24ème dimanche du temps ordinaire C
Il m’arrive souvent de prendre ma voiture et de sillonner la paroisse, sans aucun but, seulement pour réaliser que des milliers de personnes me sont inconnues.
Et je me dis : Ils nous manquent ; comme un amoureux qui retrouve son amoureuse lui dit en se jetant dans ses bras : « tu m’as manqué ».
Et je pense alors à ces deux paraboles que nous venons d’entendre.
Elles mettent en scène un berger qui aime tellement chacune de ses brebis, que lorsque l’une d’entre
elles se perd, s’éloigne, se met en danger… il laisse tout en plan et court pour la chercher… quand il l’a trouvée sa joie est débordante.
Cette femme, aussi, inquiète d’avoir perdu une pièce de monnaie, à l’époque c’était une drachme, c’est-à-dire beaucoup d’argent, avec deux drachmes on faisait vivre sa famille toute une journée. Donc cette femme inquiète pour sa famille fait un ménage des plus complets pour retrouver sa pièce… quand elle la retrouve, sa joie est débordante.
Et je repense aux maisons et immeubles de nos ville et villages, de toute la paroisse : derrière ces fenêtres et ces portes, ces étages et ces entrées… il y a des personnes que le Seigneur aime tendrement… pour qui il a tout donné, toute sa vie, toutes ses préoccupations, jusqu’à son sang… et pourtant elles ne le savent pas.
Mais le Christ, tel le berger, retrouve toutes ses personnes en se donnant par amour… sans attendre de retour. C’est cela aimer en vérité.
Il pourrait faire des reproches : un tel ne vient pas à la messe, un tel n’est pas catholique… celui-ci est divorcé remarié… ce jeune s’enferme dans la violence, cet autre traîne tard le soir… cet adulte est séropositif… celui-là est alcoolique…
Jésus, le Christ, n’est pas venu pour les juger, les détruire mais les sauver… déjà l’auteur de l’exode, il y a bien longtemps, le pressentait ; nous le lisions tout à l’heure : « Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple ».
Mais plus encore, Dieu est beau dans les traits de ce berger qui ayant retrouvé la brebis perdue, la ramène non en la tarabustant mais tendrement sur ses épaules, comme son enfant très cher, son bien-aimé.
Voilà notre Dieu.
Quelles sont les conséquences pour nous de cette attitude du Christ ? Nous qui voulons suivre son chemin :
Un chrétien ne se détourne de personne, il ne juge
pas, comme d’autres peuvent le faire, il ne montre pas du doigt, il n’accuse pas, il ne calomnie pas, il n’enferme personne dans ses travers.
Un chrétien doit toujours être témoin de l’Amour ; car Dieu est Amour ; il doit toujours être témoin de la tendresse car Dieu est Tendresse ; il doit toujours être témoin de l’espérance car Dieu ne désespère de personne.
Maintenant que l’année pastorale est bien démarrée, que l’année scolaire et professionnelle bat son plein, que les différentes réunions d’associations et de mouvements se planifient… maintenons au cœur, au centre de tout l’Amour, la Tendresse, le Pardon.
Comme le berger, qui est l’image de Dieu, se met à la recherche de la brebis qui manque, nous devons être disponibles à tous ceux qui se sentent exclus de l’Eglise, condamnés par elle, incompris… loin.
En nous rapprochant de ces personnes, nous serons vraiment images de Dieu, disciples du Christ, membres bien vivants de l’Eglise… une Eglise qui, bien sûr, a des règles, des règlements, mais qui est d’abord le signe de l’Amour de Dieu présent dans le monde d’aujourd’hui.
Cela demande de nous décentrer de nous-mêmes et de nos blocages et même parfois de notre puritanisme étroit… pour rencontrer les autres de façon plus profonde, plus vraie, plus passionnée. Et cela donne bien plus de fruits que la récitation d’interdits et de condamnations…
Il y a un temps pour tout : le premier temps est toujours la proximité réelle… plus tard viendra l’invitation à changer de comportement, à se ressaisir.
En cette année Sainte de la Miséricorde, l’évangile d’aujourd’hui nous montre le cœur miséricordieux du Seigneur ; et un appel nous est lancé à être, à notre tour, remplis de miséricorde pour tous.
C’est ainsi que le pape s’exprimait lorsqu’il a ouvert cette année Sainte :
« Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde… Dieu est […] présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Evangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour, et qui console en pardonnant ».
Que personne ne soit exclu de la tendresse de Dieu ; c’est à nous d’y veiller !
AMEN.