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La Paroisse
Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire
Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire

| Jean-Marc Lavigne 972 mots

Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire

17ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE     C

 

            Il semble que de plus en plus, les personnes perdent leur capacité de silence intérieur. Elles ne sont plus capables de rejoindre le fond de leur être.  

Distraites par mille sensations, engourdies intérieurement, enchaînées à un rythme de vie accablant, elles abandonnent une attitude de prière devant Dieu.

Par ailleurs, dans une société où l’efficacité, la performance ou l’utilité immédiate sont considérées comme premiers et presque seuls critères, la prière reste dévaluée comme quelque chose d’inutile.

Pourtant, nous avons besoin de prier. Il n’est pas possible de vivre avec vigueur la foi chrétienne et la vocation humaine si nous restons sous-alimentés intérieurement.

Tôt ou tard, chaque personne fait l’expérience de la désolation que produit dans le cœur humain le vide intérieur, la banalité de la vie quotidienne, l’ennui de la vie ou le manque de communion avec le Mystère.

Nous devons prier pour vivre dans une attitude lucide et vigilante au milieu d’une société superficielle et déshumanisante.

Nous avons besoin de prier pour faire face à notre propre vérité et être capables de faire une autocritique personnelle sincère.

Nous devons prier pour nous libérer de ce qui nous empêche d’être plus humains… et pour vivre devant Dieu dans une attitude plus festive, reconnaissante et créative.

 

            C’est, justement, le thème de la prière qui est au cœur des lectures bibliques de ce dimanche.

 

            Et quelle prière ! Une prière insistante…

 

            Mettons-nous à l’école des grands priants que sont Abraham et Jésus.

 

            Abraham connaissait bien les habitants de deux villes appelées Sodome et Gomorrhe. Ces habitants vivaient dans le péché ; leurs attitudes n’étaient que corruption, débauche et violence… Devant une telle désolation, Dieu veut voir de plus près et envisage même de détruire ces deux villes si tout ce mal est avéré.

            C’est alors qu’intervient la prière insistante d’Abraham pour la ville de Sodome : il marchande le pardon de Dieu en le suppliant de ne pas la détruire : il y a peut-être 50 justes ; il y a peut-être 45 justes, 40 justes, 30 justes, 20, 10 ?

 

            Et chaque fois, Dieu se laisse attendrir : non je ne détruirai pas cette ville par colère… je vais pardonner.

 

            Aujourd’hui encore, on aimerait que Dieu intervienne parfois pour désarmer les violents, pour exterminer telle ou telle attitude qui nous désole.

Nous-mêmes, nous nous décourageons devant des situations d’injustice et de violence et nous sommes tentés d’aller planter notre tente ailleurs, comme pour dire : je suis dépassé, le monde est trop compliqué, je pars… je baisse les bras. Même l’Eglise me déçoit. A quoi bon s’engager encore !?

 

            Non ! Devenons comme Abraham : soyons convaincus que tout n’est pas perdu ou pourri dans les personnes et les situations. Dans notre prière, demandons à Dieu de nous apprendre son pardon, sa miséricorde, sa passion pour tout être humain, quelque soit son âge, sa situation, son histoire personnelle, familiale ou sociale.

 

            En résumé, j’emploie une image du bâtiment :

            Avec Dieu on ne démolit pas, on restaure ; on remet du lien entre les pierres pour que la bâtisse tienne bien ; on consolide et on repeint la façade lépreuse.

 

            Jésus maintenant, après avoir appris à ses disciples comment prier en leur donnant le Notre Père… il ajoute une parabole pour souligner, lui aussi, l’importance d’une prière insistante.

           

            Je résume cette parabole avec des mots d’aujourd’hui. Un soir alors qu’on a déjà mis l’appartement à clé, que les enfants sont douchés et que l’on s’apprête à rejoindre la chambre, la porte sonne… le père de famille ne veut pas ouvrir : « il est tard, enfin ! » Dans le couloir le voisin insiste ; de derrière la porte il supplie : « mon frigo est vide… peux-tu me donner du pain et des œufs car des amis viennent d’arriver chez moi ; je ne les attendais pas mais je tiens à bien les accueillir.

 

            Dans l’appartement le père de famille persiste, ilne veut pas ouvrir… il explique pourquoi, qu’il est très tard, que tout le monde dort… mais l’autre insiste encore.

 

            Finalement la porte de l’appartement s’ouvre. Et le père de famille donne à son voisin ce qui lui manque pour accueillir ses amis et même un peu plus, quelques tranches de Serrano ; et quelques cassolettes de chipirons ou de marmitako.

 

            C’est ainsi qu’il faut prier nous dit Jésus : il faut tout demander à Dieu sans aucune retenue… il faut frapper à la porte de son cœur… et Dieu nous donne ce dont nous avons besoin pour vivre… oh pas des œufs, du jambon et de la piperade, mais des frères et des sœurs qui nous entourent et en qui on peut compter.

 

            Il nous donne aussi son Esprit Saint conclut Jésus : c'est-à-dire son Amour infini. Et un amour qui nous façonne pour que son Amour devienne notre amour envers les autres : afin que nous apprenions à voir avec les yeux de Dieu. 

 

            Cette aventure d’amour, nous fait entrer dans un monde qui va au-delà de nos coups de cœurs ou coups de sang, ou coup de pieds, ou coup de cafard.

 

            Cette aventure nous introduit dans le monde de Dieu, dans son Royaume déjà là parmi nous où la Parole de Dieu fait œuvre de patience coûte que coûte, de renoncement à soi-même pour s’ouvrir toujours davantage à l’autre, comme cette porte de la parabole qui s’est enfin ouverte.

 

            C’est là l’affaire de toute notre vie.

            N’oublions pas que Dieu regarde le cœur ; il regarde plus profondément que nous.

 

            Son Esprit en nous peut faire des merveilles de nouveauté. Demandons-lui tous les jours son Esprit Saint.

 

            Et n’oublions jamais que notre prière s’adresse à un Dieu Père de tous les hommes.                     

Amen

 

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