ASSOMPTION DE LA VIERGE MARIE
15 août 2023
Chers frères et sœurs,
Un peu d’histoire pour commencer. Nous l’avions oubliée, peut-être ? Eh bien voici en quelques lignes le comment et le pourquoi du dogme de l’Assomption.
C’est d’abord en 1854, que fut proclamé le dogme de l’Immaculée Conception qui a entraîné très vite à sa suite de nombreuses pétitions à Rome pour que soit officiellement défini le dogme de l’Assomption. « De 1854 à 1945, huit millions de fidèles écriront en ce sens. Il faut y ajouter les pétitions de 1 332 évêques, de 83 000 prêtres, religieuses et religieux. Face à ces demandes répétées, le pape Pie XII demande aux évêques du monde de se prononcer. 90 % des évêques y sont favorables. »
Le 1er novembre 1950, la constitution Munificentissimus Deus de Pie XII officialise en quelque sorte la fête mariale qui existe depuis quatorze siècles en proclamant que l'Assomption doit être désormais considérée comme un dogme de foi divinement révélé par Dieu. Marie, ayant été préservée du péché originel et n'ayant commis aucun péché personnel, a été élevée à la gloire du ciel, après la fin de sa vie terrestre, en corps et en âme : selon ce dogme, son enveloppe charnelle n'a pas à attendre la résurrection des corps à la fin des temps.
Mes chers amis, il est intéressant de réaliser, au passage, qu’un tel dogme, comme d’autres, ne prend pas ses racines et ne se développe pas au bureaux des papes à Rome mais qu’il est porté par les chrétiens depuis très longtemps ; ceux-ci insistant auprès du Saint Siège pour que soit officiellement reconnu ce qu’ils ont déjà perçu et discerné. On appelle cela le « sensus fidelium » ou le sens de la foi profondément enraciné dans le Peuple de Dieu qui reçoit, comprend et vit la Parole de Dieu au sein de l’Eglise. Notre saint Père François le dit avec des mots plus imagés : « le Troupeau possède aussi son propre ‘‘flair’’ pour discerner les nouvelles routes que le Seigneur ouvre à l’Église ».
Après cette introduction, restons encore avec le Saint Père qui, lors de JMJ de Lisbonne, il y a quelques jours à commenté l’évangile d’aujourd’hui.
Je le citerai abondamment.
Merci saint Père de m’avoir ainsi aidé à préparer mon homélie.
La Vierge Marie a dû voyager pour voir Élisabeth : « Elle se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse… ».
On peut se demander : pourquoi cette hâte à rejoindre sa cousine ? Certes, elle vient d'apprendre qu’Elisabeth, plus âgée qu’elle est enceinte, mais elle l’est également : pourquoi donc ?
Marie accomplit un geste qui ne lui est pas demandé et qu’elle ne doit en rien. Marie y va parce qu'elle aime, et que « celui qui aime court, vole, il est dans la joie »
Voilà ce que fait l’amour.
La joie de Marie est double : elle vient de recevoir l'annonce de l'ange qu'elle va accueillir le Rédempteur, et aussi la nouvelle que sa cousine est enceinte. Alors, au lieu de penser à elle-même, elle pense à l'autre.
Pourquoi ? Parce que la joie est missionnaire, la joie n'est pas pour un seul, elle est pour apporter quelque chose.
Nous sommes ici ce matin, les jeunes ont été très nombreux au JMJ, aujourd’hui des millions de personnes prient la Vierge Marie sur les cinq continents… or ce n’est pas pour eux, pour leur pomme, comme on dit : c’est pour porter avec joie le message du Christ et de sa Mère aux autres.
C'est pour le porter aux autres, parce que la joie est missionnaire !
Mais cette joie que nous avons, d'autres nous ont préparés à la recevoir : parents, grands-parents, amis, prêtres, religieux, catéchistes, animateurs, professeurs... Ils sont comme les racines de notre joie
La joie est venue à travers ces racines, cette joie nous devons la donner parce que nous avons des racines de joie.
Il ne s'agit pas d'apporter une joie passagère, la joie du moment ; il s'agit d'apporter une joie qui crée des racines.
La joie ne se trouve pas dans une bibliothèque, fermée – même s’il est nécessaire d'étudier ! - mais elle se trouve ailleurs. Elle n'est pas gardée sous clé.
La joie, il faut la rechercher, il faut la découvrir. Il faut la découvrir dans le dialogue avec les autres, où nous devons donner ces racines de joie que nous avons reçues.
Et cela, parfois, fatigue. Pensez à ce qui se passe quand on est fatigué : on n'a plus envie de rien, on jette l'éponge parce qu'on n'a pas envie de continuer, et alors on abandonne, on s'arrête de marcher et on tombe.
Croyez-vous qu'une personne qui tombe dans la vie, qui a un échec, qui commet même des erreurs graves, fortes, croyez-que sa vie soit finie ? Non ! Que faut-il faire ? Se lever !
Celui qui reste tombé sans se relever, s'est fermé à l’espérance, il s'est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu'un, un ami qui est tombé, que devons-nous faire ? Le relever.
Avez-vous remarqué le geste que l’on fait lorsqu’on doit soulager ou aider une personne à se relever ? On la regarde de haut.
Le seul moment, le seul moment où il est permis de regarder une personne de haut, c'est pour l'aider à se relever. Combien de fois, combien de fois voyons-nous des gens qui nous regardent comme ça, par-dessus l’épaule, de haut ! C'est triste. La seule façon, la seule situation dans laquelle il est permis de regarder une personne de haut est pour l'aider à se relever.
La Vierge Marie en son Assomption, n’est pas tombée dans la mort, elle s’est endormie et a été relevée par Dieu lui-même qui l’a accueillie au ciel.
Elle avait couru vers Dieu et sa volonté, elle avait couru vers les autres, elle avait suivi pas à pas Jésus, même au plus cruel de sa vie… elle n’a pas été anéantie ; elle est couronnée au ciel.
Elle est l’image de l’Eglise, qui, même battue par les vents contraires et blessée les chemins escarpés, est tirée vers le ciel et recevra la récompense da la fidélité. Elle devra alors se laisser relever par Dieu en reconnaissant ses chutes et les chutes qu’elle a provoquées… mais toute purifie, elle sera, nous serons dans la gloire du ciel.
Amen