22ème dimanche du temps ordinaire A
Quand j’étais enfant puis adolescent, on aimait bien, lors des fêtes de mon village, danser les sauts basques et notamment Kaxkarrot Danzat: nous étions en rang deux par deux et au rythme de la musique nous avancions de façon curieuse et bien lente : trois pas en avant, deux pas en arrière et un saut sur place. Résultat, nous progressions chaque fois d’un pas.
Pourquoi est-ce que je vous parle de cela aujourd’hui dans l’homélie ? Et bien parce que les lectures de ce dimanche nous présentent les figures de Jérémie le prophète et de Pierre l’apôtre comme celles de deux personnages importants certes mais qui ont eu du mal à avancer dans leur mission et leur connaissance de Dieu : trois pas en avant, deux pas en arrière.
- Ainsi Jérémie quelques 40 ans avant le désastreux exil des habitants de Jérusalem à Babylone (600 ans avec le Christ) constate la décadence spirituelle de son époque. Et Dieu lui confie la mission délicate d’avertir son peuple en prédisant la catastrophe : la ruine de la ville sainte.
Trois pas en avant, car il accepte sa mission par amour pour Dieu : “Seigneur, tu as voulu me séduire et je me laissé séduire. Il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être”.
Deux pas en arrière : “A longueur de journée, tout le monde se moque de moi. La parole de Dieu attire sur moi l’injure et la moquerie. Je me disais : “Je ne penserais plus à lui, je ne parlerai plus en son nom”.
3 pas de foi et de confiance contre 2 pas de découragement. Résultat : un pas en avant tout de même.
Jérémie n’abandonne pas... il continuera : le feu de l’amour de Dieu et la mission qui l’habite brûleront toute peur.
Il pourrait reprendre la finale du psaume de ce jour : “Mon âme s’attache à toi, ta main droite me soutient”.
- Venons-en à Pierre, maintenant, dans l’évangile :
Pour la première fois, Jésus annonce à ses disciples qu’il devra partir pour Jérusalem : qu’il y sera arrêté, condamné, tué, puis qu’il ressuscitera.
Cette annonce de mort est terrible pour les apôtres si attachés à leur maître et ami.
- Les trois pas en avant de Pierre sont sa profession de foi.
Pierre dit à Jésus : “Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant”.
Jésus n’avait pas hésité à lui confier les clefs de l’Eglise et du Royaume des cieux.
- Les deux pas en arrière constituent sa réaction de refus de la mort du Christ ; oubliant la promesse de sa résurrection.
Celui qui avait été appelé pierre de construction par le Christ est aujourd’hui appelé Satan, ou pierre qui fait trébucher le Christ dans sa montée vers Jérusalem et son choix de donner sa vie sur la croix pour tous les hommes.
3 pas de profession de foi et de solidité ; contre 2 pas de peur et de doute.
Résultat : un pas en avant tout de même.
Jésus lui redonnera sa confiance ; ils monteront ensemble à Jérusalem ; Pierre reniera Jésus trois fois avant que le coq chante mais encore une fois Jésus le relèvera et lui redonnera toute sa confiance : “Sois le berger de mes brebis”.
Et le Christ de conclure : “Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Celui qui perd sa vie à cause de moi la gardera”.
Pierre marchera à la suite du Christ jusqu’à sa propre croix : il mourra lui-même crucifié à Rome, la tête en bas, se disant indigne de mourir comme son Sauveur et son Dieu, Jésus.
A notre tour, nous connaissons nos pas en avant et nos pas en arrière.
- “Je vais m’arrêter de fumer. Et c’est dur. Pourtant un jour j’y arriverai“. Et on y arrive.
- “Je vais essayer d’avoir une vie plus équilibrée : nourriture, alcool, drogue, attrait du jeu, manque de détente... je prends de bonnes résolutions. Et c’est difficile.
Pourtant, je ne veux pas me décourager ; je vais me faire aider ; je ne baisserai pas les bras.
- “Je vais me ressaisir au niveau de ma vie spirituelle : prière quotidienne, messes régulières, attention nouvelle à mon prochain, approfondissement de la foi par des lectures ou une formation, réponse à donner à un appel dans l’Eglise ou dans la société.
J’hésite. En serai-je capable ? Je diffère ma réponse.
Mais je porte en moi sérieusement ces questions”.
Mener une vie responsable, être un chrétien de conviction, cela est toujours exigeant. Les prophètes et les apôtres en ont fait l’expérience les premiers.
Serons-nous de leur trempe ?
Ce que le Christ nous propose aujourd’hui, c’est de marcher derrière lui. Il nous montre le vrai chemin ; au bout de ce chemin c’est la vie et même la vie éternelle ; sur ce chemin il nous montre des frères et des sœurs à aimer et un Dieu Père qui donne son amour ; avec le Christ, nous seront plus forts pour porter les croix de nos vies. Parce qu’il les porte avec nous.
Alors n’ayons pas peur de monter à Jérusalem c’est-à-dire n’ayons pas peur d’affronter les lieux des combats d’aujourd’hui ; les défis nouveaux qui nous sont lancés par notre société incertaine et inquiète ; les situations que nous aurons à assumer durant cette nouvelle année scolaire.
C’est le lieu de notre témoignage et du mûrissement de notre foi quitte à risquer notre tranquillité et nos habitudes.
Suivre le Christ, c’est toujours un chemin nouveau qui s’ouvre. 3 pas en avant, 2 pas en arrière... mais au bout du compte un pas de plus, le pas décisif du choix du Christ.
Amen