"Dans chacun de ces êtres souffrants que nous rencontrons, (...) c'est un brin du mal du monde que nous soulageons.
Une vie passionnée
Tour à tour poète, assistante sociale et mystique, femme de prière et d'action, Madeleine Delbrêl (1904-1964) offre à notre société sécularisée et à l’Église un beau visage, riche d'inspiration pour une vie chrétienne en dialogue avec l'athéisme et la misère sous toutes ses formes. Elle a été déclarée vénérable par le pape François le 26 janvier 2018.
https://www.madeleine-delbrel.net/biographie
Madeleine Delbrêl naît dans une famille peu croyante. Sa mère est issue d'une famille de la petite bourgeoisie provinciale. Son père et son grand-père sont cheminots.
Bien que baptisée enfant et catéchisée jusqu'à la première communion, elle passe sa jeunesse dans l'indifférence religieuse. Elle perd la foi à quinze ans au contact d'un cercle littéraire et philosophique libre penseur.
À l'âge de dix-sept ans, sa profession d'athéisme est radicale et profonde mais, en trois ans, à la suite de la rencontre d'un groupe d'amis chrétiens et de l'entrée chez les dominicains de Jean Maydieu, l'homme qu'elle aimait, elle prend en considération la possibilité de Dieu.
Cette démarche, qu'elle fonde sur la prière et la réflexion, aboutit à la foi à l'âge de vingt ans.
Le 19 mars 1924, « éblouie par Dieu », lors d'un passage en l'église Saint-Dominique de Paris (Paris XIVe), elle se convertit.
Dès 1926 à la paroisse Saint-Dominique, elle entre dans le scoutisme chez les Scouts de France en tant que cheftaine de louveteaux. Un temps elle est ACDL responsable de la formation de cheftaines dans le district de Paris-Sud. Elle était totémisée Abeille Joyeuse et a rédigé un commentaire de la prière scoute. En 1932, elle participe au cours de cheftaine scoute au camp de Chamarande dirigé par le Père Jacques Sevin.
En 1927, elle décide de servir Dieu dans le monde et devient une des premières assistantes sociales.
Par le scoutisme, elle devient une assistante de service social très active ; elle s'installe avec quelques amies et travaille dans la banlieue ouvrière, rue Raspail à Ivry-sur-Seine, municipalité communiste.
Elle occupe une fonction d'assistante sociale au sein de la mairie communiste d'Ivry-sur-Seine. Elle noue une forte amitié avec le maire d'alors, Venise Gosnat. Elle est confrontée à l'athéisme marxiste, n'hésitant pas, à contre-courant, à annoncer l'Évangile.
À l'instar des prêtres ouvriers de La Mission de France dont elle est proche, elle nourrit un dialogue exigeant avec les communistes. Elle fonde une communauté de jeunes femmes qui se sont nommées « la Charité », avant d'être connues comme « Équipes Madeleine Delbrêl ».
Il s'agit non « d'y travailler pour le Christ », mais « d'y être le Christ » c’est-à-dire d’être soi-même entièrement amour et charité : « Personne sauf Jésus Christ n’a demandé à notre cœur d’aimer chacun de tous les hommes, de l’aimer jusqu’au bout et de l’aimer en toute chose. Mais quand un homme a été aimé de cet amour-là, il en garde le souvenir, et ce souvenir devient à son tour comme un pressentiment de l’amour même de Dieu. »
Le groupe s'attache à rencontrer les gens où ils vivent, à devenir leur ami, à les recevoir à domicile et à s'entraider.
En matière de travail social, elle rappelle la nécessité de développer des actions collectives en vue de faire évoluer les politiques sociales. Elle écrit en 1937 :
« Il est peut-être plus touchant de visiter, dans sa journée, cinq ou dix familles nombreuses, de leur obtenir à grand renfort de démarches tel ou tel secours ; il serait sans doute moins touchant mais plus utile, de préparer le chemin à tel texte légal qui améliorerait l’état familial de toutes les familles nombreuses connues ou inconnues de nous. »
Quelques mois avant sa mort, en 1964, elle dit encore :
« J'ai été et je reste éblouie par Dieu. »
Commentaire
Selon Christophe Chaland, ses écrits révèlent « une très attachante personnalité humaine, d'abord. D'une extraordinaire capacité d'empathie, elle noue des relations personnelles dans tous les milieux. Elle s'engage à fond. Elle cultive la joie. Son humour est délicieux. Elle est libre. Elle dit ce qu'elle pense avec délicatesse mais fermement. Elle fait preuve d'une grande sûreté de discernement, d'une pensée rigoureuse. Sa personnalité spirituelle, sa théologie ont le même caractère : de solides fondations, de la vigueur et toujours ce centre qui unit tout : La Charité de Dieu manifestée dans le Christ. »
Cause en béatification
La cause en béatification de Madeleine Delbrêl a été introduite à Rome en 1990 par Monseigneur François Frétellière, ancien évêque de Créteil. Le postulateur est le père Gilles François, qui a succédé au père Jean Gueguen.
Le 26 janvier 2018, le pape François a autorisé la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret reconnaissant les vertus héroïques de Madeleine Delbrêl, lui attribuant ainsi le titre de vénérable. C'est la première étape avant qu'elle ne soit déclarée bienheureuse.
Hommage
En hommage à Madeleine Delbrêl, qui aimait les roses de son jardin, le diocèse de Créteil (Val-de-Marne) propose en 2020 un rosier spécialement créé pour l'occasion, nommé « Madeleine Delbrêl ». Ce rosier a été créé par le rosiériste Orard à Feyzin.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_Delbr%C3%AAl
https://catholiques-val-de-marne.cef.fr/accueil/madeleine-delbrel/306742-rosiers-madeleine-delbrel-prolonger-la-presence-de-la-venerable-dans-nos-jardins-et-nos-balcons/
Autres citations de Madeleine Delbrêl :