19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE B
Bien chers amis, frères et sœurs,
Aimez-vous Elie, le prophète ? Moi, je l’aime beaucoup. Il est tellement proche de nos expériences de vie. Ne vous arrive-t-il pas, de temps à autre, d’être à bout de force et de courage ? Qui n’a pas déjà eu envie de se retirer du va-et-vient quotidien parce qu’il se sentait épuisé, écrasé, déçu, désespéré ?
== Elie ne voit pas comment échapper au courroux de la reine.
Épouse du roi Achab, cette femme vicieuse et malfaisante incite le roi et le peuple à se détourner de l'Éternel et à adorer le dieu païen Baal ; Elie s’oppose violemment à cette reine ; celle-ci veut sa mort.
Alors Elie fuit ; il s’aventure dans le désert et se met à l’ombre d’un buisson. Il fait part de son dépit, de son découragement, au Seigneur : "Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie."
Elie s’endort sous le buisson, mais un ange le réveille et lui dit : "Lève-toi et mange !" Voilà que près de sa tête, il découvre un pain et une cruche d’eau. L’ange le dérange une seconde fois : "Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste."
== Dans l’évangile selon saint Jean, l’eau et le pain jouent un rôle important, lorsque Jésus veut faire comprendre qui il est. A la Samaritaine, il se fait reconnaître comme celui qui donne l’eau vive : celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
Aujourd’hui, dans l’Evangile, Jésus dit à ses auditeurs : "moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement."
Jésus souhaite se faire reconnaître comme l’eau et le pain qui viennent du ciel et qui donnent la vie, qui font entrer dans la communion avec le Père, dès maintenant.
== Jésus n’est pas seulement le pain descendu du ciel ; il est encore le pain broyé et rompu par les hommes, et il donne sa vie pour que le monde possède la vie.
Lorsque nous voyons Jésus rendre la joie de vivre aux hommes et aux femmes qui viennent à lui, lorsque nous le voyons mourir sur la croix pour nous, nous reconnaissons en lui que Dieu est amour.
C’est par la Croix que le Père nous attire vers son Fils. Car Jésus livré pour la vie du monde est la parole la plus claire du Père, son enseignement par excellence ?
Oui, en donnant sa vie, Jésus révèle au monde l’immensité de l’amour de Dieu.
== Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, nous revivons, en quelque sorte, ce don visible de la chair du Christ sous les espèces du pain et du vin ; et en même temps, nous est fait le don invisible de la vie éternelle, de l’amitié de Dieu.
Dans l’Évangile de ce dimanche il y a plus encore à retenir. Le Christ n’est pas seulement un fortifiant, une source de courage. Il se présente lui-même comme une nourriture qui transforme et divinise celui qui la mange.
Saint Augustin, pour présenter le sens de la communion eucharistique, faisait dire par le Christ (donc imaginez que le Christ vous dise ceci) : « Je suis en toi comme la nourriture des forts : grandis et tu me mangeras, tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ton corps, c’est toi qui seras changé en moi ».
Le pain, nous le digérons, nous le transformons en nous. Dans l’Eucharistie, c’est l’inverse : c’est le pain de Dieu, la personne du Christ qui nous transforme en lui, nous divinise, nous instruit.
Nous devenons ce que nous recevons.
Durant des siècles on a mis en exergue le changement miraculeux du pain en corps du Christ, et cela est bien sûr capital ; en même temps on a laissé dans l’ombre ce que proclamaient les Pères de l’Église : la transformation la plus importante est celle que vivent ceux qui mangent le corps du Christ parce qu’ils
deviennent alors son corps ecclésial, comme le disait saint Augustin :
« Si vous voulez comprendre ce qu’est le corps du Christ, écoutez l’Apôtre, qui dit aux fidèles : Vous êtes le corps du Christ, et chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps (1 Co 12,17). Donc, si c’est vous qui êtes le corps du Christ et ses membres, c’est votre mystère qui se trouve sur la table du Seigneur, et c’est votre mystère que vous recevez.
À cela, que vous êtes, vous répondez : « Amen », et par cette réponse, vous y souscrivez.
On vous dit : « Le corps du Christ », et vous répondez « Amen ». Soyez donc membres du corps du Christ, pour que cet ‘Amen’ soit véridique. »
Finalement, à partir de cet évangile nous avons vu trois façons indissociables de croire au Pain vivant qui est le Corps du Christ :
Le corps du Christ, sa chair donnée sur la croix, sacrifice d’amour.
Le corps du Christ, sacramentel, que nous recevons à la communion et qui nous change en lui.
Le corps du Christ ecclésial, nous tous qui communions, et qui sommes ensemble ses membres dans l’unité et la diversité pour que le monde aux multiples visages soit attiré par lui.
Oui, il est grand le mystère de la foi !
Amen