11ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
Tout enfermement est fatal…
= Dans l’évangile de ce jour, Simon, le grand dignitaire pharisien, enferme une femme dans son péché.
C’est vrai qu’elle était pécheresse, femme de mauvaise vie, prostituée.
Alors il ne supporte pas qu’elle entre dans sa maison et quelle fasse son cinéma à Jésus : on les connaît bien ses gestes impurs qu’elle a le culot de faire à Jésus en public : ses baisers, ses parfums, ses cheveux en disent long sur son métier… et quel métier !
Non, Simon n’en peut plus.
Et il enferme cette femme dans son travers.
Il ne voit pas que cette femme, ce jour-là, fait une démarche pour se débarrasser de son passé.
Or, enfermer quelqu’un dans son passé, c’est l’empêcher de vivre.
= Jésus, quant à lui, fait tout le contraire. D’ailleurs, il n’enferme personne dans une réputation ou même dans des actes pourtant avérés graves. Non ! Il est justement venu pour sauver les pécheurs… pas pour les emprisonner, les juger, les tuer ; mais les sauver !
Ainsi, le voyons-nous aujourd’hui qui se laisse faire ; il se laisse approcher, il se laisser toucher par ces mains souillées, par ces cheveux caressés par tant d’hommes, par ce parfum qui enivre... il accepte sur lui ces gestes ambigus et humainement troubles.
Il voit plus profond que les apparences.
Il comprend tout ce qui se passe dans le cœur de cette femme : si elle pleure, c’est qu’elle est malheureuse et qu’elle regrette son passé et son présent ; si elle mouille de ses larmes et essuie avec ses cheveux les pieds de Jésus, si elle les embrasse et y verse du parfum précieux, c’est pour manifester son grand amour.
Il n’en faut pas davantage pour Jésus : il pardonne ; non pas parce qu’elle a beaucoup péché mais parce qu’elle a beaucoup aimé, même si elle a mal aimé en se prostituant, et Jésus lui dit : « Ta foi t’a sauvée, va en paix ! »
Le pardon de Jésus permet à la femme de renaître.
Jésus lui ouvre un avenir, elle repart en paix.
J’ajouterai encore ceci : et si le péché était une grâce ?
et si Jésus avait voulu faire comprendre à cette femme que l’amour qu’elle répandait autour d’elle, au premier venu, pouvait être mieux utilisé, mieux orienté ?
Qu’il lui fallait apprendre à aimer et à donner son amour à tous ceux et celles qui, autour d’elle, en manquaient… Qu’il lui fallait apprendre à aimer le Christ qui, seul, en fait, pouvait combler son désir d’aimer.
Aujourd’hui encore cet évangile est parlant… il est bonne nouvelle pour nos vies.
= D’abord cette femme me fait penser à toutes les femmes qui vivent dans le malheur et qui sont mal aimées, qui sont même abusées, violentées par les hommes.
Derrière les portes de nombreux domiciles se vivent des drames de violence et d’irrespect.
= Ensuite, Jésus, aujourd’hui encore, n’enferme personne dans son péché… ces hommes violents dont je viens de parler ne sont pas uniquement assimilables à leurs fautes… ils ont aussi des qualités : Jésus à travers leur péché et leurs défaillances veut leur dire qu’ils doivent développer le meilleur d’eux-mêmes : qu’ils ont des capacités et des qualités bien plus belles pour rendre heureux les leurs et d’abord leur épouse.
Encore faut-il que ces hommes se sachent aimés de Dieu, pardonnés par lui. Alors leur péché sera une blessure, une faille, par où la grâce pourra entrer et les rejoindre.
= Qui révèlera à nos contemporains que le Christ est au milieu de nous venu sauver tous les hommes et d’abord les pécheurs ?
Qui leur révèlera qu’il est dans nos maisons comme chez Simon le pharisien ; qu’on peut l’approcher, le toucher, pleurer, regretter, être accueilli et aimé par lui, pour renaître à des comportements nouveaux porteurs de vie et non plus de violence et de déviance ?
Qui ? Nous, nous les disciples du Christ aujourd’hui, nous, ses messagers qui proposons la foi en Jésus-Christ et la paix de son amour !
Et nous le ferons d’autant mieux que nous-mêmes, conscients de nos péchés, nous serons humbles et aimants, le regard identique à celui du Christ.
Amen.