" Bravo à votre relais paroissial de Saint Jean de Luz de perpétuer la belle tradition du jour d’Adoration du Saint Sacrement "...
Bravo à votre relais paroissial de Saint Jean de Luz de perpétuer la belle tradition du jour d’Adoration du Saint Sacrement. Votre saint patron saint Jean Baptiste est bien avec vous, avec nous, en belle communion, lui qui a désigné le Christ : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! »
Phrase que nous reprenons à chaque eucharistie juste avant de communier au Corps du Christ.
Corps du Christ que nous sommes venus honorer encore davantage en ce dimanche de l’Adoration.
D’entrée, sachons qu’il ne faut jamais dissocier la messe et l’Adoration… sinon on couperait les racines de l’Adoration qui ne serait que du fétichisme… Non, c’est bien le Corps du Christ de la messe que nous adorons, qui est exposé, qui nous invite à passer du temps en nous laissant regarder par lui mort et ressuscité, dans ce beau sacrement.
Pour autant, nous n’oublions pas que nous sommes dans le temps du Carême. L’évangile de ce jour nous invite à vivre cette journée d’Adoration dans l’esprit du Carême.
L’Adoration peut être comparée à cette haute montage où le Christ nous invite à monter ; il est là avec nous ; il marche avec nous ; puis dans l’immobilité du sommet du Mont Thabor, comme dans l’ostensoir (d’ailleurs on appelle la petite estrade dorée sur laquelle on pose l’ostensoir le Thabor) donc dans l’immobilité du Thabor on ne s’agite plus, on ne va pas organiser un camping pour Jésus, Moïse et Elie, on regarde et on écoute. Le regard intérieur de la foi ; l’écoute attentive du cœur.
= Le Christ se révèle d’une étonnante beauté : « son visage… comme le soleil ; ses vêtements blancs comme la lumière. » Blanc comme l’hostie consacrée ; ce pain blanc qui devient pour notre foi le vêtement de la présence réelle de Jésus ; on est invité à croire qu’il est là présent sous les apparences du pain et du vin.
Voilà qui nous adorons et sous quelle forme nous l’adorons. C’est bien là qu’il faut apprendre à adopter un regard intérieur, un regard de foi. Sans cela nous sommes des idolâtres et on nous a bien trompé.
= L’écoute attentive aussi car sur la montagne le Père parle de son fils Jésus aux trois apôtres en leur disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ». Ecouter Jésus le Fils de Dieu : cela aussi c’est l’adorer ; car il nous expose aussi sa bonne nouvelle pour aujourd’hui et il est bon d’adorer le Saint Sacrement en prenant un page d’évangile ; sinon on se prie nous-même ; on pense à mille choses et on oublie que le Christ nous parle aujourd’hui de la part du Père. C’est bien là qu’il faut apprendre à rester en silence devant et avec Jésus qui nous parle au cœur. Sans cela la prière n’est qu’un miroir et l’Adoration un leurre.
= Et puis, il faut redescendre… Jésus ne veut pas garder ses trois apôtres en dehors du monde plus longtemps. Maintenant qu’ils ont vu et entendu, il faut qu’ils s’engagent avec lui pour annoncer la Bonne Nouvelle, pour guérir, pour relever, pour pardonner, pour aimer selon le cœur de Dieu. Cela aussi nous parle de l’Adoration. Car après avoir adoré, il faut y aller. La suite de l’évangile nous montre Jésus qui guéri un épileptique possédé.
Mes amis, le corps du Christ que nous adorons nous renvoie tout droit au corps de l’homme, de la femme, de l’enfant qui est blessé, qui est abusé, qui est rejeté ; malade, seul, demandeur d’asile ; sans toit, sans emploi, sans droit… (oh triste actualité de tous nos actes qui sont des gifles au Corps du Christ).
C’est aussi le corps social et le corps qu’est l’Eglise qui sont ainsi défigurés et non transfigurés par le Seigneur. Notre responsabilité d’humain et de chrétiens est grande pour redonner à nos frères et sœurs leur vrai visage qui est l’image de Dieu, la beauté du Christ.
L’Adoration du Saint Sacrement, ce moment privilégié d’imité avec le Christ, ce temps qui nous dépasse ; est aussi un temps où le Christ nous dit de vivre les yeux ouverts, l’esprit pur, les manches retroussées et peut-être les mains blessées… comme Lui, qui sera défiguré et cloué par amour… sommet de l’amour.
Et qui sera le bien-aimé ressuscité par son Père !
C’est lui que nous Adorons, lui qui nous précède auprès de nos frères et nous entraine avec lui pour que la vie gagne sur toutes les formes et forces de mort.
Jésus présent devant moi, dans le Saint-Sacrement exposé. Jésus présent devant moi, dans le saint sacrement du frère.
Comment est-ce que je vis cette double présence ?
Chers paroissiens de Saint-Jean-de-Luz et chers amis de passage, je suis heureux d’être parmi vous avec vos prêtres, ensemble frères et sœurs, pour à la fois me laisser, comme à chaque messe, étonner, dépasser par ce que nous célébrons ; et à la fois pour repartir avec vous sur les routes de la vie porteurs d’un peu plus de lumière. Car il est là le Seigneur présent et appelant.
Je conclus en nous livrant ces quelques mots de notre cher pape François sur l’Adoration :
« Adorer, c’est aller à l’essentiel : c’est la voie pour nous désintoxiquer de nombreuses choses inutiles, des dépendances qui anesthésient le cœur et engourdissent l’esprit. En adorant, en effet, on apprend à refuser ce qu’il ne faut pas adorer : le dieu argent, le dieu consommation, le dieu plaisir, le dieu succès, notre moi érigé en dieu. Adorer, c’est se faire petit en présence du Très Haut, pour découvrir devant Lui que la grandeur de la vie ne consiste pas dans l’avoir, mais dans le fait d’aimer. Adorer, c’est savoir se taire devant le Verbe divin, pour apprendre à dire des paroles qui ne blessent pas, mais qui consolent.
Amen.