Homélie du 14e dimanche du temps ordinaire Année B
Après son baptême au bord du Jourdain, Jésus, à la suite de Jean le Baptiste, débute son ministère public en parcourant les contrées de Galilée : sur la montagne, il prêche les béatitudes ; dans la plaine, il prête attention aux pauvres, aux opprimés, il nourrit les foules et guérit les malades ; dans la synagogue, tout comme dans le Temple, il opère des miracles.
Après ses journées de prédication, il se retire souvent à Capharnaüm, la ville de résidence de l'un de ses disciples, Simon-Pierre.
Quelques mois plus tard, il retourne à Nazareth, son village natal. Le jour du Sabbat, il monte à la synagogue et se mit à prêcher. Les auditeurs avaient du mal à l'accueillir en sa qualité de prophète car ils l'ont vu naître et grandir sous leur regard : "N'est-ce pas le fils du charpentier ? Son père ne s'appelle-t-il pas Joseph et sa mère Marie ? D'où lui viennent tous ces miracles ? Leur refus de croire fera barrage aux miracles que Jésus pouvait accomplir.
Eh bien, chers amis, le problème qui se pose dans ce texte, c'est celui du regard que nous pouvons porter sur notre semblable, notamment le prophète, le messager de Dieu. Mon frère et ma sœur, quel est le regard que tu poses sur ton semblable, sur ton vis-à-vis ?
Est-ce un regard doux, affable et bienveillant, un regard paisible et conciliant, un regard encourageant et entraînant qui exhorte à aller de l'avant ; ou par contre un regard sélectif, méprisant ; un regard louche, un regard méprisant, oppressant, écrasant et asservissant qui considère l'autre comme moins que rien ?
Jésus est retourné voir les siens et son intervention à la synagogue de Nazareth a été mal reçue. L'homme-Dieu a visité son peuple mais n'a pas été accueilli en sa qualité de prophète. Ses auditeurs l'ont réduit à son état civil : c'est le fils de tel, sa maman s'appelle tant ; on l'a vu naître dans nos mains ; il habite à telle adresse ; il n'a rien de nouveau à nous apprendre. De telles réflexions à l'encontre de Jésus de la part de ses auditeurs ne peuvent que les fermer à la nouveauté de la grâce du salut dont ils étaient les premiers bénéficiaires. Voilà d'ailleurs pourquoi l'évangéliste saint Marc nous précise qu'en ce lieu, Jésus ne fit pas de miracles, mais plutôt des impositions de mains pour soulager les malades qui lui furent présentés.
La banalisation de l'homme de Dieu, le mépris de son message porteur de salut, les entraves à la vérité dans un monde où chacun se dit libre de faire ce qu'il veut et comme il le veut ; les persécutions de tout genre ; voilà autant de maux qui gangrènent la mission du prophète, du pasteur ou de toute personne appelée à témoigner du messager du Christ.
Bien avant le Christ, le prophète Ezéchiel avait connu, lui aussi, les mêmes épreuves avec le peuple d'Israël pendant la captivité à Babylone. Voici ce que nous en dit la première lecture de ce jour à propos d'Ezéchiel : " les fils d'Israël ont le visage dur, la nuque raide et le cœur obstiné. C'est vers cette engeance de rebelles que Moi le Seigneur, je t'envoie".
La mission du prophète comme vous la voyez est parfois rude. Mais quand Dieu envoie en mission, il donne les moyens pour accomplir cette mission. Parlant des moyens pour la mission, saint Paul dans la deuxième lecture nous révèle ce qui suit : " J'ai reçu de la part du Seigneur, des révélations extraordinaires, des charismes exceptionnels qui m'ont permis de faire des choses extraordinaires. Mais cela ne m'a pas empêché de souffrir atrocement, car j'avais reçu une écharde dans ma chair. Il y avait un ambassadeur de satan qui me giflait, qui me talonnait pour m'empêcher de me surestimer. Puis Dieu le rassure : " ma grâce te suffit ".
Chers amis, le Seigneur ne compte pas sur nos compétences, nos talents, notre rang social ou professionnel pour agir ; il a simplement besoin de notre ''Fiat'' ; il attend notre ''oui'', notre disponibilité pour se greffer sur nos fragilités, nos faiblesses pour réaliser des choses merveilleuses.
C'est sans doute ce que certains grands hommes tels que Gandhi ou Nelson MANDELA (qui ont milité pour la paix et la cohésion), Mère Térésa, Raoul FOULEREAU et Jean Vanier (qui ont combattu aux côtés des petits, des handicapés et des sans-défenses) ont su faire. Ils se sont laissés entre les mains de Dieu avec humilité et ont réalisé des choses merveilleuses qui bravent le temps et constituent des exemples édifiants à imiter.
Oui aujourd'hui plus que jamais, Dieu a besoin des prophètes pour annoncer au monde, l'amour, la charité, la justice et la paix. Amen !