Bien aimés du Seigneur,
Dimanche dernier, les disciples étaient envoyés en mission deux par deux dans des localités d'Israël. Aujourd'hui, ils sont de retour. Ils ont rencontré du monde, ils ont fait plein d'expériences ; ils ont certainement beaucoup de choses à partager avec Jésus, leur maître :
Dans leur compte rendu, ils parleront de l'hospitalité de ceux vers qui ils ont été envoyés ; de l'affluence et de la ferveur des foules ainsi que des sollicitations d'impositions de mains aux malades, aux infirmes, aux boiteux. Ils relateront les guérisons opérées, de même que les miracles spectaculaires accomplis de manière inattendue.
Avec joie, ils ressasseront les moments d'émerveillement et d'enthousiasme des foules, moments parfois jalonnés de doute, de désespoir et d'échecs. Ils se souviendront des périodes difficiles, des dangers de route, du poids de la fatigue et des incertitudes du chemin.
Dans leurs échanges avec Jésus, joies et peines, réussites et échecs s'alternent. Ils font aussi remonter les attentes des auditeurs, et les dispositions à prendre pour les missions futures.
Après cela, Jésus dit : " Venez à l'écart dans un endroit désert pour vous reposer un peu ". Le désert, d'abord et avant tout un lieu de repos pour refaire ses forces ; le désert, un lieu de ressourcement ; le désert un lieu de connexion avec Dieu qui est la véritable source d'inspiration pour la mission.
Pendant sa vie publique, Jésus, après ses longues journées de ministère, se retirait souvent au désert pour prier et communiquer avec Dieu son Père qui lui livre ses volontés dans la méditation.
Chers amis, rien de grand, rien de noble ne se fait dans le bruit, dans la précipitation. Toutes les grandes œuvres s'accomplissent toujours dans le silence. C'est dans le recueillement que jaillit la bonne inspiration, la belle intuition qui débouche sur des grands progrès, de belles découvertes, des choses extraordinaires.
Faute de recueillement, le disciple du Christ, annonciateur de l'Evangile ne peut imiter, épouser les qualités du bon pasteur qu'est Dieu lui-même. Le bon pasteur comme vient de nous le rappeler le psalmiste est un bon guide : " il me mène vers les prés d'herbes fraiches ; vers les eaux tranquilles ". Sa présence est un soutien et un réconfort : " ton bâton me guide et me rassure ". Sa bienveillance est sans limite : " Grâce et bonheur m'accompagnent, tous les jours de ma vie ".
Dans l'Ancienne Alliance, la quasi-totalité des pasteurs, dans l'exercice de leurs fonctions, n'avaient pas su mettre en pratique les qualités du bon berger exaltées par le psalmiste. Voilà pourquoi le prophète Jérémie les interpelle, dans la première lecture de ce jour, sous un ton d'une rare sévérité : " Misérables pasteurs ! vous laissez périr et disperser les brebis de mon pâturage ! A cause de vous, mes brebis se sont égarées et dispersées, et vous ne vous êtes pas occupés d'elles ".
Au temps du prophète Jérémie, les bergers, ce sont le roi, ses ministres et les prêtres qui l'entouraient. Ce sont eux les garants des institutions qui assurent le bien-être du peuple dans la cité. Aujourd’hui, sont considérés comme bergers, les responsables des institutions ecclésiales et administratives. Ce sont eux, en effet, qui sont appelées à jouer ce rôle. Mais malheureusement, hier comme aujourd'hui, les pasteurs n'ont pas beaucoup progressé. Ils ont du mal à assumer la charge à eux confiée. En témoignent les faiblesses, les fragilités, les dérapages et les abus observés ces dernières années au sein de la société et même au sein de l'Eglise.
Revenons à l'évangile : Jésus retrouve ses disciples revenus de mission et les invite à se retirer à l'écart, à un endroit désert. En débarquant, il vit une grande foule et fut saisi de compassion envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger. Cette foule que Jésus regarde avec amour, que représente-elle ?
Cette foule, c'est l'image du monde de tous les temps, l'image d'une humanité souvent désorientée qui ne sait pas où trouver un sens à son existence. Cette foule pour laquelle Jésus éprouve de la compassion, c'est l'image des peuples saturés d'idéologies et abreuvés d'illusions. La foule que Jésus regarde avec tendresse et pitié, c'est l'image des nations secouées par les calamités ; ce sont également les pays déchirés par les guerres. Et, vous le savez bien, ces guerres proviennent de la vengeance et de la haine qui montent du cœur de l'homme.
Dans la 2e lecture de ce jour, saint Paul nous dit que Jésus a détruit le mur de haine qui séparait tous les peuples ; il a tué la haine pour toujours, faisant des Juifs et des païens un seul peuple par le prix de son sang. Lorsque l'Apôtre Paul écrivait ce texte, il y avait effectivement des murs au sein du Temple de Jérusalem de même que sur son esplanade : de véritables remparts séparaient les non convertis des Juifs ; des murs séparaient les fidèles des prêtres ; des balises empêchaient les prêtres d'entrer dans le sanctuaire où officiait le grand prêtre.
Chers amis, en ce 16e dimanche du temps ordinaire, le Seigneur nous invite à dresser des ponts en lieu et place de ces murs. Grâce aux ponts de réconciliation, de fraternité, de tendresse et d’amitié, nos relations seront plus justes, plus fraternelles et plus conviviales. Avec un peu plus de bonne volonté et l'appui du ciel, nous y arriverons.
Prière : Comme les disciples, laissons-nous entraîner par l'invitation de Jésus qui nous attend dans le désert de nos cœurs, de nos esprits et de nos âmes. Dans le tourbillon de nos actions, dans le quotidien, tâchons de frayer un chemin pour le silence qui est source de repos, renouvellement d'énergie et d'entrain pour mieux rebondir. Amen !