24ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
Chers amis, frères et sœurs,
L’homme, la femme, l’humanité sont importants pour Dieu.
Il s’est engagé pour cette humanité. « Ne crains pas je suis avec toi ! » dira-t-il tant de fois par ses prophètes.
Lorsque l’humanité prend des chemins indignes de sa vocation, Dieu ne peut y être insensible. Cela ne peut le laisser froid ! On pourrait même dire que si l’humanité se perdait elle manquerait à la joie totale qui est en Dieu.
Cela peut paraître invraisemblable : nous manquerions à la joie de Dieu ?
Oui, l’évangile nous permet de le dire, l’évangile d’aujourd’hui en particulier.
Celui qui a raconté ces étonnantes paraboles de la brebis retrouvée, de la pièce de monnaie retrouvée, du fils retrouvé, n’est autre que le Fils de Dieu, la Parole même de Dieu.
Et l’image qu’il donne de Dieu, son Père, est d’une
nouveauté absolue et fantastique. Elle est vraiment Bonne Nouvelle car elle démolit toutes les fausses idées, toutes les images déformées de Dieu qui ne cessent de hanter l’humanité et qui font que tant d’hommes et de femmes se lèvent, avec raison d’ailleurs, contre lui.
Notre Dieu révélé en Jésus Christ est un Dieu qui porte l’humanité : tel ce berger de la parabole qui, ayant retrouvé sa brebis perdue « la prend sur ses épaules, tout joyeux ».
C’est un Dieu qui cherche l’homme, qui lui court après, qui remue terre et ciel, telle aussi cette ménagère qui est prête à chambouler toute sa maison pour trouver une pièce d’argent perdu.
Remarquons que dans les deux cas c’est Dieu qui prend l’initiative, c’est d’ailleurs lui seul qui peut la prendre : la brebis n’a plus les moyens de trouver son chemin. En a-t-elle vraiment envie, cela n’est pas dit. Ne parlons pas de la pièce d’argent, elle est sans conscience.
C’est d’ailleurs cette dernière image qui nous montre le plus explicitement que dans cet évangile - bonne nouvelle - il n’est pas question de repentir, de conversion de la part de celui qui est perdu, de celle qui est égarée, il n’est question que de la joie de Dieu qu’il tient à partager.
D’ailleurs même dans la parabole du fils retrouvé qui suit les deux paraboles, ce n’est pas son retour, très intéressé, soit dit en passant, qui est mis en avant, mais le banquet, la musique et les danses de la fête organisée pour son retour qui est bonne nouvelle.
Alors comment être, nous, chacun de nous, la joie de Dieu, objet de fête et de réjouissance pour Lui ? Peut-être tout simplement en sortant de notre cachette bien protégée - chacun, chacun a la sienne - ! et en nous laissant trouver, retrouver par Lui.
Nous sommes tous, certains jours, comme le fils prodigue et il nous arrive à tous aussi d’être comme le fils aîné.
Cependant, la parabole de Jésus ne cherche pas à nous donner un des fils en exemple mais à nous montrer ce père qui fait exploser toutes les échelles de mesure, dont la réaction surprend tout le monde. En un instant, en un regard, il oublie les fautes, les peines, son pouvoir de père et de grand propriétaire, son argent dilapidé.
Il se laisse submerger par l’amour, il laisse éclater tout cet amour qu’il n’avait encore jamais donné à son fils. Le pardon coule de source et il n’est plus question que d’aimer et de fêter ses merveilleuses retrouvailles.
En fait, derrière la figure de ce père, Jésus veut nous faire découvrir son Père. Ce Dieu si différent de ce Dieu que nous imaginons souvent.
Car Dieu ne cherche pas à punir, encore moins à se venger. Il ne vient pas en grand roi, en riche et puissant propriétaire. Nous ne sommes pas ses esclaves ou ses ouvriers.
Il vient avec son cœur sur la main, sa bouche qui murmure des paroles d’amour et de pardon.
Autant d’amour, mes amis, ne peut que nous bouleverser car tout d’un coup plus rien d’autre n’a de l’importance.
Alors, garder de la rancœur devient impossible, même aux plus endurcis d’entre nous.
C’est par son amour que Dieu veut nous sauver, non par son pouvoir ou sa force.
Maintenant que nous savons à quel point Dieu nous aime, nous ne pouvons plus continuer à vivre comme si de rien n’était.
Nous ne pouvons plus continuer à nous déchirer, à vivre à quelques kilomètres de notre famille sans aucun contact, à rejeter celui qui voudrait nous revoir, à nous combattre sans penser au bonheur de nos enfants, au seul vrai héritage que nous avons…
Oui, mes frères et mes sœurs, “aimez-vous les uns les autres”, vivez en paix et en harmonie. Ne restez pas dans votre tour d’ivoire, faites un pas en avant pour que tout à l’heure vous aussi vous puissiez dire : “Mon fils (ou mon frère) que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.”
Tout ceci me donne envie de tirer 2 petites conclusions :
= La première est l’urgence de prendre conscience que Dieu est toujours à notre recherche, si loin que nous soyons partis. Nous lui sommes si précieux qu’il abandonne tout pour nous, nous sommes l’objet de tout son amour.
= La seconde en est la conséquence : essayons à notre tour de partager la joie de Dieu en reconnaissant et même en admirant tous les efforts de ceux qui, étant tombés, tentent de revenir, de remonter la pente. Et ainsi par un regard nouveau, le même que Dieu, notre mépris, notre dédain, nos critiques négatives, se transformeront en encouragements qui seront sources d’allégresse et de joie.
Amen