Une petite Italienne de 6 ans, sourde de naissance, se serait soudainement mis à entendre lors d’un pèlerinage dans le sanctuaire français.
Une petite Italienne de 6 ans, sourde de naissance, s’est mise inexplicablement à entendre dans le cadre d’un pèlerinage effectué à Lourdes, du 8 au 12 mai derniers, avec sa mère, son petit-frère, et sa grand-mère, au milieu de centaines d’autres pèlerins des paroisses de la ville de Milan.
La nouvelle fait depuis dix jours le tour des médias italiens. Joint au téléphone, le sanctuaire de Lourdes déclare « être au courant de l’emballement médiatique » que provoque l’événement, mais précise : « À Lourdes, toute grâce de guérison ou de conversion, est accueillie avec joie, mais il nous faut respecter les procédures qui obligent à la prudence et au devoir de réserve », d’autant qu’il s’agit d’une enfant, donc d’une mineure.
Les faits de la guérison
La petite fille, dont le nom n’est pas révélé, était atteinte d’une surdité profonde aux deux oreilles et elle devait porter des appareils acoustiques. Mais, le 11 mai dernier, à 20 h 30, elle les a enlevés en disant à sa mère : « Ils ne me servent plus, j’entends bien », témoigne Giuseppe Secondi, le directeur du pèlerinage organisé par UNITALSI-Lombardie. Il était en train de jouer avec elle et a assisté personnellement à la scène : « Je devais m’en aller car j’avais un engagement, mais je l’ai vu rejoindre sa mère et enlever ses appareils. Sans eux, elle était condamnée à la surdité. Alors sa mère lui a dit de les remettre mais elle a refusé affirmant qu’elle entendait bien. »
La fillette est originaire de Ligurie. Née le 25 décembre 2009, après seulement 26 semaines de grossesse, elle ne pesait que 800 g. Les médecins ont pu la sauver mais certains médicaments utilisés pendant ses trois mois d’hospitalisation, à l’Institut pédiatrique Gaslini de Gênes, ont provoqué des hémorragies cérébrales qui ont endommagé ses conduits auditifs. Les examens effectués plus tard confirmeront une « surdité profonde aux deux oreilles ». Mais grâce à la logopédie, la petite fille finit par apprendre à lire sur les lèvres et à parler, mais difficilement.
Le pèlerinage de la Miséricorde
Leur décision de partir en pèlerinage à Lourdes fut prise au dernier moment, en coïncidence avec l’année de la Miséricorde, « pour remercier la Vierge Marie d’avoir protégé notre enfant que nous avons risqué de perdre et qui a été sauvée, et chercher un soutien pour trouver la force d’affronter, elle, moi, nous tous, ce chemin de vie si exigeant », confie la maman. C’était leur tout premier séjour à Lourdes, « vécu avec beaucoup d’émotion et ferveur » dès les préparatifs, rapporte leur entourage.
« Quand j’ai entendu ma fille dire : “J’entends bien, je n’ai plus besoin de mes appareils”, mon cœur s’est mis à battre très fort… Elle avait effectivement l’air de mieux entendre. Les enfants ne mentent pas et ma fille ne les aurait jamais enlevés sans motifs », poursuit la maman. Ce jour-là, la nouvelle s’est aussitôt répandue parmi les pèlerins. « Nous avons fêté et ne cessons plus de le faire », raconte le directeur du pèlerinage, ajoutant : « Je ne sais pas donner un nom à ce qui s’est passé. Je sais seulement que c’est un événement à creuser et quelque chose de beau ». Le prêtre Giovanni Frigerio, l’assistant de l’UNITALSI, s’y essaie : « Moi j’appellerai cela une guérison. D’autres expliqueront le comment du pourquoi. Moi ce que je sais c’est qu’ici arrivent tant de personnes éprouvées dans leur corps et leur esprit, qui repartent ressourcées, prêtes à reprendre le cours de leur vie pleines d’espérance et de grâce ».
Prudence et réserve
La mère a aussitôt conduit sa fille au Bureau des constatations médicalesde Lourdes. Les médecins ont demandé toute la documentation antécédente et proposé de nouveaux examens audiométriques. D’après la mère et le responsable d’UNITALSI, « une amélioration de l’audition a effectivement été constatée ainsi que la réparation des organes ». Mais tous en conviennent, la prudence reste de rigueur. À Lourdes, « toute grâce de guérison ou de conversion est accueillie avec joie, mais la prudence et la réserve sont de rigueur, d’autant qu’il s’agit d’une enfant, donc d’une mineure », a commenté par téléphone, le bureau des communications au sanctuaire.
Effectivement, après le dépôt du dossier, le processus de vérification ne fait que commencer. Si le cas est estimé « sérieux », le médecin convoque un « Bureau », c’est-à-dire une réunion sur la « discussion d’un cas clinique », à laquelle peuvent participer tous les médecins et les soignants présents à Lourdes, quelles que soient leurs convictions religieuses.
Comment authentifier une guérison ?
Comme l’explique Patrick Theillier, ancien directeur du Bureau des constatations médicales, et membre du Comité Médical International de Lourdes (CMIL), « pour être reconnues miraculeuses, les guérisons inexpliquées survenues dans un contexte de foi doivent être authentifiées – d’emblée et indissociablement – à partir d’une approche médicale (raison) et d’une approche spirituelle (foi). Car la guérison miraculeuse est bien plus qu’une guérison médicale ».
Le rôle de la médecine, poursuit-il, est d’assurer la réalité de la guérison : « Il faut qu’il y ait objectivement passage d’un état pathologique avéré à un état de santé évident. Pour que l’étude médicale puisse conclure en faveur d’une guérison “certaine, définitive et médicalement inexpliquée” il y a quatre conditions nécessaires : certitude du diagnostic et de la maladie, pronostic fixé ou fatal, guérison surprenante et subite, traitement sans rapport avec la guérison ».
La constatation d’une guérison dans un contexte de foi est donc clairement médico-spirituelle. L’intervention des hommes de sciences est ici un préalable, mais une guérison « inexpliquée » n’est pas suffisante pour que l’on parle de miracle. C’est pourquoi, explique et conclue l’expert, on ne compte que 69 miracles reconnus à Lourdes, alors que le bureau médical a constaté plus de 3 000 guérisons objectivement inexplicables.
La 69e guérison reconnue miraculeuse par la Commission médicale remonte à juillet 2013. Survenue 24 ans auparavant, cela en dit long sur la lenteur, la complexité des procédures et la prudence de l’Église. Il s’agit du cas d’une autre italienne, Danila Castelli, qui a livré son témoignage aux médias en janvier dernier.