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La Paroisse
Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire
Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire

| Jean-Marc Lavigne 988 mots

Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire

22ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B

 

          Dans cet évangile, Jésus pose une question : à quoi bon se laver les mains, si le cœur n’y est pas ? 

Alors que les mamans se rassurent : Jésus ne dit pas que les enfants peuvent manger les mains sales !

De même dans le contexte sanitaire actuel, nous savons que ce geste est indispensable. En raison de la pandémie, il faut absolument tout faire pour se protéger et protéger les autres contre la maladie.

 

Jésus ne parle pas ici d’hygiène, il parle de religion, il parle de ce qui habite notre cœur au plus profond.

 

Pour les pharisiens, ce geste était religieux. A l’origine de ces coutumes, il y avait un sentiment de grande délicatesse à l’égard de Dieu. Se laver les mains donnait au repas une signification sacrée : on mangeait devant Dieu et on le remerciait de nous fournir le pain. C’était très beau.

Seulement voilà, comme c’est souvent le cas avec nous les humains, les belles traditions se dénaturent avec le temps. Et pour les pharisiens, ces pratiques sont devenues une manière de séparer les gens : les juifs doivent se garder de contact mauvais avec les païens, les justes doivent s’écarter des pécheurs, les bien portants s’éloigner des malades.

 

Jésus, lui, affirme le contraire. Il fustige la séparation entre les gens. Il proclame que Dieu est ouvert à tous les hommes. Il accueille le collecteur d’impôt méprisé, le lépreux, ou la femme de mauvaise vie.

A quoi bon se laver les mains, faire ce geste religieux selon les rites, si le cœur est plein de mépris, de haine, d’exclusion ?

Jésus nous invite clairement à changer notre cœur, sinon nous ferons comme Pilate, qui se lave les mains en condamnant l’innocent.

 

Jésus nous dit aussi que Dieu a mis dans nos cœurs un amour infini pour lui et pour nos frères.

Alors il nous faut régulièrement retrouver cette source ; trop souvent Dieu n’est plus la source de notre vie.

Trop nous adoptons un double langage : celui du paraître et celui de l’être. Nous faisons bonne figure mais au fond de nous, nous sommes laids.

C’est pourquoi Jésus nous dit aujourd’hui : « C’est du dedans, du cœur de l’homme que sortent les pensées perverses ». Autrement dit :

 

C’est de mon cœur que viennent tous les maux qui divisent les hommes, qui nous divisent, et qui font parfois de notre terre une terre d’enfer.

C’est mon cœur mauvais qui me sépare de Dieu et des autres, de mes frères. 

C’est notre cœur habité par le paraître, l’artificiel. 

Ce sont tous nos masques.

 

C’est de ce cœur-là que bouillonnent l’agressivité et la rancœur, que se glissent le mépris et l’égoïsme, que naît le désir d’utiliser les autres à notre profit.

C’est du dedans, de ce cœur-là, nous dit Jésus, « que sortent la méchanceté, l’envie, l’orgueil et la démesure. »

 

Alors Jésus aujourd’hui, dans sa parole, nous interpelle : « ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Il est inutile, le culte qu’ils me rendent ! »

Ce peuple, c’est nous, rassemblés aujourd’hui encore pour le culte du Seigneur, pour l’eucharistie. Nous le chantons ensemble, nous le louons, nous le remercions ; mais est-ce que notre cœur est vraiment près de lui ?

 

Le Christ ne se contente pas des restes, il veut tout l’homme, il nous veut tout entier à lui, pour nous sauver et nous mener à sa gloire.

 

Pour cela, il ne suffit pas, pour nous, gens du Christ, de saupoudrer notre existence de quelques moments de prière, comme les pharisiens s’aspergeaient d’eau en revenant de la place publique… il nous faut nous mettre encore et toujours à l’école de la Parole de Dieu.

 

          C’est ce que nous disait St Jacques dans la seconde lecture : « accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter. Visitez les orphelins et les veuves… gardez-vous sans tache au milieu du monde. » 

 

Mais aujourd’hui bien d’autres catégories de personnes laissées pour compte sont à ajouter…tant de personnes isolées qui ont peur de l’avenir, des migrants à nos portes en quête d’un avenir meilleur, notamment africains et maintenant d’Afghanistan. Ce sont aussi les populations de l’Ethiopie, du Liban et d’Haïti qui nous supplient de prier pour eux.

C’est la Parole de Dieu, accueillie en vérité, qui nous pousse à l’amour vrai de nos frères. Cette parole peut changer notre cœur, transformer notre cœur de pierre en cœur de chair.

 

La religion pure et sans tache, comme l’écrit St Jacques, n’est pas celle des croyants purs et durs, mais celle de ceux qui ont un cœur de tendresse prêt à œuvrer en faveur de la vie de tout homme. 

 

La parole de Dieu peut purifier notre cœur, en laissant le regard de pardon de Jésus le laver.

 

Alors, comme à St Pierre, qui a pleuré amèrement sa lâcheté, Jésus peut faire de chacun de nous un homme, une femme, au cœur doux et pacifié, tourné résolument vers lui et vers nos frères.

 

En parlant des larmes de St Pierre, je pense aussi à Ste Monique que nous fêtions vendredi, cette maman implorant Dieu dans les larmes pour que son fils Augustin se convertisse… et plus récemment c’est le pape François qui nous a parlé plusieurs fois du « don des larmes ». C’est curieux. Il a dit espérer que « nous puissions pleurer : pour nos péchés et pour de nombreuses catastrophes qui font souffrir le peuple de Dieu et les enfants de Dieu. »

 

Oui les larmes purifient dans le sens le plus beau du terme « pur » ; le regard pur, le cœur pur, nous permettent alors d’être vrai avec nous-mêmes et de nous engager résolument et avec joie au service des autres.

 

                                                           Amen

 

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