26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A
Au temps de Jésus, dans le grand Temple de Jérusalem, les prêtres officiants passaient par un portail surmonté d’une treille où pendaient de gigantesques grappes de raisin en or massif.
Ainsi, ces prêtres, avant chaque célébration, ne pouvaient pas oublier qu’ils étaient au service de la Vigne du Seigneur.
La vigne est une image, un thème très important et abondant dans les écrits bibliques avant Jésus, pour décrire le monde que Dieu aime et sauve et duquel il attend une belle vendange de foi, d’espérance et d’amour.
Situons le moment où Jésus a raconté cette parabole des deux fils envoyés à la vigne de leur Père, en St Matthieu, quelques versets plus haut : Jésus entra dans le Temple et se mit à enseigner ; les chefs des prêtres et les anciens du peuple s’approchèrent alors et lui demandèrent : « De quel droit parles-tu ainsi ? Qui t’a donné autorité pour cela ? »
Et c’est alors que Jésus raconte la parabole que nous lisons aujourd’hui.
C’est dire qu’il cible ces chefs des prêtres et ces anciens… ils sont « le premier fils » de la parabole, le peuple de la promesse, le premier peuple élu par Dieu pour se révéler… or pour Jésus, ils ont dit « oui » à Dieu… mais ils n’ont pas mis en pratique ce « oui ».
Les prêtres du Temple sont alors furieux d’être ainsi montrés du doigt.
Par contre « le second fils » de la parabole représente ceux qui ont dit « non » au départ à Dieu : ils étaient prostitués, pécheurs, publicains… ce sont Zachée et Matthieu, les collecteurs d’impôt ; c’est Marie Madeleine, la pécheresse ; le centurion romain ; mais aussi Pierre et les autres apôtres qui venaient de loin, quand on y réfléchit… maintenant ils ont dit « oui », ils ont été retournés par le regard, l’appel, le message et l’attitude de Jésus ; ils ont vu en lui, Dieu parmi eux, source de conversion.
Et Jésus affirme que ceux-là, ces derniers à tout point de vue, précèderont les premiers dans le Royaume de Dieu.
En fait les premiers fils avaient répondu « oui » au Seigneur en se consacrant totalement à lui… mais ils ne se rendaient plus compte que leur cœur avait besoin de changer.
Par contre les autres, tous ces pécheurs, aux cœurs blessés, pouvaient y accueillir la tendresse et la volonté de Dieu.
Jésus voit les cœurs bien plus en profondeur que nous : et il fait le choix de rejoindre de façon privilégiée (mais non exclusive) ceux qui ont soif de salut, les cabossés de l’âme, du corps et du cœur.
Par son pardon, ils ont reçu la grâce d’aller travailler à sa vigne.
Loin de moi, de jeter la pierre au peuple juif d’hier ni d’aujourd’hui ; ils sont nos voisins et nos amis, notre frères ainés dans la foi. De plus et surtout, la première alliance n’a jamais été abrogée par le Seigneur ni par l’Eglise et nous la respectons comme la prunelle de nos yeux, comme source et racine de notre foi.
Ceci dit, nous qui sommes les disciples du Christ, nous suivons son enseignement, ses appels jusqu’à nous laisser bousculer au plus intime de nos cœurs.
Ainsi, pour aujourd’hui, cette parabole nous concerne tous, chacune et chacun.
Nous sommes invités à vérifier si, avec l’usure du temps, nos « oui » ne sont pas formulés du bout des lèvres, nos promesses ne deviennent pas une obéissance de surface.
Dieu n’aime pas les tièdes.
Un amour qu’on laisse vieillir peut transformer un « oui » en « non ». Un « oui » prononcé il y a longtemps a souvent besoin d’être renouvelé. Nous le savons bien dans nos engagements divers, notamment dans le mariage mais aussi dans l’ordination.
Car ne l’oublions pas le Seigneur demande des ouvriers pour travailler à sa vigne. Là, nous sommes tous au même niveau, laïcs et prêtres, même si ensuite, notre manière de servir nous distingue mais ne nous coupe pas les uns des autres : tous ouvriers de la vigne de Dieu !
Cet appel du Seigneur, depuis plus de 2000 ans, relayé par les théologiens, les pasteurs, et les papes, mais aussi la réflexion féconde du peuple de Dieu, retentit encore aujourd’hui.
Demandons-nous :
Quelle est la parcelle de vigne où Dieu m’envoie ? Quelle est la mission qu’il veut m’y confier ? Les situations nouvelles dans lesquelles nous nous trouvons, les défis économiques et sociaux mais aussi environnementaux, la présence de l’Eglise à notre société, à nos villes et villages… sont autant de questions qui obligent à remettre régulièrement à jour notre réponse au Seigneur : nos « oui » autant que nos « non ».
En cette période de rentrée, il est bon d’y réfléchir car le Seigneur compte sur nous.
Ne l’oublions pas : seul l’évangile vécu est éloquent.
Amen