PENTECÔTE 2020 Année du Coronavirus Premier dimanche après la reprise du culte
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Homélie
Comment ne pas ressentir, mes chers frères et sœur, mes chers amis, une joie profonde, une émotion réelle de nous retrouver ce dimanche, après avoir vécu tant de dimanches à regarder la messe à la télévision.
Ça allait un moment, ça nous a bien aidé à prier… puis s’est installée une certaine la lassitude. Et nous nous demandions, chacun, depuis chez nous : Quand allons-nous pouvoir revenir à l’église et vivre la messe, et non seulement la regarder, être présents ensemble, en communauté chrétienne, dans notre église pour écouter la Parole de Dieu, et participer de façon plénière à l’Eucharistie, et communier au Corps de notre Seigneur et Sauveur Jésus le Christ mort et ressuscité pour notre vie ?
Quand allions-nous revivre cela ? Aujourd’hui ! Ici et maintenant. Et quel jour béni : LA PENTECOTE… !
= Ce soir/ce matin nous nous sentons tellement proches des apôtres et de la Vierge Marie rassemblés dans la chambre haute de Jérusalem, en prière… ils étaient réellement confinés, vous savez. Oh pas à cause du virus COVID 19 mais à cause du virus de la PEUR qui les avaient comme paralysés, confinés, cachés. Jésus était monté au ciel ; qu’allaient-ils devenir, eux ses amis et sa mère ?
Consciemment ou inconsciemment ils espéraient très fort pouvoir sortir de nouveau, et donc être des êtres nouveaux, mais comment ? Pas par leurs propres forces… il attendaient le signe de l’ESPRIT SAINT.
Dans l’évangile selon Saint Jean c’est la MISSION qui déconfinera les apôtres. C’était le soir même de Pâques, jour de la résurrection du Christ ; et ils sont pris de panique ; ils avaient verrouillé les portes de leur maison par PEUR des juifs, confinés comme pris au piège de leur manque de foi et de courage. On les comprend… qu’aurons-nous fait à leur place ?
Alors à PENTECOTE, l’Esprit Saint vient sur eux.
Et le soir de PÂQUES, Jésus ressuscité apparaît tout d’un coup au milieu d’eux et, soufflant sur eux, leur donne l’Esprit Saint.
= Nous aussi nous avons besoin du violent coup de vent et du souffle du Christ pour que l’ESPRIT SAINT vienne et demeure en nous ; nous avons besoin des langues de feu et de la paix donnée par le Jésus pour devenir l’EGLISE de plein vent, missionnaire, témoin du Christ vivant.
Curieusement, plusieurs d’entre vous m’ont dit : finalement, on était bien aussi chez soi, tranquillement avec peu d’activités ; et des psychologues parlent du Syndrome de la Cabane, cette peur tenace face à la liberté, cette crainte du retour à la vie normale.
Rien de tout cela n’est bon pour notre vie, notre corps, notre esprit, notre vie sociale, notre foi et notre zèle apostolique.
Le souffle du Christ nous projette en dehors de chez nous ; les langues de feu réveillent nos langues restées muettes ; l’Esprit Saint délie nos entraves.
Car voici que s’ouvre un temps nouveau pour la mission, une mission en Eglise sans complexe, purifiée de ses anciens agissements abusifs !
Une Pentecôte pour notre Eglise souvent embourbée dans ses replis, trop centrée sur elle-même, méfiante de presque tout.
Car notre joie de retrouver la messe ne suffit pas. Jésus ne nous appelle pas seulement pour qu’on se réjouisse avec lui, mais pour le RENDRE PRÉSENT AU MONDE… et aussi POUR LE RECONNAÎTRE DÉJÀ PRÉSENT AU CŒUR DU MONDE.
C’est pour cela que, rassemblés à l’église pour la messe, Jésus nous « renvoie » ensuite, il « nous envoie » : Allez dans la Paix du Christ… toujours cette paix du Ressuscité qui nous accompagne dans la semaine dans tous nos lieux et situations de vie pour en rayonner.
A la suite des premiers envoyés, les Apôtres, Jésus nous dit aujourd’hui aussi : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ».
Notre mission est la même que Jésus !
Il n’y en a pas d’autres que celle que Jésus à reçue du Père.
Nous devons être dans le monde ce que Jésus y a été.
Si nous nous nourrissons de l’Evangile, nous voyons de qui Jésus s’est rapproché, comment il a traité les plus démunis, comment il a réalisé son projet d’humanisation de la vie, comment il a semé des gestes de libération, de salut, de pardon et de miséricorde.
Les blessures ou stigmates sur ses mains et dans son côté, nous rappellent le don total qu’il a fait de sa vie.
Jésus nous envoie, finalement, « reproduire » sa présence parmi les gens.
Mais nous sommes tellement fragiles… tellement d’argile ! Notre foi est bien faible ; et nous nous laissons piéger par les séductions du monde, égarer par le séducteur le Diable.
Oui, nous avons besoin, vraiment besoin de son propre esprit, l’Esprit Saint, son propre souffle.
Comme dans le Livre de la Genèse, Dieu avait modelé Adam avec de l’argile, puis il avait insufflé sur lui son « souffle de vie » ; et cette argile est devenu un être « vivant ».
C’est bien ce que nous sommes : un peu d’argile animé par l’Esprit de Dieu. Et c’est ce que sera toujours l’Eglise : de l’argile animée par l’Esprit de Jésus.
Des croyants fragiles, dont la foi est faible : des chrétiens, des théologiens, des prêtres, des évêques et des communautés en argile…
Seul l’Esprit de Jésus fait de nous une Église vivante. Les zones où son Esprit n’est pas accueilli restent « mortes ». Elles nous nuisent tous, parce qu’elles nous empêchent d’actualiser sa présence vivante parmi nous.
Esprit Saint, vient en nous, visite et transforme tout notre être, extérieur et intérieur et rends-nous saints comme tu es Saint.
Amen.