MERCREDI DES CENDRES 2017
Allez ! C’est parti pour 40 jours ! Nous lançons le Carême ce soir, comme on lancerait une pelote sur le fronton ; avec force et joie pour gagner cette partie de notre vie qu’est la conversion du cœur… pour notre bonheur avec Dieu et avec nos frères et sœurs.
= Et ce fronton, c’est un peu Dieu, qui nous renvoie la balle chaque fois que nous voulons le toucher… il nous dit par le prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur… Déchirez votre cœur… et revenez au Seigneur qui est tendre, lent à la colère et plein d’amour ».
Alors à la volée ou après le rebond, saisissons ce que nous renvoie le Seigneur : oui, revenons à lui !
= Dieu nous renvoie la balle encore avec St Paul qui disait à sa communauté : par nous, c’est Dieu lui-même qui lance (pas une balle) un appel : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu… Le voici maintenant le moment favorable ».
Là c’est à la volée que l’on ramène : pas de temps à perdre. C’est maintenant ! C’est le moment !
= Dieu nous renvoie encore la balle par les paroles de Jésus ; là c’est une autre partie. C’est le Fils-même de Dieu qui s’adresse à nous… pour ne pas être falta, ou pour les francophones pour ne pas perdre le point, il faut toujours garder en soi cette règle d’or venant du cœur du Christ : « dans le secret »
Tu fais l’aumône, tu partages, et tu partageras encore mieux, très bien… mais que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Tu pries, tu prieras même mieux et davantage pendant ce Carême, bravo… mais retire-toi dans ta pièce la plus reculée, ferme ta porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
Tu jeûnes, tu te prives de nourriture, tu sais qu’il faut surtout se rassasier de la Parole de Dieu, parfait… mais que ton jeûne ne soit pas connu des hommes mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra.
Le « secret » dans nos résolutions de Carême, « le secret » dans ces efforts que nous ferons avec joie et en nous sentant reliés les uns aux autres… ce « secret » permet de laisser toute sa place à Dieu au plus intime de nous-mêmes. Au contraire, rompre ce « secret » dans nos résolutions, serait un culte à nous-mêmes et à nos bonnes actions.
Car le Carême est résolument un temps de foi, un temps religieux… et pas seulement un temps de générosité, de zénitude et de sveltesse ; le Carême est cet affrontement avec Dieu, certains disent ce « combat spirituel » non pas pour nous casser la tête contre lui mais pour atteindre son cœur plein d’amour et de miséricorde… le cœur de Dieu-Père, notre Père. « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra »
Alors nos cœurs seront transformés par le sien ; et nous serons capables d’aimer, d’aimer les autres (l’aumône) d’aimer Dieu (la prière) de nous aimer (le jeûne).
Et voilà un signe, ce soir, qui inaugure chaque année le Carême : c’est le signe de la cendre qui, sur nos fronts, symbolisera cette rencontre vigoureuse avec Dieu… comme si notre heurt contre lui, avait embrasé nos raideurs et nos péchés pour en laisser ces quelques cendres… ce rien du tout qui, au souffle de son Esprit, s’envolera et laissera apparaîtra le meilleur de nous-même, le plus beau de notre foi vécue, notre visage de sauvés.
En ce lendemain de mardi gras et de Carnaval très spectaculaire surtout dans la tradition basque, notre célébration ici est, au contraire, sobre, calme, dans la joie intérieure ; elle nous invite à découvrir Dieu dans le secret de notre engagement humain et spirituel ; à nous laisser réorienter par lui quitte à nous heurter au fronton de sa Parole :
« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ! »
Amen