DEUXIEME DIMANCHE DE L’AVENT B
Mes chers amis,
Oh combien j’aime les images contrastées, apparemment contradictoires que nous offrent les Écritures et notamment ce dimanche de l’Avent.
Les trois lectures de ce jour foisonnent de tels contrastes mais loin de brouiller le message elles nous en donnent un réalisme intéressant.
Dans la vie ordinaire, on parle de contraste en termes de peinture, de sculpture, de littérature et de musique. On emploie aussi l’expression : l’art des contrastes.
Et bien les saintes Écritures, nos textes de ce dimanche, ne sont pas « manchots » en termes de contrastes. Voyez plutôt :
Première lecture du livre d’Isaïe le prophète.
Il parle à la fois d’abaissement et de relèvement.
Abaissement : « toute montagne et toute colline seront abaissées ; les escarpements se changent en plaine ; les sommets en larges vallées. »
Relèvement : « Monte sur une haute montagne. Elève la voix avec force, ne crains pas, toi qui portes la bonne nouvelle. »
Et la synthèse entre ces deux mouvements : c’est l’annonce du berger qui apporte paix et consolation : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. Annonce de Jésus le Bon Berger qui est venu et qui vient.
On rejoint là notre histoire avec le Christ.
Nous sommes nous aussi ces montagnes, ces collines, ces escarpements, ces sommets d’orgueil, d’ingratitude, de rejet des autres… nous en sommes bien conscients et nous en souffrons ; nous aimerions tant changer, nous aimerions tant raboter nos imperfections ; pour cela, il faut monter sur la montagne de Dieu, pas notre montagne, celle où Dieu nous donne sa Bonne Nouvelle : le silence, l’écoute du Seigneur, la brise légère ou le vent qui nous fait fermer les yeux. C’est ainsi que le Seigneur vient et nous transforme par sa Bonne Nouvelle d’amour.
Deuxième lecture en compagnie de saint Pierre.
Abaissement : « les cieux disparaitront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper… tout cela est en voie de dissolution. »
Relèvement : « Un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. »
La synthèse entre les deux : « En attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tâche ni défaut dans la paix. Vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu. »
On rejoint là encore notre histoire avec le Christ.
Oh que cela est vrai : nous voyons bien notre terre qui ne peut pas échapper à une certaine spirale descendante, comme une vis sans fin ; il y a toujours ce virus qui frappe dans tous les milieux, même un ancien de nos présidents en est décédé ; les cieux ne disparaissent pas avec fracas mais certains croyants sont troublés jusqu’à douter de Dieu, d’autres connaissent des faiblesses psychologiques, des entreprises, des commerces disparaissent…
Mais nous oublions que le ciel nouveau et la terre nouvelle ont été inaugurés par le Christ venu nous montrer le vrai sens des choses de ce monde depuis sa naissance lors du premier Noël ; et il a signé cette nouveauté avec son sang répandu sur la croix. Mais surtout ressuscité il nous a donné son Esprit, l’Esprit Saint, son souffle de vie qui vient au secours de nos vies essoufflées ou nos souffles courts.
Alors, confiance en Lui, foi en Christ. Il nous envoie donner à tous une nouvelle respiration, un souffle de vie pour que nos contemporains se relèvent de ces épreuves qui ne sont que passagères et qui leur feront découvrir de nouvelles raisons et motivations pour inventer demain… sûrement sur d’autres bases. C’est dans ce monde que nous devons hâter l’avènement du jour de Dieu, comme le disait St Paul.
Et nous en arrivons à l’évangile écrit par saint Marc avec la figure de Jean le Baptiste. Ici c’est l’abaissement qui gagne sur le relèvement, contraste intéressant là encore.
Relèvement : Jean attire les foules en attente d’une vie nouvelle. « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. ». Jean le Baptise, devant ce succès pastoral, pourrait-on dire, aurait pu enfler de superbe et voir le début de sa gloire.
Abaissement : au contraire, il veut s’éclipser devant le Seigneur Jésus qui sera bientôt présent : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
On rejoint là encore une fois notre histoire avec le Christ.
Et c’est Jean le Baptiste qui nous prend par la main ; il nous amène au bord de nos Jourdains pour nous réveiller, pour nous pousser dans l’eau, ai-je envie de dire.
Aujourd’hui il prend aussi la main de l’Eglise pour la réveiller quand elle a tendance à s’installer, à ne pas se mouiller pour l’annonce du Christ, à ne pas plonger dans la vie des hommes et des femmes qui sont pourtant en attente d’une Eglise proche, pauvre et pour les pauvres…
… une Eglise à la couleur et à l’odeur de Noël qui montre comment Dieu s’est fait homme avec les hommes en devenant un enfant et en invitant tous ses adorateurs à devenir comme des petits enfants, aimant leurs frères et sœurs, et regardant ensemble le même Père.
En résumé, trois enseignements possibles pour cette deuxième semaine de l’Avent :
= en étant humble, raboté, monter à la montagne du silence où se révèle l’appel de la Bonne Nouvelle
= en étant accueillant à l’Esprit du Christ, respirer de sa vie au cœur même de nos essoufflements
= en étant Eglise du Seigneur, la rendre proche et fraternelle, sans distanciation, mais en présentiel parce que témoins de l’Eternel Présent.
Amen