12ème dimanche du temps ordinaire A
Combien de fois n’ai-je pas entendu mes neveux, quand ils étaient tout petits dire à leur maman : “J’ai peur !” plus précisément : « a peur ! ».
Durant leur adolescence, mais là de façon moins exprimée du moins à la maison, ils abordaient leur avenir avec une certaine crainte : peur de grandir alors que leur corps changeait et que leur cœur commençait à connaître l‘amour, peur de franchir le cap du lycée et de la grande ville, peur devant une orientation d’études ou de profession qu’il ne faut pas louper,
Nous-mêmes, adultes, nous avons encore nos peurs au ventre pour nos proches, nos enfants, mais aussi pour la transmission de la foi qui se fait aujourd’hui plus fragile qu’à une époque. Peur aussi parce que nous sommes moins nombreux qu’avant à croire au Christ et parce que d’autres religions mais aussi l’indifférence semblent nous menacer.
Nous avons également peur de ce que deviendra notre monde, quelle Europe ? quel développement pour les peuples les plus pauvres ? quel équilibre écologique pour notre planète...
Comme s’il avait déjà entendu et pressenti toutes nos peurs, le Christ Jésus, tout comme il y a plus de 2000 ans, nous adresse des mots à l’opposé de la peur : des mots de confiance : et par trois fois aujourd’hui il nous dit :
“Ne craignez pas !”
Saint Jean-Paul II le disait régulièrement, “N’ayez pas peur, ouvrez toutes grandes les portes au Christ”... et son successeur Benoît XVI reprend ces mots : “N’ayez pas peur du Christ, il donne tout”.
Et notre bien-aimé pape François disait récemment : « Ne craignez pas la bonté » et un autre jour : « Ne craignez pas de vous jeter dans les bras de Dieu : quelle que soit la chose qu’il vous demande, il vous la rendra au centuple. »
“Ne craignez pas !”
Au temps de Jésus, il n’était pas plus facile et évident de vivre et de croire. Suivons cela en trois étapes :
- Tout d’abord, il n’était pas facile de proclamer Jésus.
En effet, on attendait un Messie guerrier qui allait faire le tri entre les purs et les impurs et qui allait libérer le pays de l’occupant romain.
Or la vie concrète et le message de Jésus étaient tout autre. Il venait simplement à la rencontre de tout être humain, pour l’écouter, le guérir, lui dire l’amour de Dieu, lui donner le salut ; sans s’imposer, en se proposant.
Les disciples de Jésus devaient proclamer un tel Messie, doux et humble de cœur, plein d’amour et de pardon, frère de tous parce que tous fils et filles de Dieu.
Cette proclamation, que l’on appelle la Bonne Nouvelle, avait du mal à atteindre les cœurs.
Jésus dit aux 12 apôtres qu’il envoie en mission : “Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé ; ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en plein lumière”.
Habités par cette promesse, les apôtres partent en mission proclamer ouvertement le Christ et le Royaume de Dieu.
Nous aussi, malgré l’incompréhension, gardons au cœur le souvenir de ces mots du Christ : “Ne craignez pas les hommes”. Malgré les critiques et les moqueries -même entre enfants et adolescents- restons toujours fixés au roc de la foi ; à la pierre angulaire qu’est le Christ. Et avec simplicité -mais assurance- témoignons par toute notre vie de celui qui nous fait vivre, le Christ.
- Ensuite, les douze apôtres savaient que leur vie était menacée ; comme le Christ ils allaient devoir verser leur sang pour leur foi.
Toute l’histoire de l’Église nous montre des martyrs, des témoins jusqu’au sang. Ils sont restés fidèles malgré la peur... parce qu’ils ont pris pour eux cet autre encouragement du Christ dans l’évangile de ce jour : “Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme”.
Aujourd’hui encore des chrétiens sont persécutés et tués... on en parle peu ; mais ils sont nos frères et sœurs ; membres comme nous de la même Église.
Et nous, irions-nous jusqu’à mourir pour ne pas renier notre foi ?
- Alors le Christ par deux images assez humoristiques révèle à ses douze apôtres combien ils sont précieux aux yeux de Dieu.
Pour leur dire que malgré la difficulté du témoignage, malgré la persécution, ils sont sacrés, sauvés par Dieu, à jamais participants à la vie et à la gloire du ressuscité.
“Quant à vous, même vos cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte, vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux”.
Rien de nous ne sera détruit totalement : c’est l’image des cheveux. Notre valeur dépasse largement tout ce qui peut exister sur la terre. Et là vous me permettrez en tant qu’ancien jociste et aumônier de la JOC de vous rappeler cette magnifique maxime de l’abbé Joseph CARDJIN, fondateur de la JOC : “Un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde parce qu’il est fils de Dieu”.
Oui, nous valons plus que tout l’or ; le plus petit, le plus ordinaire des hommes, le pauvre autant que le riche, celui qui a du mal à poursuivre ses études autant que l’intellectuel, tous fils et filles de Dieu, nous sommes ses bien-aimés ! Rien ne pourra nous détruire ; nous sommes faits pour la vie éternelle et le bonheur sans fin.
Alors, non, n’ayons pas peur ; avançons dans la vie et dans la foi, la main dans celle du Christ, sous le regard de Dieu.
Amen.