L’évangile de ce dimanche veut nous faire entrer dans la compréhension du ROYAUME DE DIEU.
C’est Jésus lui-même qui, pour l’expliquer, parle en paraboles. Et curieusement, au lieu de nous faire des reproches sur l’oubli que nous faisons souvent des exigences du Royaume de Dieu, Jésus nous apporte la paix.
Et en prenant deux comparaisons dans la nature, Jésus met sous nos yeux ce que nous pourrions appeler la force tranquille de la Création.
Le royaume de Dieu va grandir en nous comme le blé qui lève fait naturellement violence à la mort.
= Le semeur, c’est le Christ, c’est nous. Ou plus exactement, c’est le Christ qui sème par nous : nous recevons de Lui la semence et nous la transmettons : ainsi le champ est ensemencé.
Nous remarquons dans la nature qu’au début, après les semailles, il ne se passe presque rien ; et pourtant dans cette petite graine qui commence à éclater tout est déjà là. Bientôt la graine deviendra un bel épi de blé ou même un grand arbre.
Il en va ainsi dans notre vie, comme dans celle de l’Eglise ou du monde. Les petits efforts que nous faisons sur nous-mêmes ou dans l’éducation de nos enfants semblent souvent bien dérisoires… et l’annonce de l’Evangile par les chrétiens semble se perdre dans le grand labour des informations et des opinions de toutes sortes.
L’Évangile nous fait comprendre qu’il n’y a pas à s’inquiéter de cela : la parole fait son chemin. Le Royaume, secrètement, lève dans les cœurs, prend toutes ses dimensions, et s’étend. C’est la violence paisible de la vie qui vient de Dieu.
Autrement dit, nous n’avons pas la maîtrise de la croissance du grain ; celle-ci nous dépasse, nous échappe : une fois semé, le grain fait tout seul son chemin de croissance.
Voilà qui peut nous libérer de cette inquiétude permanente que nous avons d’avoir peu de résultats, et de notre tendance à vouloir mesurer la foi en nous ou chez les autres. Nous nous comportons le plus souvent comme si nous étions seuls à agir, alors que toute notre force vient du Seigneur.
= La seconde parabole nous parle des oiseaux du ciel qui viennent s’abriter dans l’arbre, et même y construire leurs nids.
Cela me fait penser à cette phrase du pape François dans la joie de l’Evangile : l’Eglise ne grandit pas par prosélytisme mais par attraction.
Autrement dit : si nous laissons vraiment grandir en nous la semence de la Parole de Dieu, elle sera féconde, rayonnante et attirante même au-delà de nos attentes.
Posons-nous aujourd’hui cette question : Sommes-nous conscients de ce que notre foi rassure même des personnes qui ne la partagent pas : elle est comme cette branche où les oiseaux savent qu’ils pourraient se poser. J’ai vu des grands enfants, qui ne pratiquaient pas, être heureux de voir leurs parents aller à la messe ! D’une façon plus générale, je pense que beaucoup de gens dans le monde tout en critiquant l’Eglise, aiment qu’elle soit là tout près d’eux, comme un grand arbre qui rassure.
L’arbre est aussi le lieu où les oiseaux viennent faire leur nid : le nid est l’endroit de la naissance. En regardant la naissance ou les renaissances de notre propre foi, essayons de voir auprès de qui nous pouvons l’abriter, la fortifier, lui permettre de nouveaux envols.
Essayons de voir aussi comment nous pouvons permettre à d’autres, jeunes et moins jeunes, de se poser sur la branche et de prendre leur élan.
= Tout cela se fait sans hâte et dans la confiance, malgré ce qui nous apparaît être des échecs… Ces paraboles en tout cas nous ont été racontées par Jésus, comme des échos de la tendresse de Dieu en face de notre faiblesse.
Même dans les moments les plus difficiles, où nos erreurs ont pu nous mettre en exil loin du Seigneur, souvenons-nous que le Seigneur ne cesse de nous aimer ; il nous donne tout ce qu’il faut pour que se développe la promesse de Vie qui est en nous.
Nous n’avons qu’à ouvrir nos mains et nos cœurs comme s’ouvre la terre pour accueillir le grain.
Amen