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La Paroisse
Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire
Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire

| Jean-Marc Lavigne 1048 mots

Homélie du 28ème dimanche du temps ordinaire

28ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

 

            La Parole de Dieu, dans toute la Bible, est loin d’être de la belle littérature que l’on range dans sa bibliothèque avec fierté ; dont on montre la belle reliure à nos visiteurs.

 

          Non, mes amis, la Parole de Dieu est vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants, nous disait la deuxième lecture ; avec cette précision : « elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur… Nous aurons à lui rendre des comptes. »

 

          Si on croit vraiment à l’intérêt d’écouter la Parole de Dieu, elle nous pousse à la vérité sur notre vie ; elle nous pousse alors à en vivre en vérité.

 

          = Et nous endossons maintenant les habits du roi Salomon, première lecture : comme lui ce n’est pas la richesse, le pouvoir, la santé, la beauté que nous devons rechercher en premier, mais bien, dans la prière, le discernement.

 

          Le discernement, c’est savoir réfléchir avant d’agir, puis c’est agir en ayant pesé toutes les conséquences de nos choix, et c’est alors, presque toujours, faire passer les autres avant soi-même.

 

          = Et ensuite nous endossons les habits d’un autre homme riche, celui de l’évangile de ce dimanche.

          Il a couru, et tout essoufflé, il se jette aux pieds de Jésus pour le questionner ; donc il cherche le discernement pour sa vie : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

          Jésus lui propose alors un cheminement pour discerner et ensuite choisir l’essentiel.

 

          Cet essentiel, ce n’est pas être en règle avec des commandements : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »  

 

          Alors Jésus n’hésite pas et il propose aussitôt : « Une seule chose te manque : liquide tout ce qui t’empêche de décoller, ton compte en banque, tes propriétés. Donne tout aux pauvres et puisque tu veux investir pour le ciel, viens, suis-moi ! »

Mais le jeune homme refuse « car il avait de grands biens. » Et Jésus ne fait aucun geste pour le récupérer. Il le laisse partir, il respecte sa liberté.

 

Plus que cela, il l’aime malgré tout. « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. »

 

Et ce même regard de Jésus se pose tout de suite après sur tous ses disciples rassemblés pour en conclure qu’il est impossible aux riches d’entrée dans le royaume des cieux, comme il est impossible à un chameau de passer par le trou d’une aiguille. Voilà la Parole de Jésus tranchante comme un épée.

 

Alors, ne bottons pas en touche : il y a des richesses qui nous encombrent, qui bouchent nos yeux, nos oreilles et nos cœurs à la présence et aux appels de nos frères et sœurs.

 

Combien de divisions dans des familles pour des questions d’héritage ? Et parfois pour des broutilles, comme quelques couteaux en argent… d’autres fois ce sont des chamailleries, des refus de signature pour mettre au clair la répartition des biens entre héritiers. Et cela s’enkyste jusqu’à faire exploser des familles fâchées à mort.

 

Mais aussi entre jeunes. J’ai été sidéré d’entendre un lycéen qui me décrivait l’arrivée de certains copains de classe au lycée au volant de voitures sans permis ; et je pensais la mode des marques de vêtements dépassée, pensez donc, les riches et les pauvres s’affichent encore et reproduisent toujours les mêmes divisions.

 

En matière de richesse, il me faut aussi partager avec vous la grande souffrance qui nous est commune après la connaissance du rapport accablant de la CIASE cette semaine sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique de France.

Il faut le dire, un prêtre comme un laïc en responsabilité pastorale peut être tenté de devenir riche de son pouvoir, en abuser jusqu’à abuser les plus faibles.

A nous, prêtres, le Seigneur nous dit, avec l’épée tranchante de sa Parole : « va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ». C’est-à-dire, va, je t’envoie dans le monde, les mains vides, les mains ointes de mon huile sainte depuis ton ordination, pour qu’elles soient consacrées à la mission que je te confie qui est ma mission pas la tienne, auprès des enfants qui sont mes enfants, pas les tiens. Ces enfants qui sont les pauvres, les petits, ceux qui doivent recevoir de toi le plus grand des respects, par une relation chaste, parce que moi Dieu je ne force personne à aucun acte quel qu’il soit.

Oui, cette richesse de pouvoir et de notoriété, nous prêtres, a brulé les doigts de certains d’entre nous ; quel malheur, quelle horreur pour ces jeunes victimes marquées à vie. Honte, tristesse et horreur nous accablent.

 

Je rends hommage à tous les autres prêtres qui vivent avec discernement et courage leur célibat dans la chasteté, dans une belle et juste distance avec vous, tout en restant abordables, simples et vrais. Il nous faut toujours veiller à être convaincants et dynamiques mais sans esprit manipulateurs. Là encore, Jésus dont le charisme était d’un niveau inégalable s’est pourtant bien gardé de manipuler ses apôtres, préférant même qu’ils le renient, le trahissent et l’abandonnent.

Or nous ne sommes pas plus grand que Jésus, notre maître, notre modèle, notre chemin. Celui que nous devons refléter c’est lui et lui seul et donc avoir des regards et des attitudes chastes et sobres.

Oui, mes amis, c’est tout un combat en nous, un combat de chair et un combat spirituel.

 

Ne désespérons pas de l’Eglise, ne quittons le navire Eglise. Il n’existe pas d’Eglise « bis », de canots de sauvetage où l’on pourrait prendre le large entre purs. Mais dans l’Eglise avec sa vertu et son péché, faisons encore œuvre de discernement pour un nouveau travail ensemble. Aidez les prêtres à être prêtre et c’est tout. Osez leur parler, les reprendre si nécessaire, les conseiller toujours, les écouter aussi.

 

Car nous sommes tous les membres du corps du Christ, l’Eglise, nous enseigne saint Paul. Quand un membre souffre tous les membres souffrent. Quand un membre est à l’honneur tous les membres sont à l’honneur.

 

Tout le reste n’est que mondanité, recherche de soi, mise à danger des autres, et finalement grave contre- témoignage du Christ et de son Amour.

 

                                                           Amen

 

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CIASE ©
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