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Paroles du curé
Homélie du 4ème dimanche de Pâques
Homélie du 4ème dimanche de Pâques
© ND de la Bidassoa

| LAVIGNE 889 mots

Homélie du 4ème dimanche de Pâques

QUATRIEME DIMANCHE DE PAQUES   C

 

          Si je vous dis (dans l’esprit du petit prince) : « Dessine-moi un berger ! » ce sera plus difficile que de dessiner un mouton ! Il faut faire non seulement un bonhomme et un mouton mais beaucoup de moutons. Pas de berger sans beaucoup de moutons. C'est une vocation qui exige de donner sa vie pour ses brebis, jour et nuit, pour protéger le troupeau, le mener aux bons pâturages… oui, c’est du travail.

 

Jésus a utilisé cette image du berger pour se désigner, dire son identité, dire surtout sa relation aux hommes et aux femmes de tous les temps : pas de Jésus sans brebis c'est-à-dire sans disciples, sans humanité.

 

Bien sûr nous savons que tôt ou tard le berger tond ses moutons et finit par les vendre ou les tuer pour leur viande !

Jésus, lui, ne veut pas notre mort, au contraire il dit : « [Mes brebis] je leur donne la vie éternelle, jamais elles ne périront ».

 

De même, dans la Bible avoir un troupeau de mouton c'est un signe de richesse, mais après l'histoire de Panurge, être traité de moutons n'est pas enviable.

Jésus corrige cette impression car il nous parle de la relation qui existe ou qu'il souhaite entre lui et nous avec les verbes « écouter », « connaître », « suivre », « donner », des verbes fréquents chez St Jean et qui vont toujours avec la liberté.

Jésus s'est solidarisé avec nous pour nous donner la vie éternelle.

 

Cette « vie éternelle » nous fait découvrir le deuxième aspect de l'identité de Jésus : sa relation à Dieu le Père.

 

          Avant le Concile Vatican II, le catéchisme et la prédication courante, les chants religieux aussi véhiculaient l'image d'un Dieu Père méchant, en tous cas très en colère envers l'humanité. Et même qui envoie son Fils au sacrifice pour calmer sa colère. Non ! Quelle erreur. La relation entre Dieu et son Père exprime un même bon vouloir.

 

          Pour illustrer l’intention toujours commune entre Père et Fils y a-t-il un dessin possible ? C'est plus difficile que de dessiner un berger !  

          Cependant un mot répété dans l'évangile de ce jour peut nous donner une piste : la main. « Rien ne pourra nous arracher de la main de Jésus… ni de la main du Père ».

La main symbolise l'action, la protection aussi. On peut penser aux mosaïques des anciennes basiliques qui représentent le Père simplement par une main tendue vers le Fils, une main venue d'en haut. Ou bien la main de Jésus dans l'icône de la descente aux enfers qui va saisir Adam et Eve, c’est-à-dire toute l'humanité qui se trouve dans le séjour des morts.

          La main est à la fois celle du Père et celle du Fils qui veulent la même chose : nous donner la vie, leur vie, éternelle, divine. « Je suis dans le Père et le Père est en moi » avait dit Jésus.

 

          Cette page d’évangile est bien pour aujourd’hui : oui, aujourd'hui, des «brebis », des disciples de Jésus, des hommes, des  femmes, des jeunes, des enfants sont attirés par le «vrai berger », ils adhèrent à lui de tout leur être et librement, comme ayant perçu en lui l'appel au bonheur absolu mais exigeant aussi.

 

          Savons-nous nous étonner de voir des gens qui ont la foi aujourd'hui. Non pas une foi purement décorative et conformiste mais une foi vivante.

          Avoir reconnu la voix de Jésus au milieu de tous les bruits de ce monde – et il y en a ! – ce n'est déjà pas si mal. Mais il ne suffit pas d'avoir entendu des appels, encore faut-il y répondre.

          Après avoir « entendu », il faut « suivre » Jésus dans une communion de vie, de pauvreté, de partage voire de mobilité joyeuse.

 

          Un des grands dangers du Christianisme est de le réduire à un message, message de fraternité universelle. C’est très beau mais si on oublie la voix de celui qui parle, si nous ne l'entendons plus, nous ne sommes plus en relation avec le berger !

 

Ce dimanche est le dimanche où on prie pour les vocations. Nous ne prions pas seulement ni d'abord pour essayer de pallier aux manques de diacres, de prêtres, religieux, religieuses, laïcs actifs dont l'Eglise a besoin. Plus profondément, encore, nous prions pour que l'humanité entière s'ouvre à la vocation qui lui est transmise par Jésus.

Quelle est cette vocation universelle ? Tout homme est appelé à participer, dès maintenant, à la vie divine.

 

          A travers l’évangile pourtant très court de ce dimanche, nous atteignons le sommet de la Révélation dans l'Évangile.

 

          Jésus nous dit qu'il est bien plus qu'un berger national. Mais qu’il est le Fils, l'égal de Dieu qui nous donne la vie éternelle, non pas seulement après la mort mais aujourd’hui. Telle est notre foi qui fait de nous des fils de Dieu et des frères de Jésus Christ.

 

          C’est de la rencontre avec le Christ Bon Pasteur que naitra la vocation à laquelle toute l’humanité est appelée ; et de là naîtront les vocations spécifiques dans une Eglise pour le monde.

 

                                                           Amen

 

 

 

 

 

 

 

 

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