de vouloir nous classer et de classer les autres d'un côté ou de l'autre.
Nous sommes le fils cadet avec nos infidélités, le peu de cas que nous faisons de la foi de notre baptême. Nous sommes comme les frères jumeaux de ce fils avec nos instincts jouisseurs et nos folies passagères ou chroniques.
Notre péché est toujours quelque part une sorte de fugue de la maison de Dieu.
Nous sommes en même temps le fils aîné avec la suffisance orgueilleuse de nous considérer meilleur que les autres.
Nous sommes ses jumeaux par nos jalousies, nos jugements sans appel, nos réflexes de propriétaires et nos rancunes.
Il y a en chacun de nous une part de misère cachée d'obscurité, de révolte et de faiblesse.
On ne peut être un bon fils de Dieu, si on n'est pas un bon frère pour les autres.
Cherchons à revêtir notre Eglise, notre paroisse, notre société du « manteau de la Miséricorde ».
Nos divisions gèlent nos relations et nos cœurs, nos divisions glacent notre foi et notre témoignage, nos divisions sont une injure à la chaleur du cœur de Dieu.
Oui, revêtons le « manteau de la Miséricorde » sans tarder, sans retour, par amour.
Nous y arriverons si nous devenons capables de regarder nos frères avec des yeux nouveaux en fixant notre regard sur le Seigneur. Amen.