Dans une actualité saturée de conflits religieux, une exposition pérégrine présente des exemples de coexistence réussie entre croyants.
Comme une respiration bienvenue.
La coexistence n’est pas encore la communion, mais elle en est le marchepied. Elle est au cœur d’une exposition, qui, après le Mucem* (Marseille, 2015) et le Bardo (Tunis, 2016), arrive – remaniée et complétée – au musée national de l’Histoire de l’immigration : elle s’élargit de la Méditerranée à l’Europe et croise désormais la problématique des migrations.
Car la coexistence religieuse dans des lieux communs, et des expériences spirituelles proches, exprime une forme éminente d’hospitalité à l’étranger et se nourrit des déplacements de croyants.
Les trois monothéismes partagent des récits fondateurs, des traditions et des espaces communs : ainsi, Jésus et Marie sont cités dans le Coran comme dans le Nouveau Testament ; le récit des Sept Dormants est repris par les chrétiens et les musulmans ; les Lieux saints de Jérusalem, d’Hébron ou du mont Carmel réunissent, tout en les divisant juifs, chrétiens et musulmans.
Des esprits chagrins pourraient juger cette exposition trop irénique, mais le visiteur apprécie son regard décalé et sensible – à hauteur de croyant plus que de dogmaticien – sur tant d’expériences méconnues :
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la trêve religieuse de Lampedusa ; les sanctuaires partagés de Notre-Dame-d’Afrique (Alger), de Meryem Ana (Éphèse) et bientôt de la House of One (Berlin) ; le pèlerinage islamo-chrétien en Bretagne des émigrés franciliens auprès des Sept Dormants…
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Sans omettre, à côté des anonymes évoqués par leurs amulettes et ex-voto, les grandes figures intellectuelles ou mystiques que sont Abd el-Kader, Massignon, Chouraqui, Bentounès…
Des oeuvres contemporaines enrichissent une muséographie fluide et soignée : la Sourate de Marie (2004) et les Sept Dormants (2013) d’Akar, les Croix (2017) de Tuccio ou l’émouvante Barque avec la Sainte Famille sauvant un migrant (2013) de Badolato et Godano.
Si l’approche reste historique et anthropologique, elle ne manque pas d’évoquer le prix que payent aujourd’hui certains « bâtisseurs de paix » religieuse : des moines de Tibhirine à Paolo Dall’ Oglio et Jacques Mourad, otages de Daech. »
OLIVIER PRADEL - http://www.temoignagechretien.fr/articles/exposition-coexistences
Guidé(e) par une conférencière, découvrez comment les trois monothéismes (judaïsme, christianisme, islam) partagent des croyances, des pratiques, des figures tutélaires et des sanctuaires.
Avec l’exposition Lieux saints partagés, le Musée national de l’histoire de l’immigration revient sur ces pratiques et pose l’une des interrogations les plus sensibles du 21e siècle : celle des identités religieuses aujourd'hui.
Conçue à partir d’une enquête anthropologique que les commissaires Dionigi Albera et Manoël Pénicaud conduisent depuis plusieurs années, l’exposition met en lumière des circulations impliquant des hommes, des rites et des croyances et révèle des pratiques partagées qui se déploient dans des lieux chargés d'une forte sacralité.
Prolongement de l’exposition présentée au Mucem à Marseille, cette exposition est le fruit d’une profonde réécriture et est enrichie spécialement pour le Musée national de l’histoire de l’immigration par un parcours qui s’intéresse à la question des mobilités dans un cadre géographique élargi à l’Europe continentale.
http://www.histoire-immigration.fr/agenda/2017-05/lieux-saints-partages