Une ruine ? - Non, la pierre tombale d'un musicien génial !
« Non omnis moriar »
(Je ne mourrai pas tout à fait)
Mais qui a volé le crâne de Franz Joseph HAYDN ?
Extraits du site : https://www.symphozik.info/joseph+haydn,73.html
« Haydn n’est pas seulement le père tranquille que l’on décrit habituellement, c’est d’abord un prodigieux inventeur qui, en 50 ans de carrière, a mené la musique des confins du baroque dérivant vers le style galant, aux portes du romantisme beethovénien voire schubertien.
Premières années
Joseph Haydn naît le 31 mars 1732 à Rohrau (frontière austro-hongroise). Sa famille n’est pas vraiment musicienne, mais son père, un charron, joue de la harpe sans toutefois connaître les notes. Le jeune Haydn est un jour remarqué par un cousin, Johann Matthias Franck, un instituteur, qui persuade ses parents des dons de leur fils. Ce dernier part donc à Hainbourg, et est recruté à Vienne par Georg Reutter, le maître de chapelle de la cathédrale Saint-Étienne, pour chanter à la manécanterie …/...
À Saint-Étienne, la théorie n’était pas la matière primordiale. Mais pendant le temps passé là-bas, Haydn a pu apprendre lui-même certaines bases de la composition et s’essayer à cet art.../.. Les vraies études de Haydn commencent quant à elles avec Nicola Porpora, compositeur italien …/... Le futur compositeur, même s’il sert un peu de valet au vieux maître, apprend les principes fondamentaux de la composition.
En 1758, le Comte von Morzin, riche mélomane, propose à Haydn le poste de maître de chapelle. Les symphonies et quatuors composés à cette époque connaissent le succès et sont diffusés à travers l’Empire. …/...
Carrière
En 1761, le Prince Esterhazy engage le musicien comme "compositeur attitré". Le traitement d’Haydn est confortable et il peut envisager l’avenir avec sérénité. La même année, il écrit les symphonies numéro 6 "matin", numéro 7 "midi" et numéro 8 "soir". Haydn tient à sa disposition un très bon orchestre mais il doit collaborer pendant cinq ans avec Werner, maître de chapelle en titre, jusqu’à la mort de celui-ci. Il composera énormément durant cette période heureuse (son Stabat Mater aura un succès européen).
Le Prince prenant goût à l’opéra italien, Haydn doit déployer une activité considérable en créant ses opéras mais aussi en jouant ceux de ses confrères.../...
De 1780 à 1790, il s’occupera de 96 opéras. À partir de 1779, le contrat qui prévoyait que les œuvres de Haydn appartenaient au Prince Esterhazy est modifié. Il peut dorénavant éditer lui-même ses pièces .../...
La célébrité du compositeur ne cesse de grandir en Europe. Dans ses dernières années à Esterhaz, il n’écrit pratiquement plus pour le Prince Nicolas. En 1785 et 1786, il écrit la série des six symphonies dites "parisiennes" .../... Mais l’isolement à Esterhaz commence à lui peser réellement d’autant qu’à Vienne il rencontre des personnes qui lui deviennent chères, telles queWolfgang Mozart. Leur première rencontre a certainement eu lieu en 1784. Les deux compositeurs conservent une amitié et un respect réciproque.
Après la mort du prince Esterhazy en 1790, le fils Paul Anton n’ayant aucun goût pour la musique, laisse Haydn maître de chapelle mais licencie l’orchestre. Le compositeur décide de s’établir à Vienne et les invitations affluent.
Un musicien astucieux pour le bien de l'orchestre
Le patron de Haydn, le Prince Esterhazy, lors de ses séjours dans son palais d’été, se faisait accompagner par tout l’orchestre pour satisfaire à ses divertissements. L’année 1772, ce séjour est un peu plus long que prévu, et la plupart des musiciens se montrent las d’une aussi longue absence de leur foyer. Pour faire comprendre au Prince le désir des musiciens de rentrer à la maison, Haydn imagina un stratagème amusant mais néanmoins musical : pour sa Symphonie n° 45, il écrivit un final un peu spécial. De sorte qu’au cours de ce dernier mouvement, chaque instrumentiste, l’un après l’autre, s’arrêtait de jouer, soufflait la chandelle de son pupitre et quittait la salle. À la fin du mouvement, seuls deux violons restaient sur scène (tenus par Haydn lui-même et le maître de concert). Esterházy n’était pas idiot et prouve à quel point il estimait ses musiciens : le lendemain, la cour pliait bagage !
Voyages à Londres
Sur la demande de Johann Peter Salomon, organisateur de concerts à Londres, Haydn y effectue deux séjours et quitte pour la première fois son pays. La première saison commence en janvier 1791. Il compose quelques symphonies de la série dite londonienne qui lui procurent une réputation considérable. C’est là-bas qu’il apprend avec tristesse la mort de Mozart.
Il quitte Londres en juillet 1792. Au retour, il fait étape à Bonn où on lui présente le jeune Ludwig Van Beethoven à qui il promet de donner quelques leçons à Vienne. De retour dans la capitale viennoise, il donne les cours promis à Beethoven mais celui-ci, sans doute trop pressé, contacte d’autres professeurs. Néanmoins, Haydn influencera le jeune compositeur à ses débuts.
Début 1794, le compositeur effectue son deuxième séjour à Londres. Il part avec dans ses bagages les symphonies numéro 99, 100 et 101 déjà commencées et quelques quatuors à cordes. La n° 100 "Militaire" lui vaudra un triomphe sans précédent. La dernière symphonie numéro 104 "London" fut créée en mai 1795. Il quitte définitivement les îles britanniques le 15 août 1795. Il aura durant ce séjour considérablement augmenté ses finances et son prestige international.
Un musicien malicieux !
Pendant son premier voyage à Londres, Haydn s’étant aperçu que des auditeurs somnolaient lors des mouvements lents, il décida de leur réserver une petite surprise. Dans l’adagio de sa Symphonie n° 94, il commença par un thème pianissimo qu’il conclut par un formidable fortissimo. Et le reste du mouvement est émaillé d’autres contrastes entre piano et forte et de contrepoints inattendus.
L’apogée à Vienne
De retour en Autriche, il trouve un nouveau Prince qui le nomme maître de chapelle, lui demandant simplement de lui composer une messe par an pour la fête de sa femme (Heiligmesse, Missa in tempori belli, Missa in angustiis, Theresienmesse.)
Haydn compose de 1797 à 1798 « La Création », un oratorio généralement considéré comme le sommet de sa carrière et sommet de la musique tout simplement. Jusqu’en 1805, vivant essentiellement à Vienne, il manifesta une grande activité créatrice : six derniers Quatuors à cordesen 1797 Les Saisons, autre oratorio célèbre en 1801
En 1802, il projette d’écrire un cahier de 6 quatuors. Mais, épuisé, il abandonne au milieu du troisième. On raconte aussi qu’ayant entendu les premiers quatuors de Beethoven, il comprend qu’il est dépassé, et il cessera désormais de composer. De nombreux compositeurs et biographes viennent le visiter. Il fait sa dernière apparition publique le 27 mars 1808 pour la représentation de La Création.
Couvert d’honneurs mais affaibli par la maladie, Haydn meurt le 31 mai 1809 à soixante dix sept ans. Napoléon vient d’entrer pour la seconde fois dans la capitale autrichienne. Il fera placer une garde d’honneur à sa porte..../... »
L'étrange aventure de sa dépouille mortelle : https://www.tombes-sepultures.com/crbst_1702.html
« Après le service funèbre, suivi par les officiers français, Joseph Haydn fut inhumé dans l'ancien cimetière du Hundsturm, fermé en 1874 et transformé depuis en petit parc portant le non du compositeur (parc Haydn du Meidling). Seul vestige conservé de l'ancien cimetière, sa pierre tombale portant l'inscription : « Non omnis moriar »
En 1820, pour manifester sa fidélité à la mémoire d'un ancien serviteur, le prince Esterhazy du moment obtient l’autorisation de transférer ses restes dans une tombe de l'église du Calvaire d'Elsenstadt où il aurait vécu, composé et résidence de ses protecteurs.
Mais lorsqu'on ouvrit le cercueil pour identifier le corps, stupeur !... Il y avait bien la perruque mais pas de crâne à l’intérieur !
L'enquête de la police secrète autrichienne amena à deux étudiants en phrénologie. Revenant bredouille d'une fouille de chez l'un d'eux (son épouse ayant caché l'objet du délit sous le matelas sur lequel elle s'était alitée), le prince proposa alors de racheter la précieuse relique.
Après avoir restitué un faux, finalement, à sa mort, le voleur confia le crâne à un tiers en lui faisant promettre de le léguer à son tour par testament à la Geselischaft des Musikfreunde de Vienne.
Et c'est dans ce musée qu'il fut exposé de 1895 à 1954, année où le prince Paul Esterhazy parvient enfin à réunir le crâne au reste du corps dans son tombeau »
Une œuvre immense
« L’abondance de son catalogue témoigne de l’activité de cet homme que ses contemporains tiennent pour le meilleur musicien de son époque. Citons notamment les 104 symphonies dont beaucoup sont connues par leur surnom : nº 26 ″Lamentations″ ; nº 49 ″La Passion″ ; nº 60 ″Le Distrait″ ; n° 94 ″La Surprise″, n° 101 ″l’Horloge″, etc ; et puis 62 sonates pour clavier 83 quatuors, des concertos, des opéras, des messes, et surtout ses oratorios, « La Création » et « Les Saisons », qu’il compose à la fin de sa vie.
Cette productivité le desservira parfois car certains estiment que qualité ne rime pas toujours (dans son cas) avec quantité. Mais il est, avec Mozart, la figure majeure du classicisme viennois. Il a promu au plus haut niveau la forme sonate dans le répertoire du clavier, du quatuor à cordes et de la symphonie.
Citations
En 1784, il se lie avec Mozart qui a 28 ans, et il lui porte une tendresse paternelle mêlée d’admiration. Il déclare à son père : « Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition. »
En 1792, il donne quelques leçons à Beethoven qui a 22 ans mais il cesse rapidement car leurs personnalités sont trop différentes. Il le quitte en lui adressant ces paroles prophétiques rapportées par un témoin de l’époque : « Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez des pensées que personne n’a encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes. »