JEUDI SAINT 2024
Jésus rassemble ses disciples autour d’un repas. On peut imaginer la joie de ceux qui ont été invités par le maître.
Ils savent combien ces moments avec lui sont des moments enrichissants, nourrissants et réconfortants. Ils aiment se tenir près de lui, profiter de sa Présence vivifiante.
Ça les encourage, ça les ressource, ça les unit aussi entre frères dans l’amour, cet amour de Jésus pour eux tous. « Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout. »
Voilà pourquoi nous sommes, nous aussi, réunis ce soir pour ce repas.
L’Eucharistie que nous célébrons est ce lieu où doit se manifester et se vivre dans la joie cette fraternité des disciples de Jésus.
L’Eucharistie que nous célébrons doit devenir ce lieu où, à l’invitation de Jésus, nous pouvons ressentir comme « il est bon pour des frères de vivre ensemble et d’être unis » chante le psalmiste. Nous percevons l’exigence qui nous revient concrètement de devenir signe de cette humanité nouvelle inaugurée en Christ, où nous apprenons à nous connaître et à nous reconnaître vraiment, à nous accueillir et à nous respecter dans nos différences, à tenir ensemble dans l’amour et la fidélité.
Jésus n’a réuni autour de lui pour ce repas ni des gens parfaits, ni des individus qui se ressemblent, mais cette humanité fragile, blessée, pècheresse qui a besoin d’être aimée, consolée et pardonnée.
Nous avons besoin, nous-aussi, frères et sœurs, de ce moment, de ce lieu de l’Eucharistie pour grandir dans cette communion d’amour et pour être transformés par cet amour fou de Dieu pour nous.
Et Jésus va le manifester de deux manières au cours de ce repas. « Nous célébrons ce soir l’Eucharistie, bien conscients que son prix fut la mort du Fils - le sacrifice de sa vie, qui, en elle, reste présent. Chaque fois que nous mangeons ce pain et buvons à cette coupe, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne, nous dit saint Paul. Mais nous savons également que, de cette mort provient la vie, parce que Jésus l’a transformée en un geste oblatif, en un acte d’amour, en la modifiant ainsi profondément : l’amour a vaincu la mort. » (Benoît XVI).
C’est par amour pour nous que Jésus s’est ainsi offert. C’est par amour pour nous qu’il est mort sur la Croix. C’est par amour pour nous que Jésus a donné sa vie. C’est par amour pour nous qu’il nous dit encore : « ceci est mon corps, qui est pour vous. »
Ce ne sont pas que des mots. C’est la réalité la plus objective. Ce corps nous est offert dans le sacrement de l’Eucharistie pour que nous soyons remplis de cet Amour véritable et ainsi transformés par lui, pour que nous ayons la Vie en lui.
Ce qu’il dit, il le fait. Ce qu’il promet, il le donne !
« Ceci est mon corps, qui est pour vous. Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang »
Comment refuser ce don de Dieu offert gratuitement pour notre bien ?
Comment ne pas l’accueillir humblement plein de reconnaissance et plein d’amour ?
Comment ne pas l’adorer chaque fois qu’il se présente à nous ? Sa Présence appelle notre présence, notre adoration, notre vénération comme nous allons pouvoir le vivre tout au long de cette nuit d’adoration.
Il est cette nourriture dont nous avons tant besoin pour être renouvelés, réconfortés et transformés. Il est cette grâce dont nous avons besoin pour grandir dans une communion d’amour avec Dieu et avec nos frères, on l’appelle même la grâce sanctifiante. Il est l’aliment de vie éternelle, ne nous en privons pas.
Mais cette transformation de nos vies, elle se réalise aussi dans ce geste que le Christ pose au cours de ce repas pour ses disciples. Jésus se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Geste surprenant du maître envers ses serviteurs. Jésus se dépouille pour se rendre plus proche, plus accessible. Jésus s’abaisse, humblement pour se faire pauvre parmi les pauvres. Jésus se fait serviteur pour redonner à l’homme sa grandeur et sa dignité. Jésus aime par cet acte bouleversant pour que l’homme soit sauvé, restauré, vivifié. « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »
Jésus dévoile ainsi les sentiments de ceux qui choisiront d’être ses disciples. « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » La transformation de nos vies passe aussi par ce chemin de l’humilité, du service, du don de soi, de l’attention aux plus petits, de l’amour offert, le contraire de l’arrogance, de la suprématie, de la vantardise, du chacun pour soi et du repli sur soi.
Et parmi ces serviteurs, il y a aussi nous les prêtres, qui sommes à votre service, et je suis heureux de dire, bonne fête à toi cher Beñat, à toi cher Philippe, à toi cher Maxime… et je vous adresse ces quelques mots que m’écrivait un ami moine-prêtres : « Chers frères prêtres et amis,
En ce jour du Jeudi Saint, mes bonnes pensées et ma prière vous rejoignent ; ce moment annuel de convergence spirituelle s’est fait plus intense cette année, tant les tribulations du monde trouvent écho dans le cœur du Christ et le nôtre. Bonne fête ! Que la joie du service nous remplisse et que l’Esprit du Seigneur continue à nous nourrir dans notre vie quotidienne et notre ministère.
C’est là le chemin qui construit la communion, qui fait grandir l’unité. C’est le chemin qui change les cœurs les rendant semblables au cœur de Dieu. C’est le chemin qui fait naître une humanité nouvelle et réconciliée.
Frères et sœurs, c’est le chemin que le Seigneur nous propose. Ce ne sont pas que des mots. C’est la réalité la plus objective qui nous presse, qui nous bouscule et nous interpelle. Il est le chemin de la vie éternelle, ne nous en privons pas.
Amen
