30ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A
Dans l’Évangile de ce dimanche, nous sommes placés devant le Christ qui nous commande d’aimer Dieu et le prochain.
Par ce commandement le Christ se fait un mendiant de l’amour. Car c’est lui qui fait la synthèse entre Dieu et le prochain ; en lui Jésus Dieu fait homme il y a TOUT Dieu dans sa grandeur et il y a TOUT l’homme dans sa beauté.
Alors oui, si nous sommes ses disciples, si nous voulons suivre ses pas, nous devons toujours nous référer à lui ; nous comprendrons alors qu’on ne peut pas séparer Dieu et l’homme, l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Dans le récit de l’Évangile que nous offre la liturgie en ce dimanche, le Christ nous enseigne les deux aspects d’un même dynamisme du cœur et de la vie.
Jésus accomplit ainsi l’ancienne Révélation. Jésus réalise en lui-même et dans sa propre action de sauveur la synthèse vivante des deux grandes paroles de l’ancienne Alliance : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur … » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Avant de nous mettre devant le double commandement de l’amour, nous devons nous rendre compte combien nous sommes aimés, aimés par Dieu, chacun de nous, depuis le sein de notre mère, pendant toute notre vie et jusque dans la vie éternelle.
Si nous réalisons la grandeur, la beauté et la douceur de cet amour de Dieu, alors nous pourrons nous mettre devant ce double appel à aimer Dieu et le prochain.
Pour nous rendre compte de cet amour et en vivre nous devons, avant tout, être des hommes et femmes simples. Les simples, comme les enfants, sentent « d’instinct » qui les aime, ils croient en lui, et sont heureux quand il arrive – leur visage aussi se met à briller – et ils deviennent tristes quand il repart.
Ces gens simples, ces pauvres, écoutaient le Christ parce qu’ils comprenaient qu’il était venu spécialement pour eux, pour leur annoncer la bonne et heureuse nouvelle de l’Amour de Dieu. Personne n’avait parlé d’eux comme Lui. Personne ne leur avait montré autant d’amour.
Quand Jésus avait fini de parler ils remarquaient que les anciens, les pharisiens, les hommes qui avait le savoir et le pouvoir, secouaient la tête dans un geste de mauvais augure, et se levaient en faisant la moue, se lançant entre eux des regards moqueurs ou scandalisés, bredouillant leur désapprobation.
Mais personne ne riait, par peur des petits : les pauvres, les bergers, les paysans, les jardiniers, les menuisiers, les pêcheurs, les lépreux, en somme les laissés-pour-compte.
Ceux-ci ne pouvaient détacher leurs yeux de Jésus. Ils auraient voulu qu’il continue à parler. Car un soulagement de lumière venait de ses paroles sages et aimantes.
Dieu nous aime nous aussi, autant qu’il aimait ceux qu’il rencontrait il y a 2000 ans.
En nous laissant aimer par Lui, le Christ entre, dilate, élargit les parois de ce petit vase qui est chacun de nous. Nous sommes des êtres aimés qui deviennent des êtres épris du Christ.
Si donc nous aimons Dieu de toutes nos forces nous serons capables d’aimer vraiment notre prochain, car nous l’aimerons comme Dieu nous aime.
Pour cela il faut un idéal de vie qui nous est offert à tous par le Seigneur. Pas une vie qui tourne autour de l’argent et du confort, de la manipulation et du pouvoir, de nous-mêmes et de nos seuls intérêts.
Non. Mais il faut mettre notre idéal dans notre façon de traiter les personnes, dans notre façon de vivre l’affection, de concevoir la vie, de regarder les choses et les humains ; notre façon de vivre nos relations en famille, en paroisse, sur notre lieu de travail et de loisir.
Alors nous découvrirons les deux moteurs de cet idéal : la reconnaissance et la gratuité.
-Un cœur reconnaissant est toujours un cœur fidèle. Et la capacité à dire « merci » avec reconnaissance est signe d’une maturité chrétienne.
Il y a des moments dans la vie où l’on expérimente déjà ici-bas, sur terre, le « paradis », la vraie grandeur et beauté de l’être humain : c’est quand on se sent aimé par quelqu’un (maman, papa, fiancé /e, épouse, époux, enfant).
Une expérience telle d’amour, le vrai, celui du cœur, peut être comparé à un « avant-goût » du Paradis et la meilleure façon d’y goûter est de dire : « Merci », reconnaissant que nous ne nous construisons pas tout seul, que tout nous est donné.
-La reconnaissance déclenche alors en nous la gratuité : tu aimes sans penser à être aimé.
Dans la gratuité la relation humaine n’est pas caduque, car avec le Christ, en Jésus Christ, on n’est pas ensemble par intérêt, par calcul, par avantage personnel, mais par foi et par amour.
Certes, l’amour de Dieu est le plus grand et le premier : le primat de Dieu est affirmé sans hésitation. « Voilà le grand, le premier commandement » dit bien Jésus. L’amour du prochain vient après. Mais en disant que le second est « semblable » au premier, Jésus affirme le lien très étroit qui unit les deux commandements.
Certes, la mesure n’est pas la même : on aime Dieu « de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit ». On aime l’homme « comme soi-même ». La totalité n’appartient qu’au Seigneur : Lui seul doit être adoré.
Mais l’appartenance au Seigneur ne saurait être sans amour pour l’homme. Il ne s’agit pas de deux amours parallèles, mais tout simplement côte à côte. Et le second concrétise le premier.
Conclusion et résumé :
Nous sommes tous aimés par le Seigneur.
Par conséquence, nous sommes instamment invités à l’aimer et à aimer notre prochain. Comme les deux faces d’une même médaille.
Ce commandement de l’amour est nouveau parce qu’il est un don et non pas une loi.
Amen.