26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE A
Qui n’a pas fait l’expérience en famille de ceci : la maman ou le papa appelle son enfant qui est en train de jouer dans une salle à côté : « Jérémie, Viens à table ! »
« Oui, j’arrive » crie en retour le petit. Mais il ne bronche pas et continue à jouer sur sa tablette… et il faut répéter et répéter.
Par contre l’adolescence, à la même question, grogne et crie « attends » ; et puis une minute après, un peu bougon, il est quand même là.
Dans l’évangile de ce dimanche, nous voyons aussi un père qui a deux fils ; il leur demande d’aller travailler à la vigne familiale… « Oui » dit l’un et il n’y va pas. « Non » dit l’autre et finalement, il y va.
« Lequel des deux a fait la volonté de son père ? »
« Quel est votre avis ? » demande Jésus à ceux qui écoutent cette parabole.
Une seule réponse possible : pour obéir, il ne suffit pas de dire, il faut faire. Tous donnent donc la bonne réponse.
Alors, pourquoi Jésus les invective-t-il si violemment, ces grands-prêtres et ces anciens du peuple ? Au fond, les autorités religieuses à qui il s'adresse font bien la volonté de Dieu. C'est leur métier : l'enseignement et le culte.
Or, Jésus les disqualifie au profit de ceux qui sont le rebus de la population : les publicains et les prostituées.
C'est que ces derniers, à l'appel de Jean-Baptiste, se sont convertis. Littéralement, ils se sont retournés, ils se sont mis en mouvement. Alors que les fonctionnaires du culte n'ont pas bougé, murés qu'ils étaient dans leurs convictions, dans leurs certitudes.
Cela veut dire que le premier Peuple, le peuple élu depuis Abraham a dit « oui » un temps à Dieu ; mais n’a pas réitéré ce « oui » puisqu’il a refusé Jésus comme Messie.
Mais le nouveau peuple, suscité par Jean-Baptiste qui appelait à la conversion, certes avait dit « non » au départ puisqu’il vivait dans le péché, collecteurs d’impots voleurs, prostitués ; ce peuple de pêcheurs s’est converti, à reconnu en Jésus le Messie Sauveur et son « non » est devenu « oui ».
Tout cela est valable pour aujourd'hui. Pour chacun de nous. Jésus critique l'attitude de certains "croyants" (nous peut-être), alors qu'il met en valeur d’autres croyants.
Pour faire simple, disons que croire, ce n'est pas seulement se faire une idée de Dieu, de la vie et des autres. Cela ne suffit pas. Croire c’est changer quelque chose à sa vie ; croire, c'est apprendre à bouger, à se déplacer, à se remettre personnellement en question. C'est accepter de se laisser retourner par une Parole.
La vigne dont parle Jésus, c'est notre monde. Et travailler à la vigne, c'est œuvrer efficacement à faire réussir ce monde qui est le nôtre pour qu’il soit déjà quoique pas encore le Royaume de Dieu.
Chacun à sa place. Pas avec de grands discours, mais par des gestes concrets.
L'évangile fait la chasse aux idées généreuses, même si elles sont très efficaces. Il veut des gestes très simples, à notre portée : un peu de tendresse, un sourire, un geste de solidarité, une visite. Il demande qu'on s'arrête auprès de celui qui attend justement un regard, un sourire, un geste d'amitié, pour pouvoir repartir. L'évangile veut la proximité. Aller à la vigne, c'est se déplacer pour aller à l'autre.
L’actualité nous provoque à deux marches, de teneurs bien différentes, qui regrouperont des personnes bien différentes aussi. Deux marches pour lesquelles la mobilisation des chrétiens ne doit pas faire défaut (chacun discernera en conscience) ; je veux parler de
MARCHONS ENFANTS à l’appel de plusieurs associations confessionnelles ou non afin de demander un grand discernement aux sénateurs qui vont examiner en deuxième lecture le projet de loi sur la bioéthique ouvrant sur la PMA. Ce sera le 10 octobre à Bayonne et dans plusieurs villes de France.
Et puis
LA MARCHE DES SOLIDARITES à l’appel de la CIMADE et d’autres associations pour la régularisation des sans-papiers, la fermeture des Centre de Rétention et l’obtention d’un logement pour toutes et tous. Ce sera le 3 octobre à Hendaye et à Bayonne et ailleurs en France jusqu’au 17 octobre devant l’Elysée.
Voilà des façons concrètes de se déplacer pour aller à l’autre, de mettre l’évangile dans la vie, d’aller à la vigne de Dieu notre Père, comme des fils responsables quitte à revoir nos façons de faire.
Et il y a tant en tant d’autres domaines où notre « non » peut devenir un « oui » responsable, rempli de l’Esprit du Christ.
Amen