"J’étais à la Sixtine, une porte s’est ouverte et j’ai vu le pape... Mamma mia !"...
« J’étais à la Sixtine, une porte s’est ouverte et j’ai vu le pape.... Mamma mia ! » : c’est le témoignage de Kristoph, un sans-abri qui a élu domicile sous le porche de la via della Conciliazione, devant le bureau de presse du Vatican. A 51 ans, ce Polonais au petit chapeau jaune, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, a passé plus de 20 ans dans la rue à travailler « tant qu’on ne me chassait pas », déclare-t-il.
Il y a quelques jours, lui et ses amis faisaient partie du groupe des 150 sans-abri invités par l’aumônerie apostolique à visiter les Musées du Vatican, et qui ont eu la surprise de pouvoir serrer la main du pape François, venu les accueillir dans la chapelle Sixtine : « Vous êtes ici chez vous », leur a dit le pape.
« Une expérience que je porterai dans mon cœur jusqu’à la fin de ma vie », confie Kristoph à Zenit : « J’ai été heureux toute la nuit… ». Il raconte : « Nous sommes restés longtemps dans les Musées… Ils sont de toute beauté ! A la fin nous sommes allés dans la Chapelle Sixtine où l’on nous a dit de nous asseoir. On pensait qu’il y aurait une messe, une prière, ou quelque chose du genre… Alors que de la porte de derrière est sorti don Corrado (l’aumônier Konrad Krajewski, ndlr) et à ses côtés le pape. Mamma mia ! ».
« Nous avons applaudi très fort. Le pape nous a salués et nous l’avons remercié. Puis nous avons récité ensemble le Notre Père. Le pape a même donné la permission de le prendre en photo avec nous. Il y a eu beaucoup de photos prises, et don Corrado a promis de nous les apporter. Puis le pape est passé nous saluer, s’arrêtant devant chacun de nous. Il a serré la main de tout le monde, 150 personnes. Vous vous rendez compte ? Mamma mia… », ajoute Kristoph.
« Je lui ai dit : merci pape. Je te souhaite plein de bonnes choses, surtout force et santé. Lui, il souriait et disait "merci, merci…" ». Ému, Kristoph ? « Évidemment ! », répond-t-il aussitôt : « J’avais les larmes aux yeux. Mes amis aussi ont pleuré, même si maintenant ils jouent aux durs... J’ai pleuré parce que je sais que j’ai de la chance : tout le monde n’a pas eu la possibilité de rencontrer le pape d’aussi près, de lui baiser la main, de le serrer dans ses bras ».
« J’ai envoyé tout de suite un message à mon fils qui a 23 ans, vit et travaille en Pologne, et je lui ai dit : "Eric, ton père a rencontré le pape ! Si tu étais ici tu pleurerais de bonheur… Un jour je t’enverrai les photos !" ». Kristoph conserve encore l’invitation dans sa poche « en souvenir » mais il s’excuse de ne pas nous la montrer « par peur de l’abîmer ».
Pour les SDF, la visite au Vatican est surtout l’énième confirmation que « le pape François nous aime bien » : « Il fait tellement pour nous : douches, barbier, parapluies, visites de musées... J’ai aussi entendu dire qu’il voudrait faire installer un petit dispensaire pour ceux qui ont besoin de soins médicaux… Nous sommes vraiment contents de tout ça », poursuit-il.
Il se réjouit particulièrement des douches : « Heureusement que nous les avons ! Nous pouvons nous laver tous les jours, nous balader en toute dignité. Finie la honte de sentir mauvais … ». Et l’idée du barbier : « Justement, j’y suis allé lundi dernier. Et je dois y retourner pour me faire la "boule à zéro" car il va bientôt commencer à faire chaud… Et puis ça me fait économiser, je n’ai pas besoin d’acheter un peigne ». Toutes ces choses « sont vraiment importantes pour nous, on en a besoin. Le pape le comprend, il nous aime bien », affirme-t-il.
En retour, les SDF prient pour le pape : « Tous les matins, on se dit "prions pour le pape François". A 9h des religieuses viennent nous voir, quelquefois un prêtre aussi, et ils nous font prier ensemble. Et nous prions toujours pour le pape, pour sa santé, parce que nous voulons qu’il vive très longtemps, de longues années. Quoiqu’il en soit nous prions aussi pour tous les prêtres et pour les gens… les gens gentils avec nous, ceux qui nous font du bien. Il y en a beaucoup… »