CINQUIEME DIMANCHE DE PÂQUES B
Dimanche dernier Jésus nous disait : « Je suis le vrai berger. »
Aujourd’hui il nous dit : « Je suis la vraie vigne ».
Autant y a-t-il des faux bergers (mercenaires) qu’il y a une fausse vigne.
Voyez plutôt.
Cette image de la VIGNE court dans l’Ancien Testament pour décrire le peuple des croyants que Dieu veut faire grandir, je dirais pousser, féconder par sa parole, ses commandements et son amour.
Or Dieu a été déçu par sa Vigne, par son peuple. Il s’en plaint en disant : « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ? ». (Isaïe 5)
Dans l’Ancien Testament, la vigne n’est pas à la hauteur des attentes de Dieu.
Dans le Nouveau Testament, en revanche, la vigne est à la hauteur de ses attentes, parce que Jésus est la vigne, la vraie vigne qui, enfin, produit du fruit. En opposition à la « fausse » vigne qui ne produit pas de fruits.
On perçoit là tout le drame de Dieu : il n’a pas trouvé d’homme qui réponde à son amour. Le premier homme à répondre à son amour est le Fils, Son Fils qui devient Fils de l’homme, et il est la vigne, le premier homme à produire le fruit que Dieu désire, à produire le vrai raisin : ce doux fruit qu’est l’amour. Jésus Christ est la vigne qui produit le fruit de l’amour du Père et des frères. Il est donc la vraie vigne.
Sur notre terre, il y a 2000 ans, Jésus, le Fils de Dieu, a, en quelque sorte, été planté et il a produit les beaux fruits que nous savons par sa vie et son message, par sa mort et sa résurrection.
Et ce qui est intéressant, c’est qu’il nous dit : « Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments » Donc nous sommes greffés au Christ. Et sa vie passe en nos vies pour que nous produisions à notre tour de beaux fruits de foi, d’espérance et d’amour. Sa sève humaine et divine entre en nous et nous transforme en beaux sarments. Cette sève n’est-elle pas son Corps et son Sang que nous recevons dans la Communion eucharistique ?
Mais si, malgré tout cela, tout ce don du Christ pour nous, nous ne produisons pas de fruit, Dieu nous enlève… par contre si nous en produisons Dieu veille sur nous et nous bonifie.
Alors Jésus ajoute : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit… »
Voilà une nouvelle idée très importante dans l’évangile de saint Jean : DEMEURER. Ce verbe est employé 8 fois aujourd’hui.
Dieu a choisi notre cœur, notre vie, pour y établir sa demeure, pour en faire son toit. C’est magnifique !
Pourtant l’immensité de son amour ne peut entrer dans notre cœur.
Il ne nous reste donc plus qu’à lui demander la grâce d’avoir un cœur comme celui de Marie, la Vierge Mère, l’humble servante de Dieu, elle qui, plus que quiconque, a fait de la place au Seigneur dans sa vie, devenant physiquement aussi sa demeure.
Ce mois de mai qui commence, mois de Marie par excellence, nous le rappelle et nous invite à mieux le réaliser.
L’important est d’avoir un cœur droit et sincère, comme celui de la Vierge Marie, c’est-à-dire un cœur qui n’a qu’un désir : former une seule chose avec le Fils de Dieu venu parmi nous.
Il nous faut désirer de toutes nos forces être rien de moins que l’endroit où Dieu habite, de manière à pouvoir ensuite nous-mêmes habiter en Lui et trouver dans sa demeure sécurité, joie, miséricorde et paix.
Demeurer en Jésus n’est pas stérile, cela porte du fruit et ce fruit, c’est l’amour, et l’amour produit de la joie. Je crois donc pouvoir dire que la joie est le vrai fruit, signe de la présence de Dieu.
Le vin, produit de la vigne est donc signe de cette joie, de cet amour, du fruit que nous devons tous produire.
En restant unis à Lui nous poursuivons son œuvre qui est de donner la vie et donner de l’amour ; en nous séparant de Lui nous détruisons son œuvre et produisons des fruits de mort.
Malgré la fragilité de notre pauvre nature humaine blessée et infidèle, demandons au Seigneur la grâce de pouvoir « demeurer en lui », de nous établir dans son Amour qui devient notre maison, notre toit.
Mais cette maison est ouverte ; l’amour se propage par nous ; et cela porter du fruit. La seconde lecture nous le disait par la lettre de saint Jean : « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité…. Voici le commandement de Dieu : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus-Christ, et nous aimer les uns les autres… Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui”
La première lecture, du livre des Actes des Apôtres nous décrivait un autre fruit produit par les chrétiens : la paix vécue dans l’Eglise : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait… réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait. »
Chaque dimanche, nous nous rassemblons en Église. C’est ce même Esprit Saint, Esprit de Paix, qui nous garde reliés à lui pour que nous portions des fruits dans la semaine.
Ces fruits que Dieu attend de nous c’est d’abord notre amour de tous les jours pour tous ceux et celles qui nous entourent. C’est une attention toute particulière aux petits, aux pauvres, aux exclus qui sont de plus en plus nombreux en cette période de crise. Nous ne devons jamais oublier qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu. Si nous les rejetons, nous nous coupons de Jésus lui-même.
A n’en point douter, Dieu est fier de son Fils, la vraie vigne ; mais est-il aussi fier de nous ses sarments ?
La réponse : dans le concret de notre vie.
Amen