TOUSSAINT 2023
Lundi soir à Bayonne, vers 23 h 00, je quittais ma filleule et sa famille après le repas de son anniversaire.
Au volant de ma voiture, je me dirigeais vers l’autoroute quand quatre silhouettes de taille moyenne, visages recouverts de masques blanc genre scream, essaient de m’impressionner en courant sur la chaussée… je dois freiner ; ils me font peur ; et je m’en tire avec quelques coups de klaxon nerveux… et je réalise : « Ah ! c’est Halloween qui commence ».
Et hier soir, se tenait à quelques pas d’ici le version basque d’Halloween, Gau betza de 16 h 30 à 23 h 30 ; il y en avait pour tous les âges ; déguisements et maquillages types sorcières et monstres déambulaient de ce de là.
Ce n’est pas bien méchant, je l’admets.
Je ne veux donc pas partir en croisade contre ce type de manifestation ou d’amusement… ce n’est quand même pas un sacrilège. Mais il me semble important de souligner ce qui est gênant dans ce phénomène :
Je crois totalement déplacé de se faire peur de la sorte, même en jouant, alors que tant d’événements d’actualité nous font suffisamment trembler : terrorisme et guerre, catastrophe et folies meurtrières, vie fragile de nos malades, vie précaire de nos familles les plus pauvres.
Je crois également que la peur est justement le contraire du message chrétien face à la mort : la Parole de Dieu de ce jour de Toussaint nous présentait la cité du ciel peuplée d’une foule immense vêtue de blanc, debout devant Dieu proclamant : « Le salut est donné par Dieu et par l’Agneau ».
Le contraire de la peur et de l’épouvante ; le contraire des masques blancs, des mauvais esprits et des sorcières.
Pour les chrétiens, l’autre côté de la vie ne vient pas nous hanter mais nous fortifier.
Pour nous chrétiens, la communication avec les défunts existe mais elle est communion des saints, par la prière paisible, par la belle mémoire de ceux qui nous ont précédés et qui s’étaient donnés pour nous, bien souvent.
Et puis, vous l’avez remarqué dans l’évangile, le mot qui revient en chaque début de phrase est le mot HEUREUX et non PEUREUX… Alors, pourquoi se faire peur bêtement à l’approche de Toussaint ? Avouez que c’est un peu provocateur pour nos convictions chrétiennes.
Il fallait le dire, je pense… je n’insiste pas davantage.
HEUREUX et non PEUREUX.
ESPERANCE et non TRANSE.
Tel est le message de la Toussaint, un message lumineux, une flamme éternelle qui déchire les nuits les plus noires :
Christ est vainqueur de la mort ! Ressuscité il attire à lui tous les hommes. Désormais à la droite du Père, il accueille dans la joie éternelle, les saints qui ont vécu l’évangile au cœur du monde de leur époque.
Le Christ sait qu’ils se sont laissé bouleverser par sa Bonne Nouvelle et qu’au prix de leur tranquillité, ils ont entrepris de bouleverser la société, les relations, la spiritualité, et même souvent l’Eglise de leur temps.
Notre cher patron Saint Vincent Bixintxo en est l’illustration bien vivante et exemplaire. Il est un modèle de courage et sa foi au cœur des persécutions. Sachons lui demander sa force. Car il faut prier les saints ; par leur intercession nous sommes protégés et orientés vers Dieu, vers le bien et le beau.
Alors la Toussaint nous engage à notre tour à travailler selon l’Evangile jusqu’au dernier jour de notre vie et notre entrée au ciel.
La sainteté, la nôtre, n’est pas d’abord un état, mais une action, un mouvement à mener quotidiennement et fidèlement. Elle est plus une mission à accomplir qu’une récompense à mériter.
Saints, nous le sommes depuis notre Baptême, cette naissance à la vie de Dieu où nous avons revêtu le Christ.
Notre vie a du sens et du souffle quand elle met en action cette sainteté.
Souvent, nous serons alors à contre-courant de la pensée ambiante : c’est ce renversement de valeurs que propose l’Evangile des Béatitudes que nous venons d’entendre. C’est le programme de la sainteté.
Avouez que, de nos jours, il y a des maximes qui, malheureusement, ressemblent à celles-ci :
« Heureux les riches.
« Heureux les durs, les forts, les violents.
« Heureux les magouilleurs.
« Heureux ceux qui harcellent les faibles.
Nous devons, à la suite des Saints qui nous ont précédés et qui nous protègent, avancer vers la construction d’un autre bonheur :
« Heureux les pauvres de cœurs.
« Heureux les artisans de paix.
« Heureux les doux.
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice.
Nous savons, que c’est là le chemin du vrai bonheur personnel et de la vie heureuse en société.
Je crois qu’au milieu de nous, dans nos village et nos villes, ils sont nombreux les visages de la sainteté !
Des saints et des saintes se sont glissés comme du sel et du levain dans nos familles, nos foules, nos rues, nos entreprises, nos champs, nos transports, nos quartiers, nos associations, nos engagements… nos paroisses aussi. Le pape François les appellent : les saints de la porte d’à côté.
Ce sont les saints d’aujourd’hui que nous pourrons prier demain… qu’importe qu’ils ne soient pas au calendrier.
Il nous reste à écrire notre page de l’Histoire du peuple de Dieu, avec notre vie quotidienne, nos grands jours et nos humbles gestes, nos choix et nos replis, nos fidélités et nos faux pas.
TOUSSAINT : fête de l’immense famille des saints du ciel, nos frères et sœurs.
TOUSSAINT : fête de l’immense foule des chrétiens d’aujourd’hui qui, partout dans le monde, vivent les béatitudes.
TOUSSAINT : immense arc-en-ciel d’amour reliant la terre et le ciel. Amen.