Lundi 11 juillet, bien qu'il n'y ait pas eu d'autorisation pour la présence du corps de Hirka, sous l'initiative de l'abbé Jean-Marc Lavigne, une petite assemblée de paroissiens s'est réunie autour des compagnons de rue de Hirka et des bénévoles de "Txoko", l'association qui leur vient en aide à Hendaye. 

Le sourrire de Hirka - son chien, Philie, recueilli par son copain Stan

Notre sympathique Hirka connaissait-il le grec ? 

La racine grecque "-Phil-" provient du mot grec signifiant "amour 

Philie : élément qui signifie « ami » ou « qui aime »

Andréa, ayant participé à l'association, a porté des fleurs 

que Stan dépose devant la photo de Hirka

La célébration peut commencer

Les compagnons de rue de Hirka ont préféré se regrouper sans prendre les places tout devant qu'ils leur été réservées. Bien sûr, leurs fidèles compagnons à quatre pattes étaient acceptés.

Après avoir accueilli l'assemblée, l'abbé Jean-Marc a invité ceux qui le souhaitaient à s'exprimer : 

Dominique, président d'honneur de Txoko :

"Hirka, homme fortement charpenté, tu n'étais pas un ange, mais, 

nous nous souviendrons toujours de ton visage tout rond et rose, 

de tes yeux de ciel, 

et de ton sourire largement accordé.

Adieu, Hirka ; que tu sois en paix !"

Andréa, très émue, dit à Hirka 

combien il était reconnu pour sa gentillesse !

Stan, ou Stanislas, associé à Hirka pour sonner les cloches à l'église Sainte Anne, remercie tous ceux qui sont venus à cette célébration pour son ami Hirka

L'émotion est forte chez les compagons d'Hirka

Alain, membre de Txoko, tient en main le chapelet retrouvé sur le lit d'hôpital de Hirka qui était proche de Marie, notre Mère à tous. Hirka était né le 1e janvier 1975.

PRIERE D’OUVERTURE

            Seigneur, tu vois la peine de ceux qui pleurent mort de leur ami Hirka ; viens les consoler ; puisque tu as fait entrer dans la vie du ciel Hirka qui a été lavé par les eaux du baptême, accorde-nous de connaître un jour avec lui la Joie qui ne finit pas.

          Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne, avec toi, dans l’unité du Saint Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles.

            Amen  

Procamation de l'évangile par l'abbé Maxime Edoh

Homélie

         Alors, son travail c’était la manche ; il m’avait dit un jour en partant rejoindre l’entrée de la poste : « Je vais au travail » ;

        Sa famille, c’était vous tous ses amis de la rue, sdf sans domicile fixe, mais aussi sdf solidaire des frères.

        Et parmi vous je veux nommer Patrick, ayant quitté sa Pologne natale… avec Irka, tous les deux étaient inséparables et déjà à San Sebastien avant d’arriver à Hendaye. Irka était comme le second papa du jeune Patrick, son aile protectrice. Je sais sa peine aujourd’hui.

         Et je pourrais en dire presque autant de vous les autres amis surtout de ceux qui étaient abrités à la Cité Ste Anne pendant de longues années… par décision de la paroisse même si nous avions reçu de nombreuses plaintes du voisinage directement ou par la bande. Mais c’est passé et c’est pardonné.

       Lazare était couché devant la porte du riche avec comme seule présence son chien qui était comme son infirmier lui citrisant ses plaies qu’il léchait. Irka aussi était attaché à son chien, fidèle et doux, présence fidèle ; ils ne se quittaient pas d’une semelle. Et en parlant de plaie, je me souviens de la jambe de Irka bien traumatisée : quelle souffrance a-t-il dû endurer. L’autre plaie était son manque de sobriété qui petit à petit, comme sur une pente savonneuse, l’a entrainé vers le bas… et pourtant il restait si agréable, calme et relationnel.

       Nous avons été nombreux à espérer qu’il quitte la rue pour intégrer un appartement, mais cela ne fut pas possible. Irka ne voulait pas être enfermé ni dépendant de nous ni obligé de rendre des comptes. Il voulait rester libre comme l’air. Nous les nantis, nous ne pouvons pas comprendre cela. Même si nous savons ce qu’il faudrait décider, nous sommes devant des hommes libres et nos conseils sont pour eux des mises en prison.            

       Pourtant nous devons continuer à tenir notre rôle de responsables et tout faire pour sauver nos amis de la rue. En même temps, nous ne les abandonnons pas ; ils sont nos frères et sœurs en humanité. Leur seule présence nous renvoie à nos vies, à nos loupés, à nos dépendances cachées… et à notre soif inassouvie de vraie liberté.  

        Désormais Irka a quitté ce monde, ayant épuisé son corps, et il est accueilli par Abraham comme Lazare avec tous les honneurs réservés à ceux qui ont souffert. Dieu les préfère, ceux-là. On l’oublie bien souvent.           

        Il était déjà près du ciel, notre ami Irka, car il était croyant : combien de fois ne l’ai-je pas vu faire le signe de la croix, regarder le ciel avec son regard doux, et frapper son cœur avec son poing pour nous manifester sa reconnaissance comme s’il nous tenait dans sa main pour ne plus nous abandonner. Oui, c’était un gars bien ; Dieu le sait ; il lui pardonne ce qui a pu être faux pas, abus et péchés ; il lui donne sa place au ciel où tout le monde est roi de la Royauté du Christ. 

       Je termine cette homélie en vous rappelant que nous fêtons aujourd’hui dans toute l’Eglise catholique saint Benoît.

          Il est le fondateur de la vie monastique des Bénédictins ; apparemment rien à voir avec Irka… Quoique…

         Voyez plutôt.

         Saint Benoît en ouvrant les portes de son monastère à ses visiteurs s’exclamait : « C’est Pâques quand je te vois ! » Autrement dit, c’est le Christ vivant que j’accueille.

            Comme saint Benoît sachons reconnaître qu’en accueillant celui qui frappe à nos vies, à notre porte, nous accueillons le Christ lui-même. En étant proche de Irka, nous étions proche du Christ. En continuant à accueillir ses amis sans domicile fixe, c’est le Christ vivant que nous accueillerons.

       Ce temps de crises nationales et mondiales, de grandes confusions, détresses et solitudes que nous vivons, ce temps où nous sommes affectés par la mort d’Irka, ce temps est aussi le temps de l’opportunité, le temps de la maturité pour accomplir quelque chose de bon, sinon de meilleur : « Me faire proche des autres. De tous les autres. »

           Et cette proximité, ce vivre-ensemble, toujours à inventer et réinventer est une hantise de notre pape François si sensible et agissant face à toutes les misères.

           Voici ce qu’il écrivait au sujet du but de l’actuel Synode dans l’Eglise :

« Faisons germer des rêves, suscitons des prophéties et des visions, soignons les blessures, tissons des relations, ressuscitons une aube nouvelle, apprenons l’un de l’autre, réchauffons les cœurs, redonnons des forces aux mains. »

            Amen 

Fin de la célébration 

Tandis que presque tout le monde est sorti,

Patrick et sa compagne sont allés mettre un cierge à Marie

L'abbé Jean-Marc a trouvé Patrick en pleurs

Dommage, sans photo de l'interessé !...

Un chien n'abandonne pas son maître même dans un mileu qui lui est étranger !