26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
Le riche et le pauvre Lazare. Encore une image un peu facile entre un gros mauvais riche, dans le bonheur ; et un pauvre maigre, dans le malheur.
Ce riche, finalement, il n’est pas si mauvais. Il n’a pas chassé Lazare loin de lui, comme ces municipalités qui rejettent les migrants… Il n’a rien refusé à ce pauvre qui ne lui a d’ailleurs rien demandé. Il n’a rien fait de mal : « Qu’est-ce qu’on peut faire. Ce n’est pas mon problème… ! »
Justement, c’est bien là le problème ! Il n’a rien fait. Il n’a pas vu Lazare, il l’a ignoré.
Notre pape François parle d’une « mondialisation de l’indifférence. »
Saurons-nous ouvrir les yeux à toute détresse, sans faire de différence et sans indifférence ? Saurons-nous chercher de véritables chemins de paix dans tous les lieux du monde sans à priori, pour que la misère et l’injustice reculent ?
Dans l’Evangile, le péché ne consiste pas dans la richesse, mais dans la fermeture qu’elle entraîne. Des riches qui sont devenus des saints, il y en a eu beaucoup car leur cœur restait ouvert, comme leur main ou leur demeure. Et surtout, ils n’étaient pas possédés pas leurs possessions, crispés sur leurs biens. Pensons à Zachée, à Matthieu, aussi à François d’Assise, à Charles de Foucauld, au Roi Baudouin de Belgique… et à tant d’autres, dans nos familles, parmi nos amis…
Même si les gens aisés n’ont pas le cœur dur, le mur ou la haie de leur maison risque de les séparer des autres et de les empêcher de voir celui qui là même, de l’autre côté… Ne nous demandons pas « qu’avons-nous fait de notre argent, mais qu’a-t-il fait de nous, notre argent ? »
Aujourd’hui, le Seigneur questionne : « Et toi, que fais-tu ? » Tous, nous sommes riches de quelque chose : j’ai des copains, une famille, une école, des papiers d’identité, une maison, un travail, des relations.
Le riche de la parabole portait des habits luxueux. Aujourd’hui, combien friment avec leurs vêtements de marque, leur téléphone dernier cri, leur tourisme de luxe, sans se soucier de celui qui manque de tout…
Cette question vient de la nuit des temps, quand Dieu demandait à Caïn qui venait de tuer Abel : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Pour le riche de l’évangile, il est trop tard quand il s’aperçoit, enfin !, de la présence du pauvre Lazare.
Ce mauvais riche a lui-même mis un abîme, une frontière, c’est l’abîme de la richesse qui aveugle.
Et pour nous, est-ce qu’il est trop tard ? Avons-nous creusé un abîme qui nous séparent des nécessiteux ? De bonne foi, nous nous disons souvent : « ah, si j’avais su… »
Comme le riche de la parabole, nous nous faisons parfois cette réflexion : « Si le Seigneur m’envoyait un signe… » Mais pourquoi nous faudrait-il des révélations personnelles pour croire si, justement, Dieu nous crée libres.
Le seul signe qu’il nous livre reste sa Parole, ce trésor dans lequel nous sommes invités à puiser ; sa Parole faite chair en Jésus-Christ, mort et ressuscité. Jésus, et lui seul, est revenu de la mort ; pourtant il est si souvent rejeté ! Pourquoi chercherions-nous autre chose ?
Il est le signe par excellence !
C’est la seconde question que Dieu nous pose : « Qu’as-tu fait de ma parole ? » Oui, le pauvre à nos portes c’est aussi le Christ qui nous appelle et qui mendie notre amour pour lui.
Même si nous avons rejeté Dieu et son amour, lui nous attend toujours.
Pour Dieu, vrai Père miséricordieux, il n’est jamais trop tard. Mettons-nous à l’écoute, reconnaissons que nous sommes à la fois ce riche fermé, et ce Lazare blessé.
Dieu nous tend les bras, il nous fait passer les abîmes et les frontières. Il est le Dieu de l’espérance…Entrons dans cette espérance. Passons les abîmes ! Dépassons les frontières !
Amen