17ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
FETE DE LA MER
Dans le contexte national d’état d’urgence, de vigilance accrue pour assurer la sécurité de chacun, notamment lors des rassemblements festifs,
au cœur de notre fête de la mer,
les textes bibliques de ce dimanche, semblent un peu décalés : car ils nous parlent de la prière.
Nos ancêtres, pêcheurs d’Hendaye, mais aussi les navigants aujourd’hui, certes se préparent concrètement pour leur traversée… on ne prend pas la mer à l’aveuglette ; mais en même temps, beaucoup d’entre eux sont des hommes de prière, et se mettent sous la protection de la Vierge Marie et du Christ Jésus, lui qui est le maître du navire et des flots (comme ce bas-relief nous le rappelle chaque dimanche ici) ; quant à Marie elle est l’étoile des mers, stella maris ; et Ste Anne sa mère, le phare dans la nuit…
Action et prière dans le monde de la mer.
Action et prière indissociables aujourd’hui dans notre monde, qui ressemble tant à une mer agitée, et qui met en péril notre courage et notre foi.
Ne jamais dissocier action et prière.
Autrement dit : nous prendre par la main pour nous mettre au service de la société, de la paix, de l’accueil… et joindre nos mains, chacun, pour la prière.
Je reviens aux textes de cette messe.
Ils parlent de la prière et même de la prière insistante.
= Abraham, le patriarche, a le culot de marchander avec Dieu. Cela s’appelle la prière d’intercession.
Il avance prudemment dans sa prière de demande à Dieu de ne pas détruire la ville abominable pourtant de Sodome, de ne pas exterminer le juste avec le coupable. Et Dieu écoute la supplication.
Juifs, chrétiens et musulmans, nous avons Abraham comme ancêtre commun. Donc ce texte est connu de nos trois traditions religieuses monothéistes. Comment certains peuvent-ils se réclamer de ce Dieu pour massacrer aveuglément ? Alors qu’il est un Dieu patient et ami de l’homme. Non, ils ne sont pas croyants mais fanatiques. Point à la ligne.
= Jésus nous invite à entrer dans sa prière. Lui aussi priait Dieu ; Dieu son Père. Alors prier avec Jésus, avec ses propres mots révèle la nouveauté de notre dialogue avec Dieu : quand on prie avec Jésus notre prière est d’abord filiale : fils et filles qui s’adressent à leur Père, Dieu. Et donc la prière devient alors fraternelle puisque nous sommes tous frères et sœurs aimés de Dieu.
« Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite » : prier ensemble en demandant cela c’est comme ramer ensemble dans la même direction celle où Dieu nous attire, lui qui veut nous voir vivre en paix : voilà sa volonté, voilà son règne. La paix, la justice, l’amour.
C’est là la destination de notre traversée de vie. Sinon, on sombre dans les eaux tumultueuses de l’horreur ; et on engloutit avec nous ceux que nous croyons sauver.
Si nous sommes solidement amarrés à nos engagements et à la prière insistante, nous ne laissons pas couler le bateau qu’est le monde.
Je me mets à rêver que tous les responsables de la cité, sur les cinq continents, même ceux qui croient servir Dieu en exterminant, tous soient des priants chaque matin ; qu’ils prennent ce temps d’ajustement de leur vie avec le bien et le beau, comme le capitaine du bateau qui prépare son plan de traversée.
Qu’ils se laissent travailler par Dieu et sa Parole. Alors ils sauront donner ce que chacun attend. Ils seront remplis de l’Esprit Saint. Leur vie sera féconde car ils engendreront la fraternité.
Face à certaines situations, il n’y a pas d’autre chose à faire que de prier. Et ce n’est pas de la faiblesse. C’est savoir recevoir de Dieu notre force intérieure alors que la vie extérieure semble si compliquée et ingérable.
D’ailleurs à chaque attentat, fleurit sur les réseaux sociaux non seulement « je suis Paris ; je suis Nice » mais « Pray for Paris ; pray for Nice » ; « priez pour Paris ; priez pour Nice… »
Plus de 8 millions de tweet en 10 h 00 en novembre dernier.
Il est temps de lier ce qui ne peut qu’être lié : action et prière ! Engagement concrets et ressourcement en Dieu.
Dans cet esprit, voici une prière de marins adressée à la Vierge Marie ; elle nous concerne tous ; qu’en ce dernier jour de notre fête de la Mer, Marie nous donne le courage d’aller au large, de larguer les amarres sans peur, car avancer et risquer, c’est la vie.
Vierge Marie, Etoile des mers,
Reine des flots,
Vous à qui les marins, même mécréants,
ont toujours été dévots,
Voyez à Vos pieds vos navigateurs
qui voudraient se hisser jusqu’à Vous.
Obtenez-leur une âme pure comme brise de mer,
un cœur fort comme les flots qui les portent,
une volonté tendue comme voile sous le vent,
une attention qui veille sans mollir comme gabier dans la hune,
un corps bien armé pour les luttes contre les tempêtes de la vie.
Mais surtout ô Notre Dame,
ne les laissez pas seuls à la barre,
faites-leur éviter les écueils où ils s’échoueraient
avant d’ancrer près de Vous au port de l’Eternité.
Amen.