"La Cité du Dieu vivant est une cité pleine d’une musique céleste d’Adoration. "
Bien chers amis, frères et sœurs,
Je relisais pendant mes toutes récentes vacances qu’en 2013 l’imam de la mosquée Al-Sunna de Brest avait dit aux enfants d’une école coranique en quels animaux ils seraient transformés s’ils écoutaient de la musique.
Vous savez que je ne suis en rien islamophobe, mais un tel discours tenu par un prêcheur radicalisé est insupportable.
Vous vous imaginez ce que serait un monde sans musique… !
Dans notre répertoire de liturgie chrétienne d’où vient le Gloria ou Aintza de la messe si ce n’est d’un chant qui annonçaient aux bergers la naissance de Jésus à Béthléem ?
D’où vient notre Sanctus ou Saindu sinon du chant des séraphins devant le Seigneur tel que nous le rapportent le livre d’Isaïe ou l’Apocalypse ?
Les bons connaisseurs de la Bible et du contexte juif et de son écriture nous indiquent que toutes les circonstances de la vie sont marquées par de la musique : on chante au temps des moissons et des vendanges. On chante au moment d’un départ ou d’un décès. Les 150 psaumes étaient chantés au son de la harpe. Le chant et la musique évoquent le plus souvent la joie et la beauté. Ainsi, le roi David chante et danse devant l’arche d’Alliance, devant son Dieu tant sa joie est grande.
Dans le même esprit, nous aimons danser Ezpata Dantza au son des txitus et ttunttun lors de nos fêtes patronales et estivales quand le prêtre tient levé pour la doxologie le pain et le vin consacrés, notre Seigneur et notre Dieu.
Alors, mes amis, vive la musique… mais non, nous ne serons pas transformés en bovins ou en bestioles !
Nous fêtons aujourd’hui le Christ Roi de l’Univers.
Le règne de Dieu est un règne où la musique sera reine. La Cité du Dieu vivant est une cité pleine d’une musique céleste d’Adoration. Le triomphe de la venue du Christ dans la gloire se fera au son de la trompette et du cor nous dit la Bible.
Le Christ vaincra, c’est sûr ; et la musique avec lui.
En attendant, nous le constatons tous, c’est plutôt le chaos, la cacophonie, le silence.
Il est des jours où s’installe dans nos esprits et dans nos cœurs, un grand doute quant à la victoire finale du Christ.
Mais envers et contre tout, nous continuons à chanter notre foi.
Envers et contre tout, nous croyons que le Christ règne. Nous le croyons au milieu des bombes, nous le croyons au milieu de la folie des hommes.
Car nous savons que, en Jésus, le visage qu’a pris l’Amour sur cette terre n’est pas celui d’un visage glorieux mais celui d’un visage ensanglanté… nous l’avons entendu dans l’Evangile de ce soir : Jésus mourant sur la croix, raillé par les chefs et les soldats…
Voilà notre Roi, le Christ Roi… pas un super héros.
Il a pris le visage d’un homme doux et humble de cœur, l’Amour venu mendier notre amour.
Face à cet amour nous sommes pris aux entrailles et mis en mouvement pour aimer à notre tour.
Et nous fêtons aussi ce soir sainte Cécile. On dit qu’elle chantait dans son cœur pour Dieu seul. Et cela le jour de son mariage avec Valérien… mais aussi le jour de son martyr alors qu’elle entendait une musique céleste.
Nous la fêtons au titre de Vierge et de Martyr car elle donna son cœur et son à Dieu seul.
Et bien, mes amis, partout où il y a de la musique, où il y a de l’harmonie, le règne du Christ est déjà là. Et si nous chantons dans notre cœur comme sainte Cécile, Dieu règne dans nos cœurs.
A nous, alors, d’étendre le règne du Christ en vivant en harmonie les uns avec les autres. Ainsi si nous associons et accordons nos voix à celles du Christ Jésus, alors le règne du Christ s’étendra de proche en proche.
On peut aussi comparer l’Eglise à divers instruments, partitions différentes, mais tous au service d’une œuvre commune, l’Evangile, sous la conduite d’un seul chef, le Christ.
Sinon, c’est la division entre chrétiens et nous donnons à l’extérieur le spectacle d’une cacophonie. Sans parler des fois où, après avoir pourtant communié, nos langues de vipères se mettent en route. Alors que nous devrions donner nos voix au concert du respect, de la paix, de la tolérance, du partage.
Le Christ, lui, est venu chanter un chant nouveau, celui de l’Amour. Nous, les chrétiens, nous pouvons apprendre à chanter ce nouveau chant par nos vies accordées à celles du Christ. Nous pouvons chanter ce cantique nouveau de l’Amour dans notre cœur au sein de la cacophonie, comme saint Cécile… tout tendus vers cette harmonie à laquelle nous aspirons.
Le Christ est vainqueur, n’en doutons pas. Accordons nos vies et nos voies au chant d’Amour du Christ pour son Père et pour tous les hommes.
Il n’est jamais trop tard pour instaurer l’harmonie en nous-mêmes, dans nos cœurs, mais aussi dans nos familles, dans nos communautés, et dans notre cité.
Dans notre cité ! L’an dernier au verre de l’amitié à la Mairie, après la messe de la Sainte Cécile, Monsieur le Maire, Kotte, par un trait de génie me disait : « il y a Sainte Cécile à l’église, il y a la Marianne à la Mairie » nous montrant le buste de la république.
Et sans opposer l’une contre l’autre, Cécile contre Marianne, Monsieur le Maire nous rappelait que chacun dans le respect d’une laïcité adulte, Eglise comme Commune, œuvrait dans son registre, mais aussi croisait, non le fer, mais croisait les cœurs pour qu’ils battent tous au rythme de la fraternité.
Voilà une belle partition à écrire et à jouer jusqu’à la fin de nos jours, n’est-ce pas ?
Amen