MARIE, MERE DE L’EGLISE
Lundi de Pentecôte 2018
A peine le temps pascal est-il terminé et que le feu et le vent de l’Esprit Saint nous ont emportés dans l’élan du Seigneur, que nous reprenons le temps ordinaire, par une belle fête que notre pape François a voulu instituer désormais les lundis de Pentecôte, la célébration de la fête de Marie, Mère de l’Eglise.
Il est vrai qu’il n’y a pas d’octave du Saint-Esprit dans la liturgie d’aujourd’hui ; finalement, cette fête avec Marie nous garde bien ancré dans l’Esprit Saint, l’Esprit du Ressuscité.
En quoi Marie peut-elle être appelée Mère de l’Eglise ?
= En premier lieu, elle est Mère du Christ et Mère de Dieu. Toute sa vie de femme et de mère a été préparation et réalisation du choix de Dieu qui lui a demandé de mettre au monde son Fils unique (pourtant né du Père avant tous les siècles, vrai Dieu né du vrai Dieu) d’en faire un homme, de l’aimer comme une maman pour qu’il grandisse et se prépare à son tour à sa mission ; ce qu’il fera à 30 ans où commencera son obéissance plénière à Dieu son Père en proclamant la Bonne Nouvelle du salut, l’Evangile, paroles et actes qui sauvent.
= Ensuite, Marie deviendra Mère de l’Eglise, au pied de la Croix de son Fils. Dans sa peine, dans sa douleur de maman, Jésus au point de mourir lui dit ces quelques mots que l’évangile d’aujourd’hui nous rappelait ; Jésus désigne à Marie que l’apôtre Jean sera son fils : « Femme, voici ton fils » ; et il désigne à Jean que Marie sera sa mère « Voici, ta mère »
Jean représente chacun de nous au pied de la Croix de Jésus et nous tous ensemble, l’Eglise au pied da la Croix de Jésus. Et aussi chacun de nous et toute l’Eglise face à la Vierge Marie qui devient notre Mère à chacun et à tous ; Mère de l’Eglise avec ses enfants au pied de la Croix.
= Alors il est beau de retrouver Marie à Pentecôte avec les apôtres tout tremblants ; avec Jean, il y a les 10 autres. C’était notre première lecture. Ils prient, ils espèrent, ils attendent… alors vient l’Esprit Saint, Pentecôte que nous fêtions hier.
Marie est Mère de l’Eglise quand l’Eglise prie, espère et attend… quand l’Eglise accueille l’Esprit Saint, retrouve sa vigueur et reprend le chemin de la mission et du témoignage surtout quand le découragement risque de gagner l’Eglise.
Marie est alors missionnaire dans une Eglise en mission et non auto-centrée.
= Puis à la suite d’une longue tradition théologique et spirituelle de la vie de l’Eglise (avec St Irénée, St Augustin, Isaac de l’étoile), le bienheureux pape Paul VI déclara Marie « Mère de l’Église » le 21 novembre 1964, lors de la clôture de la 3e session du concile Vatican II.
Ce Concile n’a pas souhaité rédiger un décret ou une constitution propre à la Vierge Marie pour elle-même ; il a opté pour associer Marie à l’Eglise dont elle est le modèle et la Mère.
Ainsi le Concile a mis en lumière la mission de la Vierge Marie Mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Église. La Vierge Marie est membre éminent de l’Église mais l’Église est plus grande qu’elle. La Vierge Marie ne se situe pas en dehors ou au-dessus de l’Église mais au cœur du Peuple de Dieu.
Voici l’un des fondements de cette inspiration du Concile :
Après Saint Paul qui aime comparer l’Eglise au Corps du Christ dont celui-ci est la tête et nous les membres, Bossuet nous a laissé cette belle formule : l’Eglise est le Christ répandu et communiqué.
Le Christ ressuscité est devenu inséparable de son Eglise. L’Eglise n’existe qu’unie au Christ, sa Tête. Le Christ et l’Eglise forment le Christ total : sa tête et ses membres.
Donc il s’avère logique d’appeler « la Mère de la Tête » « Mère des membres » et « Mère de l’Église ».
Dit autrement, Marie, Mère du corps physique de Jésus-Christ, est aussi Mère de l’Église, son Corps mystique.
Dit encore autrement, il n’est pas possible de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.
Oui, Marie agit en mère qui rassemble ses enfants. Une maman aime ses enfants. Elle prend soin de manière prioritaire de l’enfant qui va mal, qui est malade ou en souffrance morale. « Comblée de grâce » à l’Annonciation, Marie exerce sa maternité spirituelle dans sa prière d’intercession comme à Cana. Elle nous apprend à faire confiance à Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Évangile selon saint Jean 2, 5). Loin d’être une mère possessive, elle oriente tout chercheur de Dieu vers son Fils Jésus, seul médiateur entre Dieu et les hommes.
La maternité divine de Marie continue de se déployer par sa prière : « Élevée dans la gloire du ciel, elle accompagne et protège l’Église de son amour maternel »
== Mes mais, pour cette première année de célébration de Marie, Mère de l’Eglise, il me devait de faire avec vous ce parcours biblique et théologique mais aussi spirituel, pourtant encore incomplet.
Je termine par l’attitude toute simple et confiante que nous devons avoir envers Marie, notre Mère, en nous appropriant ce verset du psaume 130 :
« Mon âme est en moi / comme un petit enfant / tout contre sa mère. »
Amen.