Etaient présents pour animer la messe, le samedi 21 novembre : la Zarpai Banda, l'Orchestre intercommunal d'Harmonie, Entzun, Gazelu Zahar et la chrorale paroissiale Bixintxo. Tous ont fêté leur sainte patronne. Homélie
= Dès le lendemain des atroces attentats de Paris et de St Denis, alors que le silence et la peur avaient envahi la rue de Charonne, un pianiste installe son grand piano sur la chaussée et ses notes de musique deviennent offrande pour tous ces jeunes fauchés par la barbarie.
Et nous fêtons ce soir la patronne des musiciens et des chanteurs, la jeune Sainte Cécile. En ces années 200 de notre ère beaucoup de chrétiens étaient arrêtés et mis à moi pour leur foi. Cécile allant au martyr entendait une musique céleste.
Et il est bon que ce soir notre célébration tisse ensemble sur la robe ensanglantée de Sainte Cécile
et sur les corps des innocents de Paris un même linceul de respect, d'hommage et vénération.
Oui il y a des martyrs chrétiens mais il y a aussi des martyrs laïcs. Pour eux, indifféremment, nos musiques et nos chants de ce soir, nos prières et notre espérance de paix et de vie éternelle.
La musique est un langage puissant quand un pays souffre, quand des familles sont inconsolables. Comme l'écriture et comme la prière elle réunifie les forces dispersées par la souffrance, elle fait croire que demain est encore possible.
= L'évangile de ce jour, qui est celui de la fête du Christ Roi de l'univers, est Bonne Nouvelle en ces temps de crise : c'est le procès de Jésus quelques heures avant son exécution sur la croix.
Jésus jugé par Pilate est la figure de tous ceux et celles contre qui on veut s'acharner, contre qui ont fait des plans d'extermination, contre qui on a choisi le fer et le sang.
Le pire c'est de le faire au nom de Dieu !
Dans ce cas c'est du fanatisme, aveugle, nourri par une idéologie qui exclut toutes les différences.
C'est là, mes amis, la vaste question du rapport à la vérité. Si j'ai la vérité que produit-elle comme attitude en moi et envers les autres. Ils plient devant moi ? Je dois les faire adhérer à tout prix à ma vérité ou à celle de mon groupe religieux ? Sinon ils n'ont plus droit à la vie ?
Face à Pilate Jésus dit : « c'est toi-même qui dis que je suis roi... Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. » Voilà sa mission, son message pour l'humanité.
Mais il rend témoignage à la vérité par la rencontre, le dialogue, la guérison, des paroles qui réveillent ou qui relèvent, et, sommet de sa vie, sa mort comme un don d'amour devient alliance nouvelle et éternelle pour le pardon des péchés.
C'est ainsi qu'il est roi, un roi d'amour qui nous invite à aimer et à nous donner comme lui.
Dans la Bible le psaume 84 que chantait Jésus comme tous les croyants de son temps dans les synagogues et au Temple... et que nous chantons dans nos liturgies, ce psaume dit : amour et vérité se rencontrent. Pas la vérité seule mais avec l'amour qui est premier... et qui se rencontrent comme des amis. Et le psaume continue : justice et paix s'embrassent. Pas de paix sans justice mais les deux tellement liées qu'elles s'embrassent comme de vrais amis.
C'est ce rapport à la vérité qui doit nous habiter, que nous devons apprendre aux enfants et aux jeunes de chez nous, que nous devons vivre dans nos familles, dans écoles, dans tous nos groupes humains et dans la paroisse… En cela devons être exemplaires.
La vérité est autant dans l'autre qu'en moi... parce que notre société nous fait le cadeau de vivre dans une France multiculturelle et multi religieuse. Il y a tant à apprendre dans la rencontre. Il y a tant à donner et à recevoir quand on dépasse l'étrangeté voire la peur de celui qui est différent.
Le dialogue est le frère jumeau de la fraternité.
Ceci dit, on peut et on doit rester fidèle à ses convictions et à sa foi, le relativisme (dire que tout est pareil) est un piège aujourd'hui. Donc fidélité à ce que nous croyons oui, mais jamais en détruisant les autres et leur liberté de conscience.
Par conséquent pas d'amalgame entre les musulmans djihadistes et les musulmans modérés nos frères croyants. Au contraire, manifestons-leur notre amitié : ils sont en souffrance eux aussi de cet état de fait.
Avec eux et elles, vivons l’expérience d’un regard qui libère et non d’un regard qui enferme.
= Un groupe vocal, une formation musicale sont les paraboles de cela. On est différents entre chanteurs, entre musiciens. C'est même là le but du jeu. Si on n'entend pas ce que chantent ou jouent les autres tout déraille et il n'y a ni beauté de l'œuvre, ni sérénité, ni joie commune et partagée.
Bonne fête à vous chanteurs et musiciens ici présents et à tous les autres groupes de notre chère cité, belle d'une telle richesse et diversité.
Que Sainte Cécile vous protège et vous donne de la joie et de l'émotion positive à communiquer.
Que le Christ Roi de l'univers règne dans le cœur et les décisions de nos dirigeants et hommes d'Etat qui ont à jouer une partition non écrite d'avance et dont le point d'orgue doit être la sécurité et la paix dans un vivre ensemble nouveau.
Quelle que soient troubles et épreuves, soyons unis pour jouer ensemble, allegro vivace, la mélodie de la fraternité.
Amen