23ème Dimanche du temps ordinaire B
Qui n’a pas été témoin de scène familiale comme celle-ci : le père dit à son adolescent, un peu rêveur, à qui il parle depuis longtemps mais qui ne réagit pas : « Tu es sourd ou quoi ? »
De même après une remontrance infligée à son enfant, la maman qui cherche à savoir la vérité sur une bêtise commise dit à son petit vexé et muet : « Alors tu ne dis rien ? Parle enfin ! »
Oui, être sourd, être muet… c’est ne pas entendre, ne pas parler, soit parce que l’on est né comme cela, soit parce que la maladie nous a paralysé… soit parce que nous préférons parfois nous fermer aux autres…
Être sourd, être muet place l’être humain dans la difficulté, autant pour lui que pour ses proches.
Jésus, nous l’avons bien vu dans l’évangile, au contact d’un homme sourd-muet ne s’énerve pas. Il ne fait aucun reproche. Il l’invite même à le rencontrer loin de la foule, dans une certaine intimité… il ne peut pas lui parler puisque l’autre n’a pas l’usage de l’ouï… mais il le touche… mettant ses doigts divins dans les oreilles du malade, et sa salive sur la langue du sourd-muet, actualisant l’acte créateur décrit dans le poème biblique des origines ; Jésus était lui-même la main de Dieu qui créa l’homme au commencement du monde.
Jésus est encore lui-même la main de Dieu qui recrée le sourd-muet en le guérissant.
Déjà Isaïe, 700 ans avant Jésus, l’avait annoncé :
« Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver.
Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie ».
Ce Dieu qui vient et qui sauve, c’est le Christ Jésus.
Le sauveur est parmi les hommes ; il est venu habiter parmi nous. Et il ne cesse de dire : « Effata » « Ouvre-toi ! »
Et avec St Jacques dans sa lettre pénétrante sur l’accueil de tous dans les assemblées d’églises… nous découvrons que notre Dieu préfère justement, les souffrants et les petits : « Ecoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? ».
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Et nous ?
Ne sommes-nous pas parfois sourds à la parole de Dieu quand elle nous paraît trop dérangeante. Sourds aussi peut-être aux appels de l’Eglise quand cela nous bouscule où qu’elle nous sollicite dans une direction que nous n’avions pas envisagée.
Et puis nous sommes aussi sourds aux attentes des plus pauvres tout près de nous.
Trop souvent sourds enfin aux cris qui s’élèvent contre l’injustice et qui dénoncent les structurent de péché dans des choix politiques, dans des décisions économiques, que ces soit au niveau local, national ou mondial.
Ne sommes-nous également muets ? Oui, nous le sommes quand nous n’osons pas risquer une parole de foi (entre amis ou dans les différents milieux où nous vivons).
Muets pour ne pas perdre nos privilèges, pour sauvegarder notre tranquillité.
Muets là où nous devrions rendre témoignage au Christ ressuscité.
Soyons sincères : nous sommes sans cesse en demande de guérison : c’est une vraie guérison, un vrai miracle d’arriver à aimer nos semblables, à vraiment leur « parler », de vaincre nos raisons de nous isoler ou de nous venger. Oui Dieu peut tout faire en toute vie qui accepte de s’ouvrir !
Notons que le sourd-muet guéri par Jésus se met à chanter la louange du Seigneur ; il s’ouvre aux merveilles de l’Evangile et ainsi devient un témoin de la Bonne Nouvelle au milieu des païens. Suivons nous-mêmes sa démarche.
Alors qu’une nouvelle année pastorale s’inaugure, le Christ veut nous libérer de nos calculs et de nos peurs.
« Effata ! » « Ouvre-toi ! » est une parole de libération, une parole de vie, une parole qui met en marche.
Mes amis, n’étouffons pas cette parole : laissons le Christ nous parler, nous toucher, nous recréer et nous libérer… c’est lui qui nous relance dans la vie par Sa Vie !
Amen