" Dieu est un petit enfant dans les bras d’une femme qui nourrit son Créateur. "
Sainte Marie, Mère de Dieu – Journée mondiale de prière pour la paix
« Tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers » Tous s’étonnaient…
S’étonner : c’est à cela que nous sommes conviés aujourd’hui, le regard encore posé sur l’enfant né pour nous, pauvre de tout et riche en amour. Étonnement : c’est l’attitude qu’il convient d’avoir en début d’année, parce que la vie est un don qui nous donne la possibilité de toujours recommencer, même de très bas.
Mais aujourd’hui c’est aussi le jour de s’étonner devant la Mère de Dieu : Dieu est un petit enfant dans les bras d’une femme qui nourrit son Créateur.
C’est le mystère de ce jour qui suscite un étonnement infini : Dieu s’est lié à l’humanité pour toujours. Dieu et l’homme toujours ensemble : voilà la bonne nouvelle de début d’année. Il est sur les genoux de sa mère, qui est aussi notre mère, et, de là, il reverse sur l’humanité une tendresse nouvelle.
Au début de cette année, demandons à la Vierge Marie la grâce de l’étonnement devant le Dieu des surprises.
Renouvelons chacune et chacun l’étonnement de notre naissance et quand la foi est née en nous, souvent dès notre enfance nous aussi, sur les genoux de notre mère, peut-être. Sachons nous étonner de la foi qui nous a été donnée ; la foi est une rencontre. La foi sans étonnement devient grise et routinière.
Et l’Église aussi a besoin de renouveler son étonnement d’être la demeure du Dieu vivant, l’Épouse du Seigneur, la Mère qui engendre des fils. Autrement, elle risque de ressembler à un beau musée du passé. L’“Église musée”, quelle tristesse.
La Vierge, au contraire, apporte dans l’Église l’atmosphère de la maison, d’une maison habitée par le Dieu de la nouveauté.
Avec cette nouveauté en ce 1er janvier aimons
appeler Marie “Sainte Mère de Dieu” (comme jadis au Concile d’Ephèse).
Laissons-nous regarder par elle,
Laissons-nous embrasser,
Laissons-nous prendre par la main.
1. Laissons-nous regarder. Surtout dans les moments de besoin, quand nous nous trouvons empêtrés dans les nœuds les plus compliqués de la vie, regardons vers la Vierge vers la Mère. Et laissons-nous regarder par elle. Les yeux de la Vierge savent éclairer toute obscurité, ils rallument partout l’espérance.
Ce regard maternel, qui donne confiance, aide à grandir dans la foi. Son regard maternel nous aide à nous voir comme des enfants aimés dans le peuple croyant de Dieu, et à nous aimer entre nous, à prendre soin les uns des autres, au-delà des limites et des orientations de chacun.
Ainsi, la Vierge nous enracine dans l’Église où l’unité compte plus que la diversité.
Mais cet enracinement dans l’Eglise par Marie ne nous fait jamais perdre le centre, le Christ Seigneur, car Marie ne se désigne jamais elle-même, mais Jésus et les frères parce que Marie est Mère.
Regard de la Mère, regard des mères. Un monde qui regarde l’avenir sans regard maternel est myope. Peut-être, les profits augmenteront-ils, mais il ne saura plus voir, dans les hommes, des enfants. Il y aura des gains, mais ils ne seront pas pour tous. Nous habiterons la même maison, mais non comme des frères. La famille humaine se fonde sur les mères.
2. Laissons-nous embrasser. Après le regard, entre ici en jeu le cœur dans lequel, dit l’Évangile de ce jour : « Marie, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Cela veut dire que la Vierge avait tout à cœur, elle embrassait tout, événements favorables et contraires. Et elle méditait tout, c’est-à-dire portait tout à Dieu. Voilà son secret. De la même manière, elle tient à cœur la vie de chacun de nous : elle désire embrasser toutes nos situations et les présenter à Dieu.
Dans la vie dispersée d’aujourd’hui, où nous risquons de perdre le fil, l’étreinte de la Mère est essentielle. Il y a partout tant d’éparpillement et de solitude : le monde est entièrement connecté, mais il semble être de plus en plus désuni. Permettons-lui d’embrasser notre vie.
3. Et puis, sur le chemin de la vie, laissons-nous prendre par la main. Les mamans prennent par la main les enfants et les introduisent avec amour dans la vie. Mais combien d’enfants aujourd’hui, allant à leur propre compte, perdent la direction, se croient forts et s’égarent, de libres ils deviennent esclaves. Combien, oublieux de l’affection maternelle, vivent fâchés avec eux-mêmes et indifférents à tout ! Combien, malheureusement, réagissent à tout et à tous avec venin et méchanceté ! La vie est ainsi.
Nous avons besoin d’apprendre des mères que l’héroïsme réside dans le fait de se donner ; la force réside dans le fait d’avoir de la pitié ; la sagesse réside dans la douceur.
Dieu Tout-Puissant ne s’est pas passé de sa Mère : à plus forte raison en avons-nous besoin.
Prends-nous par la main, Marie. Agrippés à toi nous passerons les virages les plus difficiles de l’histoire. Par la main, amène-nous à redécouvrir les liens qui nous unissent. Rassemble-nous tous sous ton manteau, dans la tendresse de l’amour vrai, où se reconstitue la famille humaine.
Amen.