DEUXIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B
Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié
À la suite du Christ qui s’est lui-même identifié à l’étranger (Mt 25, 35 « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli »), l’Église a toujours eu le souci de celui que l’éloignement de sa terre natale fragilise.
En 1914, le pape Benoit XV a institué une Journée mondiale du migrant et du réfugié que chaque diocèse devait organiser à sa guise.
Saint Jean-Paul II a fixé cette Journée pour toute l’Eglise au deuxième dimanche du temps ordinaire en l’accompagnant chaque année de message très fort et engageant en matière d’accueil.
Le pape Benoit XVI a poursuivi dans la même ligne
ainsi que notre pape François qui, en créant le nouveau Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, a voulu qu’une section spéciale, placée sous son autorité directe, exprime la sollicitude de l’Église envers les migrants, les personnes déplacées, les réfugiés et les victimes de la traite.
Cette sollicitude, le pape Pie XII en 1952 l’exprimait ainsi : « Le Seigneur confie à l’amour maternel de l’Église tout être humain contraint à quitter sa propre patrie à la recherche d’un avenir meilleur. »
Cet amour maternel de l’Eglise c’est nous qui l’incarnons. C’est vous et moi unis à toute l’Eglise. Alors vérifions-le en nous laissant interpeler par l’Evangile de ce jour.
Le Christ Jésus, dans l’évangile, invite à rencontrer et non à se détourner.
En effet, ce jour-là, deux hommes le suivent.
Jésus aurait pu avoir peur, filer son chemin ; non il se retourne et leur parle par une simple question : « Que cherchez-vous ? »
Nous-mêmes, nous ressentons bien, parfois, que des personnes veulent s’approcher de nous pour nous rencontrer ; nous voyons bien aussi que des personnes venant d’autres pays s’approchent de nos frontières et voudraient nous suivre rêvant d’un monde meilleur chez nous.
Alors toute initiative d’accueil, d’écoute, de regard attentionné, donne corps et sang à la question de Jésus à tout homme hier comme aujourd’hui : « Que cherchez-vous ? »
Il nous faut, nous aussi, adopter cette attitude : nous retourner, quitter un instant nos habituelles façons de penser, quitter nos peurs de l’étranger… Apprenons à nous arrêter, à nous décentrer de nous-mêmes, apprenons à nous laisser bousculer par l’inattendu de la rencontre, et de la rencontre de l’autre différent.
Puis ces deux hommes posent à leur tour une question à Jésus :
« Où demeures-tu ? »
et sa réponse devient invitation, discrète, respectueuse : « Venez, et vous verrez ».
« Où demeures-tu ? »
C’est la question récurrente que nous posent aujourd’hui les migrants et réfugiés en situation difficile voire irrégulière…
Souvent ils ne peuvent plus demeurer chez eux ayant dû fuir leur pays où sévit injustice et guerre ; et ils nous demandent, à nous, les pays dits riches : « Où demeures-tu ? » autrement dit : « Est-ce qu’il fait bon vivre chez toi ? Est-ce que je peux vivre auprès de toi ? »
Mes amis, soyons de ceux qui oseront dire : « Venez, et vous verrez ! »
Il y a un rendez-vous avec l’humanité que nous ne devons pas manquer ; des personnes que nous ne devons pas ignorer ; des frères qui nous sont donnés.
« Venez et vous verrez ! » pour grandir ensemble en humanité, en réciprocité, chacun donnant, chacun recevant.
Nous devons regarder avec gratitude tout ce qui est mis en œuvre aujourd’hui pour organiser l’accueil de tous dans notre pays. A ce propos 26 associations viennent de saisir le Conseil d’Etat pour que ne soit pas remis en cause l’hébergement d’urgence pour tous.
Ici, à Hendaye, l’Association Esku Zabal, a permis un accueil de qualité à deux familles syriennes. Cette association est formée de chrétiens et d’autres personnes notamment de la Mairie et des services ad hoc en matière d’aide sociale.
L’évangile continue ainsi : ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui (Jésus) ce jour-là.
Quand l’autre reste chez nous, il se produit un échange fort enrichissant, si du moins nous respectons la culture et les rythmes de l’autre et que l’autre aussi nous respecte ; il se produit un enrichissement réciproque, une joie de vivre ensemble ; une ouverture qui vaut toutes les richesses.
Quand l’autre reste chez nous, il nous parle aussi, un jour, de sa foi… et, s’il est chrétien, il doit pouvoir rencontrer le Christ, une communauté de croyants, une paroisse, un mouvement d’Eglise ; comme André qui amène son frères, Simon-Pierre, à la rencontre de Jésus : « Nous avons trouvé le Messie… le Christ »
S’il n’est pas chrétien, il a le droit de pratiquer sa religion dans un lieu de culte décent et d’y éduquer ses enfants comme nous aimons nous-mêmes le faire.
Quand l’autre reste chez nous, il nous parle enfin de son pays, là-bas, qui continue à vivre, parfois à survivre. Il y a tant de choses à améliorer dans tant de
pays pauvres pour que les populations y vivent décemment et ne soient pas obligées de migrer au risque de leur vie et des expulsions.
Que cette journée nous maintienne encore mieux à l’écoute des appels de Dieu pour notre monde, pour notre terre, pour les migrants… que nous disions chaque jour à notre Dieu, dans notre prière, comme le jeune Samuel :
« Parle, ton serviteur écoute ! »
Amen