PENTECÔTE 2018
Comme les apôtres au cénacle, nous voici rassemblés en ce dimanche de Pentecôte. C’est bien l’Esprit Saint qui nous a réunis en cet anniversaire de la première Pentecôte, à la fois pour accueillir en nous la grâce d’un vrai renouveau, et pour inviter chacun à participer à la mission de l’Eglise.
L’Esprit Saint nous a donné, comme aux apôtres, le pouvoir de nous faire entendre dans toutes les langues du monde : dès le premier jour, l’Eglise, née pour être universelle, ne s’identifiera avec aucune culture, mais elle les assumera toutes. A travers les siècles et jusqu’à aujourd’hui, il faudra que chaque peuple entende parler dans sa langue les merveilles de Dieu.
Ceci a une traduction très concrète jusque dans notre vie quotidienne, car l’Evangile dont nous sommes porteurs doit trouver son chemin dans le cœur de chaque homme. C’est ainsi que nous devons demander à l’Esprit Saint de comprendre et de parler vraiment des langages divers : celui des enfants, que souvent nous ne prenons pas le temps d’écouter, le langage d’un mari qu’on supporte de moins en moins, d’une épouse qu’on a cessé d’entendre, des anciens murés dans leurs souvenirs, des jeunes qui n’attendent parfois qu’un signe pour faire confiance et se mettre à construire, des malades en quête d’un peu de douceur et d’amitié, de tous ceux que nous voudrions écarter car ils sont différents.
Ouvrir notre cœur, parler un autre langage, ce n’est pas si simple, sauf si l’Esprit vient à notre secours.
Jésus nous le dit dans l’évangile de ce jour : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage. »
Souvent nous manquons de liberté et de simplicité pour parler et témoigner : nous vivons enchaînés à notre passé, à nos craintes, à notre agressivité.
Ne faut-il pas que l’Esprit Saint travaille surtout notre aptitude à aimer, de cet amour par lequel la charité devient inventive, avec ses fruits dont l’énumération est déjà tout un programme de vie : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi …
N’ayons pas peur : l’Esprit Saint est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes et il saura faire de nous des hommes nouveaux et des témoins de l’Evangile.
L’Eglise est née de la Pentecôte : car le Christ ressuscité lui a communiqué sa vie. Il le fait en nous donnant son Esprit qui sera en quelque sorte l’âme de l’Eglise : il pousse alors toute la communauté à « sortir ».
Le Seigneur l’a fait en venant dans le monde ; et à devenir témoins du Christ Ressuscité et acteurs de son Royaume : Il vient et est même déjà là. Ce qui s’est produit le jour de la Pentecôte se renouvelle de différentes manières aux différentes étapes de l’histoire de l’Eglise.
Le dernier Concile n’a-t-il pas été appelé une « nouvelle pentecôte » par l’enthousiasme de foi et l’ardeur missionnaire qui a soulevé la communauté chrétienne ? Et le n’ayez pas peur de St Jean Paul II ne nous a-t-il pas apporté un souffle ? De même que l’invitation du pape François à « sortir » des petits cénacles où nous nous enfermons si facilement ?
Souvent une question peut troubler nos consciences : qu’est-ce que j’ai fait Seigneur de ta présence et de la Parole que tu nous a confiée pour sauver le monde ?
Et si je redécouvrais que l’Esprit Saint ne demande que ma bonne volonté et qu’Il fera le reste.
En tout état de cause, malgré nos limites, l’Esprit compte sur nous pour nous associer à la construction du Royaume.
Rappelons-nous aussi que dès le début et aujourd’hui encore la vie de l’Eglise s’est présentée, comme la vie de Jésus lui-même, sous une double face :
Enthousiasme pour le Christ et opposition à ce même Christ.
L’Esprit Saint, en tout cela, ne cesse de nous « modeler à l’image du Christ. »
Amen