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Paroles du curé
Homélie du 31e dimanche ordinaire - année C
Homélie du 31e dimanche ordinaire - année C

| Jean-Marc Lavigne 904 mots

Homélie du 31e dimanche ordinaire - année C

"... curieux, il veut voir Jésus, mais il grimpe à un arbre feuillu, pour échapper au regard de la foule. "

Au dire des historiens, Jéricho est le symbole de notre vieille humanité. C’est l'une des villes les plus anciennes au monde. Construite dans une oasis au milieu du désert, elle a été habitée sans interruption depuis plus de huit mille ans. 

Quand Abraham y passait en nomade avec ses troupeaux, vers 1.800 avant J. C., c'était déjà une ville qui existait depuis quatre millénaires. 

Jéricho est une sorte d'anomalie dans la géographie de la planète. C’est en effet la ville la plus basse de la terre, à 300 mètres au-dessous du niveau de la mer !

Dans l’épisode d’aujourd’hui, Jésus traverse Jéricho, avant de prendre le chemin qui monte vers Jérusalem. En entrant dans la ville, il guérit un aveugle (Luc 18, 35-43) et, à la suite de ce miracle, tout le monde cherche à voir le « prophète », y compris Zachée, le riche publicain. D’abord, il est peut-être complexé parce que petit de taille, et ensuite, sa curiosité par rapport à Jésus peut trahir un malaise : ce que Zachée entend dire de lui le surprend et le dérange. Ce Jésus qui exalte le bonheur des pauvres, et qui déclare malheureux les riches, qui est-il ? Peut-être a-t-il raison ? Peut-être alors, lui, Zachée le riche, est-il à plaindre ? Curieux, il veut voir Jésus, mais il grimpe à un arbre feuillu, pour échapper au regard de la foule. 

         Car à cause de son travail de collecteur d’impôts à la solde des Romains, Zachée est considéré « un pécheur par métier ». Il est « excommunié » et rejeté par ses compatriotes. C’est un requin de la finance que tout le monde déteste. Il exploite et opprime les pauvres gens ! Il fait d'énormes profits en affamant les pauvres, étale sa richesse et son luxe dans la villa la plus riche de la ville.

Jésus surprend tout le monde en s’invitant chez lui. Au cours de cette visite, Zachée révèle un bon côté que personne ne soupçonnait chez lui : il est généreux et a le sens de la justice. En voyant ce bon côté, Jésus s’exclame : « Lui aussi est un fils d’Abraham ». 

         En s’invitant chez Zachée, Jésus ne parle pas de conversion, de changement de métier, de partage de fortune. Le Seigneur dit simplement qu’il désire visiter cet homme rejeté par les autres. Zachée retrouve alors sa dignité d’être humain et descend de son arbre pour « recevoir Jésus avec joie ».

         Le Christ a voulu habiter parmi nous afin de partager notre condition humaine. Comme il le dit lui-même, il est venu non pas seulement pour les justes, qui ne croient pas avoir besoin de sauveur, mais surtout pour les pécheurs et pour ceux et celles qui ont été blessés par la vie.

         Nous avons tendance à penser que pour nous rapprocher de Dieu, il faut d’abord nous convertir, changer notre façon de vivre, revenir sur le bon chemin. Une fois ce « retournement » accompli Dieu nous ouvre sa porte. 

         L’évangile affirme que c’est l’ordre inverse que Dieu a choisi : Jésus s’invite chez Zachée, lui démontrant tout le respect qu’il a pour lui, et alors ce pécheur de profession se repend : « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je vais lui rendre quatre fois plus.»

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Ce n’est pas la conversion qui nous permet de recevoir la grâce de Dieu. C’est Dieu qui frappe à notre porte et nous offre sa grâce gratuitement. Nous retrouvons cette belle réalité dans le livre de l’Apocalypse : « Voici que je suis à la porte et frappe. Si quelqu’un écoute ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui. » 

C’est son amour pour nous qui nous est d’abord offert et la conversion est le résultat de cet amour reçu et accepté. 

         Ce bel épisode de la visite de Jésus chez Zachée offre plusieurs éléments à notre réflexion chrétienne.

= En premier lieu, Jésus nous rappelle que lorsque nous jugeons les autres, nous avons tendance à ne voir que l’aspect négatif de leur conduite et nous sommes aveugles à ce qu’il y a de bon chez eux. Jésus fait ressortir ce qu’il y a de meilleur chez Zachée, comme il l’a fait chez Marie Madeleine, la samaritaine, Nicodème, la femme adultère, la pécheresse chez Simon le pharisien, le bon larron, Pierre et les autres apôtres. Le Seigneur voit plus loin que nos faiblesses, nos lacunes et nos péchés. Il voit ce que nous pouvons devenir. Ce n’est pas le passé qui l’intéresse mais l’avenir.

= Jésus nous invite ensuite nous aussi à descendre de notre arbre, car il veut venir chez-nous. Comme Zachée, nous avons tendance à juger le monde de haut, de notre lieu d’observation. Nous savons toujours très bien ce que les autres doivent faire : la famille, les voisins, les politiciens, les professeurs, les prêtres, les bénévoles… Le Seigneur nous invite ce matin à quitter notre lieu d’observation pour entrer chez nous avec lui. Là nous serons en mesure de mieux évaluer notre propre comportement. Nous verrons ce qui ne fonctionne pas bien dans notre vie, et nous serons moins tentés de juger et de condamner les autres.

Jésus nous offre aujourd’hui son amitié, comme il l’a offerte à Zachée dans la ville de Jéricho : « Descends vite, car j’aimerais aujourd’hui demeurer chez toi. »

          N’est-ce pas cela communier, le recevoir chez nous, en nous ?

                                                                     Amen

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