DEUXIEME DIMANCHE DE PAQUES
On est aujourd’hui le 2° dimanche de Pâques.
Et l’Evangile de ce jour est vraiment une invitation à la miséricorde. On appelle d’ailleurs ce dimanche le dimanche de la Miséricorde.
Regardez comment Jésus réagit à l’abandon et à la trahison de ses amis. Vous vous rappelez qu’au moment de la Passion ses Apôtres se sont dispersés ; certains ont trahi, renié ; tous, sauf Jean, ont abandonné Jésus. Ils l’ont laissé seul face à la violence et à la mort parce qu’ils ont eu peur ; peur pour leur avenir ; peur pour leur peau.
= Que fait Jésus ressuscité ? Il va parler à ses Apôtres. Et sa première parole est une parole de paix : il demande pour eux la paix.
Jésus vient les rejoindre au fond de leur peur, de leur culpabilité ! Il aurait pu leur reprocher leur manque de foi, leur infidélité mais sa première préoccupation est de pacifier leur cœur : c’est le premier témoignage de la miséricorde du Seigneur.
Nous, parfois, notre premier réflexe, quand nous avons été offensés, blessés, c’est de le faire sentir à l’autre et d’exiger des excuses, de jouer les offensés, de dramatiser en faisant attendre notre pardon : nous sommes prêts à pardonner si l’autre fait au moins mine de présenter ses excuses.
Mais là, le Seigneur n’attend pas ; et son premier souci est de remettre les disciples dans la paix : elle est belle cette inquiétude de Jésus pour ceux qui l’ont pourtant abandonné, lâché. Son regard est un regard qui veut à tout prix relever et jamais enfoncer, offenser, emprisonner.
Voilà la première leçon sur la miséricorde. La Miséricorde dit : je suis inquiet pour toi qui m’as blessé. Comme j’aimerais te réconforter !
= Puis Jésus fait une deuxième chose : il montre ses plaies : celles de ses mains, de ses pieds, de son côté. Il ne les montre pas comme un reproche mais elles sont les traces, les preuves de son amour : Jésus a été blessé d’amour. Elles sont comme un signe de reconnaissance de ce Dieu qui nous a aimés jusque-là : jusqu’à se laisser marquer à tout jamais par l’homme.
Nous, nous reprochons à l’autre les blessures qu’il a laissées : Jamais elles ne disparaîtront ; il nous a défiguré, il a tout gâché ; je ne m’en remettrai jamais. - « Voilà ce qu’il m’a dit un jour » ; « voilà ce qu’il m’a fait » ; « ma mère m’a étouffé », « mon mari est parti » ; « rien ne pourra effacer cela » ; « je suis marqué à jamais ».
Jésus nous apprend un pardon qui est plus fort que toutes les traces infligées. Et, du coup, ces traces deviennent le signe d’un amour qui s’est laissé toucher.
Un cœur blessé est aussi un cœur qui a accepté de s’ouvrir à l’autre ; Dieu ne se repend pas d’avoir ouvert son cœur aux hommes.
Voilà la deuxième leçon sur la miséricorde. La miséricorde dit : oui, tu as laissé des traces sur moi ; mais mon amour est plus fort que ces blessures ; et, du coup, elles sont signes que j’ai su aimer.
= Enfin Jésus fait une troisième chose encore plus incroyable : il envoie les disciples. C'est-à-dire qu’il leur redit sa confiance, qu’il leur donne son Esprit Saint, qu’il les institue ministres de son pardon, ce qu’il y a de plus fort, de plus divin en lui.
Il ne commence pas par régler ses comptes, par vérifier s’ils ont compris la leçon. Il dit à ces pauvres pécheurs d’Apôtres : « va ! Je te confie mes richesses : répands-les autour de toi ». Il leur dit : « va ! et donne mon pardon ! »
C’est la troisième leçon sur la miséricorde. La miséricorde redit sa confiance, il refait confiance. Elle fait un acte d’espérance alors que tout la pousserait à la méfiance, ou au moins à la prudence. La miséricorde est imprudente et espère contre toute espérance.
Nous avons besoin de réapprendre à vivre de cet amour miséricordieux du Seigneur, de cet amour qui jaillit de son cœur transpercé, qui irrigue le monde et lui donne une vie nouvelle.
Surtout : nous avons à en être les témoins dans un monde qui en a désespérément besoin, un monde souvent enfermé dans le sentiment d’avoir tout raté, dans le sentiment que l’avenir est bouché : Face à la culpabilité : le monde a besoin qu’on lui fasse connaître le pardon de Dieu. Face à la honte : le monde a besoin de connaître le pardon des autres. Face au sentiment d’échec et de dégoût de soi : le monde a besoin qu’on lui apprenne à se pardonner soi-même.
Mais notre monde semble ne plus croire à la possibilité d’un tel amour (comme Thomas ne croyait pas à la possibilité que Jésus soit victorieux de la mort) et il reste emprisonné dans ses blessures, dans ses défaites.
Et nous, le Christ nous envoie, comme il a envoyé ses apôtres, remplis de la force de l’Esprit Saint reçu au baptême, à la confirmation et à l’ordination, tous et toutes ministres de son pardon ; il nous envoie annoncer qu’un pardon est toujours possible. Et ce témoignage est urgent !
Amen.