« Devenir prêtre, c'est donner la vie ! »
En la cathédrale Sainte Marie de Bayonne, en ce dimanche de la Solennité du Christ-Roi, Monseigneur Aillet ordonne diacre en vue du sacerdoce, Vianney Paquet et Vincent-Marie Vayne, bien entourés de nombreux prêtres, familles, amis et paroissiens.
Plusieurs Hendayais ont participé à cette magnifique célébration pour accompagner Vincent-Marie, déjà bien intégré dans notre paroisse. Ceux qui n'ont pu se déplacer s'y sont joints par la prière.
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« Bonjour, Monsieur l'abbé Vincent-Marie ; c'est bien ainsi que l'on doit vous appeler ? - »
Grand et beau sourire ; grand, dans la soutane qu'il a choisi de revêtir, Vincent-Marie acquiesce avec la douceur qui le caractérise.
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« Voudriez-vous nous dire comment vous en êtes arrivé à choisir le sacerdoce ? »
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« Ah !.... ce sont plusieurs concours de circonstances, mais c'est surtout la rencontre avec un prêtre ; un prêtre formidable, Jean-Jacques Courtade. Il était présent à mon ordination. »
Vincent-Marie est né dans une famille chrétienne, a été catéchisé mais comme beaucoup de jeunes, entre 15 et 20 ans, il a peu assisté aux messes si ce n'est pour certaines occasions. A cette époque, il n'éprouvait ni rejet, ni conviction.
Un jour, une copine lui propose de se joindre à un groupe de jeunes en partance pour un pèlerinage à Fatima. Vincent-Marie trouve très intéressant... d'accompagner cette charmante demoiselle !
Intolérant au gluten, il ne pouvait manger les sandwiches comme le groupe ; pour lui, en compagnie du prêtre accompagnateur, s'était restaurant tous les jours, ce qui lui a permis de découvrir cet homme hors norme et un lien très fort s'est tissé entre eux.
Chez l'abbé Jean-Jacques, c'était le havre de bonne entente pour tous les jeunes qui frappaient à sa porte, n'importe quand et à n'importe quelle heure. Ils aimaient s'y retrouver pour parler avec lui et l'abbé avait toujours quelques plats à leur proposer « à la bonne franquette ». L'abbé citait souvent Aristote et « la quantité de sel à consommer ensemble avant de pouvoir se connaître ».
Les jeunes appréciaient sa façon d'être dans la vie, sans leur faire de grands discours. Il était simple, « jeune » ; BON. Il témoignait d'un très grand amour pour la Sainte Vierge.
Vincent-Marie se souvient d'une jolie expression de l'abbé Jean-Jacques qui caractérise l'attitude de ce pasteur avec les jeunes : « Ce n'est pas en tirant sur les pétales d'une rose qu'on l'aide à éclore ; il faut l'eau, le soleil et beaucoup de patience »
Dans la même année, avec ce même prêtre et les mêmes camarades, ils firent un deuxième pèlerinage à Notre Dame de Lorette mais, études et vie professionnelle faisant, ils se perdirent de vue.
Vincent-Marie est cuisinier gastronomique ce qui l'a amené à beaucoup voyager. C'est un très beau métier que l'on fait avec passion, en se donnant à fond.
Alors qu'il avait une vingtaine d'année, en passant par la Hongrie, il eut envie d'envoyer une carte postale à l'abbé Jean-Jacques.
Il reçu une très belle réponse, une lettre manuscrite et une invitation au presbytère dès que cela serait possible. Ce jour venu, Vincent-Marie fut étonné que l'abbé se souvienne de tout après plusieurs années de silence !
Alors l'abbé lui proposa, ainsi qu'à un copain, d'accompagner un groupe de jeunes, d'une quinzaine d'années, en pèlerinage à Rome. Son copain s'est esquivé !... mais Vincent-Marie a accepté, non pas pour aller en Italie, qu'il connaissait grâce à son métier, ni pour faire un pèlerinage ou être avec les jeunes, mais pour le plaisir d'être de nouveau avec ce prêtre.
Finalement, ce fut un temps très fort d'amitié avec les jeunes et un pèlerinage inoubliable où, pour la première fois, Vincent-Marie a éprouvé un intense bouleversement lors d'une adoration eucharistique ; il a beaucoup pleuré alors même qu'il se sentait joyeux.
Depuis ce pèlerinage, la messe est devenue vitale pour lui. Même tard couché (20 ans !), il se rendait, le plus souvent possible, à l'Eucharistie du dimanche.
Chaque fois que Vincent-Marie rentrait dans les Hautes-Pyrénées, il se rendait sur Bagnères de Bigorre pour y voir Jean-Jacques et les jeunes de l'aumônerie avec lesquels il garde un excellent contact ; ils sont aussi venus à son ordination !
Quelque soit le pays où il travaillait, Vincent-Marie rentrait pour accompagner les jeunes en pèlerinage. Cette aumônerie connaissait un climat de véritable vie de famille, dit-il.
Petit à petit, il a ressenti « un manque » dans sa vie professionnelle alors même qu'il aimait ce métier pour le moins très vivant !
L'évidence de l'appel du sacerdoce faisait chemin en lui mais accompagnée d'une certaine crainte.
Quelques temps plus tard, Vincent-Marie, toujours en questionnement, entreprend une neuvaine à l'Immaculée Conception ; c'était un 8 décembre.
Le lendemain, le chef du restaurant lui demande de travailler le dimanche suivant, ce qu'il ne peut accepter car c'était la rentrée du groupe de scouts marins dont il s'occupait.
Après un dialogue où Vincent-Marie avoue que la gastronomie, toute motivante qu'elle est, n'est plus le but de sa vie, ce chef de grand restaurant, en pleine saison, avec un contrat signé !.... lui dit : « Si ce n'est pas ta vocation, je te libère »
Ce qui se fit à l'instant même, en cours de matinée !
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« Je ne savais pas ce que j'allais faire !.... je n'avais plus rien et pourtant, j'étais soulagé, en grande paix. »
Vincent-Marie a alors fait une demande de retraite dans un monastère de chartreux par courrier qui a, exceptionnellement, été acceptée. Il y a vécu dans « le grand silence » tout comme les moines, ce dont il ressentait un profond besoin après tant de voyages. Là, dans la plus stricte simplicité et la prière, tout remonte à la surface : sa vie, ses joies et ses peines.
En réparant une étagère de la bibliothèque des chartreux, un livre tombe et Vincent-Marie décide de le lire. Lui qui n'avait comme référence que l'abbé Jean-Jacques, lit alors cette exhortation de Pie XII : « La sainteté sacerdotale ». C'est alors qu'il retrouve dans ces pages ce qu'il sentait dans son cœur : « C'est bien ça que je veux vivre ! »
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(« Cet été, un soir en vacances, j'ai compris que de devenir prêtre, c'était donner la Vie »)
C'est bien sûr auprès de l'abbé Jean-Jacques que Vincent-Marie va chercher un avis :
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« Tu me connais mieux que moi-même, toi mon père dans le Christ ! Qu'en penses-tu ? »
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« Oui, rentre au séminaire. »
Vincent-Marie a donc fait sept ans de séminaire.
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« En rentrant au séminaire, on ne sait rien ; on rentre poussé par une force qui nous dépasse ; on peut avoir l'impression d'être un héros qui fait quelque chose de formidable mais en fait on n'est rien !
Il faut ces sept ans pour briser « le héros » et réaliser que l'on n'est rien tout seul. Jésus l'a dit à ses disciples : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire »
C'est douloureux de se laisser guérir, former, éduquer – ma grand-mère disait : « Quand ça pique, ça guérit » !
C’est aussi pour cela que la vie spirituelle est un combat, parfois douloureux. La grâce peut-être douloureuse.
Désinfecter et nettoyer une plaie, c’est douloureux ; la vie de chrétien, la vie de prière, ça pique parfois, et ça guérit !.
Nous sommes tous blessés par la vie mais ces blessures sont la seule porte pour recevoir la grâce.
Et la grâce, c'est le Christ.
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« Est-ce que l'ordination change l'homme ? »
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« C'est d'abord désarçonnant ! Je me sens plus petit que jamais, plus nécessiteux que jamais de m'abandonner à Lui. Sans Lui, on ne peut rien.
Mais c’est …. « géant » !...
En plus, pour moi, ce jour est doublement exceptionnel car cela faisait neuf ans que nous n’avions pas été réunis Papa, Maman, frères et sœurs !
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« Ah, oui !... que pense votre famille et vos amis de votre choix ? »
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« Ils sont heureux ! Et mes frères et sœurs s’intéressent petit à petit à la foi. »
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« Et pourquoi porter la soutane ? »
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« D'abord pour Marie ; dans une révélation privée (en Italie), elle a dit : « Tu diras aux prêtres qu'ils sont beaux dans leur soutane et que la Vierge est amoureuse d'eux »
Je ne suis qu'un pauvre type ; j'ai besoin d'être sans cesse rappelé à ce que j'ai choisi. Ce n'est pas très pratique, une soutane ; elle gêne et on ne peut oublier qu'on la porte !
C'est aussi s'effacer pour laisser toute la place au Christ, pour être là, disponible à ceux qui reconnaîtront ce vêtement qui entraîne le contact. Je l'ai déjà vécu, notamment avec les musulmans.
Par l’ordination, j’accepte d’être dépossédé de moi-même, d’être tout à tous. Comme les infirmiers dans un hôpital, ou le personnel d’un magasin, ce vêtement me livre à ceux qui voudront bien me déranger, pour confier une intention ou simplement poser une question. L’habit, porté dans la confiance, est aussi une prédication.
Mais le plus important, pour les diacres et les prêtres, reste la prière ; porter la soutane sans la prière reviendrait à se déguiser ! »
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« Merci, Vincent-Marie.
Que Bixintxo, notre saint patron diacre et Marie, en Notre Dame de la Bidassoa, vous qui l'aimez tant, vous accompagnent dans votre ministère à Hendaye ! »

































































