SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES B
Jeudi nous célébrions l’Ascension du Seigneur Jésus.
L’Ascension, c’est une manière pour Jésus de mourir aux yeux et de naître au cœur.
Il se retire du regard physique des humains pour éclairer tous ceux et celles que l’Esprit habitera.
Lorsqu’il a prononcé les paroles rapportées par Jean, l’évangéliste.
Jésus savait qu’il allait bientôt mourir, mais il prie pour ses disciples.
Certains d’entre eux seront ébranlés par la dureté des événements et vont aller jusqu’à le renier. Pierre dira trois fois : « Je ne connais pas cet homme » ; Juda le vendra pour quelques pièces d’argent puis pris de remords il mettra fin à ses jours ; les autres apôtres se cacheront par peur et quand Jésus mourra sur la croix, seul Jean, justement, sera présent, avec la Vierge Marie et quelques autres femmes courageuses, elles.
Pourtant quelques jours avant sa mort, Jésus prie Dieu le Père pour ses apôtres et aussi pour nous. Il ne prie pas pour qu’ils renoncent à l’abandonner. Il ne prie pas en pensant à lui.
Non, il prie pour que ces apôtres et nous les chrétiens nous ayons un rapport nouveau au monde. Une bonne et juste distance avec le monde.
Il dit : « Père, je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. »
Donc nous ne sommes pas du monde, mais nous sommes dans le monde.
Le monde auquel fait référence Jésus (pour l’évangéliste Jean) c'est tout ce qui s'oppose à Dieu, au royaume de Dieu.
En ce sens, Jésus lui-même est étranger au monde. En effet, il n'est pas du côté du pouvoir civil ou du système religieux mis en place par la caste des grands prêtres. Jésus n'est pas de ce monde qui méprise et écrase les pauvres et ceux qui sont faibles. Il n'est pas de ce monde qui rejette tous ceux et celles qui sont différents. Il n’est pas de ce monde qui accordait peu de valeur aux femmes.
Depuis Jésus, le monde et son environnement ont changé, mais il y a encore beaucoup à faire pour changer nos mentalités.
Nous sommes encore égocentriques, nous rejetons parfois la personne qui est différente par sa couleur, sa culture, son orientation sexuelle ou sa religion.
Nous aimons le pouvoir, l'argent et la possession même si nous en avons peu. Il s'agit là de difficultés et d'un combat quotidien incessant.
En tant que disciples de Jésus nous n’adhérons pas à tout ce que la société propose. Nous ne nous distinguons pourtant pas des autres gens dans nos sociétés occidentales. Nous obéissons aux lois établies… mais notre façon de vivre va bien au-delà de la loi et des principes moraux, car les chrétiens et les chrétiennes doivent témoigner clairement d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire.
Nous devons être une petite lumière dans la noirceur de notre monde matérialiste, une espérance pour celui-ci, des témoins de la présence de Dieu parmi nous et des témoins convaincus de sa résurrection.
Nous devons être au cœur du monde pour l'humaniser, pour y établir un peu de fraternité et de paix.
Nous devons être présents dans nos quartiers, dans nos lieux de vie pour faire que la dignité de toute personne soit respectée et lui soit révélée à elle-même d'abord.
Dieu ne conduit ni le monde, ni l'histoire. Il nous laisse notre liberté. Il envoie ses disciples dans le monde, mais ils n’ont pas pour mission de diriger le monde, ni de se conformer au monde et à ses exigences. Ils ne sont pas envoyés dans le monde pour entrer dans un système qui serait basé sur des considérations uniquement humaines, sur des principes mondains (comme le dit souvent le pape François).
La Bonne Nouvelle à annoncer c’est que Jésus est toujours vivant, qu’il parle et qu’il agit à travers les femmes et les hommes de notre temps.
Si aujourd’hui, le message ne passe pas et que les gens y semblent indifférents, c’est sans doute parce que nous parvenons mal à actualiser la Parole de Dieu aux réalités nouvelles vécues aujourd’hui. Le problème, ce n’est pas Pâques, ni l’Ascension, ni la Pentecôte qui approche. Le problème, c’est peut-être le langage pour dire à nos contemporains cette réalité du mystère pascal, c’est peut-être, aussi, notre foi en veilleuse.
Merci, Seigneur Jésus, d’avoir prié ton Père pour nous. Tu nous envoies dans le monde sans que nous soyons du monde. Garde-nous du mauvais et fais de nous les témoins de bien, du beau et de la vérité, bref, de l’amour qui vient de toi. Amen