Homélie du dimanche de Pentecôte – 19 mai 2024
Monseigneur Pierre Molères
Eglise Saint Vincent – Hendaye
Confirmation des enfants du catéchisme
Vous est-il arrivé de vous émerveiller devant le spectacle de la nature, tel geste de courage et de bonté, ou des évènements imprévus qui vous ont réconfortés, ont élargi vos points de vue, et même vous ont rendus meilleurs ?
La liturgie fait partie de ces temps forts qui, au long de l’année, célèbrent la présence invisible de Dieu dans le monde, pour nous faire participer réellement à sa vie divine, par les sacrements de la Foi.
La Pentecôte, que nous fêtons aujourd’hui, est un de ces temps forts ; c’est une fête de grand air et de larges perspectives ; elle n’est pas seulement la fin du temps pascal, 50 jours après Pâques ; ni même le souvenir ineffaçable de l’embrasement de la première Pentecôte qui transforma les disciples effrayés en Apôtres missionnaires ; elle est la fête d’un renouveau radical qui se manifeste de plusieurs façons, et encore aujourd’hui avec nous.
Quelle est la grâce de la Pentecôte ?
- Elle est d’abord cette force qui rassemble en un corps enthousiaste et fraternel les communautés chrétiennes ; il est si bon d’être d’Eglise ! d’aimer l’Eglise, de vivre sa vie de famille ! – Dans ce but, l’Esprit de Pentecôte cherche à nous faire respirer à pleins poumons l’air du large qui vient de Dieu ; souffle divin balayant tous les gaz toxiques qui nous rendent asthmatiques, repliés sur nous-mêmes, préoccupés seulement de nos affaires internes.
La grâce et la prière de Pentecôte peuvent s’exprimer en deux mots : « Viens » et « Va »
« Viens ! » : ce mot résume la prière de l’Eglise et du chrétien de Pentecôte. Nous ne connaissons pas l’Esprit-Saint par son visage, mais sa vivacité, sa capacité de mouvement et son pouvoir de mettre en mouvement :
- la Bible le compare au souffle d’air, au vent, au feu, au jet d’eau, au vol plané de la colombe, à la rosée, à la sève, à l’onction d’huile.
- Il est capable de gémir et d’exulter, de tonner comme l’orage et de murmurer comme la brise ; de se faufiler en nous, comme un cambrioleur ; et d’entraîner comme un maître de danse.
« Viens ! » : c’est Lui qui nous donne le sens pratique de la Foi, qui nous fait mesurer notre incohérence et dissiper nos illusions quand nous disons : « je crois, mais je ne pratique pas » ; Lui qui nous pousse à incarner les mœurs évangéliques dans notre vie.
Le Saint-Esprit ne pense qu’à une chose : nous faire ressembler au Christ ; nous faire vivre de Lui, de sa Parole, de son Esprit.
Comme Il reste invisible, Il veut nous faire pénétrer dans le monde de l’invisible et des profondeurs de Dieu ; par la prière, Il veut nous rendre profonds ; tel un scaphandrier, Il cherche à nous entraîner dans les profondeurs de l’océan divin pour nous faire découvrir l’huitre perlière, la perle rare du Royaume de Dieu dont parle Jésus dans une de ces paraboles ; Il essaie de nous écarter de tout ce qui est superficiel et bavard, xénophobe et rancunier ; par la prière, Il veut nous transformer du dedans.
Fête de grand air qui nous met sportivement dans l’entrainement de la vie chrétiennes : car la fête de Pentecôte est la fête de Dieu qui, après nous avoir envoyé son Fils Jésus, nous envoie l’Esprit-Saint, son Esprit, avec ce que cela veut dire de dynamisme et de force, de vérité et d’amour.
Qui est l’Esprit-Saint ?
C’est la troisième personne qui, dans la famille assure ce qui est Don, communion, échange, communication.
Deux mots expriment bien la prière de Pentecôte : « Viens » et « Va ! »
Pourquoi Lui demander de venir en nous ? :
- parce que sa force est capable de rassembler les communautés chrétiennes en un corps enthousiaste et fraternel : pensez au JMJ ;
- l’Esprit-Saint cherche à nous faire respirer à pleins poumons l’air du large qui vient de Dieu.
- Il ne pense qu’à une chose : nous faire ressembler au Christ comme une sorte de sculpteur qui, peu à peu avec ses instruments, fait apparaître sa statue.
Une lettre me disait : « l’Esprit-Saint va m’aider à apprendre correctement ma table de multiplication »
Non ! Il ne se met pas à notre place, mais Il nous aide à avoir du courage pour faire notre travail, quel qu’il soit, le mieux possible.
Une autre lettre disait : « J’ai de la curiosité pour cette hostie que beaucoup reçoivent sauf moi ! »
L’Esprit-Saint fait mieux que de nous rendre curieux ; Il nous donne le désir de recevoir Jésus, Corps et Âme, et de l’aimer.
Une autre lettre : « J’ai le souci d’apprendre l’histoire de Jésus et de mieux comprendre Dieu »
C’est une bonne idée, que les parents, grands-parents, parrains et marraines doivent connaître et encourager ; ils doivent même transmettre la Foi chrétiennes à leurs enfants.
« Ma grand-mère est très croyante » dit une autre lettre qui dit lui faire confiance.
Ainsi, vous le voyez, par toutes ces démarches, tous ces intermédiaires, l’Esprit-Saint sculpte en nous le visage de Jésus quand nous Lui demandons le goût de la prière et celui d’aimer entendre parler de Jésus, de son Histoire.
Cela est très important, non seulement à votre âge, mais à tout âge : penser à Dieu, le prier un peu chaque jour, lui offrir sa journée, c’est une bonne habitude à prendre, une respiration de bon air ;
Plusieurs d’entre vous ont écrit que par l’Esprit-Saint ils apprennent à recevoir et à donner, à faire attention aux paroles qu’ils disent, à participer à la vie de groupes au catéchisme, à la messe du dimanche de des fêtes qu’ils manquent trop souvent parce qu’ils n’ont personne pour les y conduire… Tout cela devrait être chez tous l’occasion de voir comment continuer à pratiquer sa Foi, sinon elle se rouille ; pour réussir sa vie de foi, il faut persévérer.
En tout cas, l’Esprit-Saint de Pentecôte nous y engage fortement, Lui qui cherche à nous faire ressembler à Jésus et à aller vers Lui.
« Va ! » est le second mot à retenir dans la prière de Pentecôte. Où aller et dans quel but ?
J’ai trouvé dans vos lettres deux belles réponses !
- La première : « Pour être témoins du Christ »
- La seconde : « parce que nous sommes les enfants bien-aimés du Père »
Alors, vers qui aller ?
Tout simplement vivre en amis de Jésus là où nous sommes, en famille, en classe, à l’entraînement ; en particulier aller vers ceux qui souffrent et ils sont nombreux parmi nous ; ceux qui sont étrangers ou différents de nous, sans les tenir en marge, sans nous moquer deux, sans être violents ou méchants envers eux. C’est cela être témoins du Christ, un peu chaque jour tout simplement.
J’ai entendu dire qu’un dimanche, un enfant de votre âge qui allait à la messe, rencontra un de ses camarades d’école : « Viens t’entraîner avec moi », lui demanda t ‘il. – « Non, je vais à la messe. » - « Quoi, tu y crois encore ? », dit le copain ; et le jeune écolier lui répondit : « Si tu étais comme moi d’une famille où, à chaque génération, il y a eu quelqu’un qui a donné sa vie pour le Christ, tu ne dirais pas ça ».
Cet enfant était d’une famille d’Arménie, émigrée en France.
Oui, il y a dans le monde des chrétiens qui souffrent pour leur Foi tandis que nous, bien souvent, nous sommes froids et indifférents.
En terminant, soyez persuadés que le Saint-Esprit veut nous rendre dynamiques et profonds ; comme un scaphandrier, Il cherche à nous entraîner dans les profondeurs de l’océan divin, dans le cœur de Dieu pour nous faire découvrir l’huitre perlière, la perle rare du Royaume de Dieu dont parle Jésus dans ses paraboles ; Il essaie de nous écarter de ce qui est superficiel et bavard, méchant et impur. Par la prière, Il veut nous transformer du dedans, comme la nourriture que vous mangez et qui, en silence, disparaît et se transforme en vous.
« Merci Seigneur de me faire le don du Saint-Esprit ; donne-moi la force de dire oui à ce qu’Il m’inspire de faire ; c’est toujours pour mon bien et finalement pour mon bonheur »
La Constitution dogmatique Lumen Gentium du concile Vatican II §24, nous rappelle que l’Esprit-Saint habite dans l’Eglise, épouse du Christ, qu’Il prie en elle, c’et à dire en nous, pour nous conduire à l’union parfaite avec Jésus ; et que les deux, l’Esprit-Saint et l’Eglis-épouse disent au Seigneur Jésus : « Viens ! ». Encore convient-il de commencer toute prière par : « Viens, Esprit-Saint » ;
« Oui, viens en nous, au plus profond de nous, pour nous aider à ressembler à Jésus écuménique, Sauveur du monde. »
« Viens et va ! » : La grâce de la Pentecôte s’exprime par ce second mot : « Va ! »
L’Esprit-Saint nous demande de partir, de sortir de nos engourdissements et de nos barrières, de nos tours de Babel où personne ne se comprend plus et nos méfiances envers celui qui est différent de nous.
Il nous demande d’aller vers les autres, d’abord ceux qui nous entourent et que nous croyons connaître… mais qui peut se vanter de connaître parfaitement le cœur humain ?
Aller aussi vers ceux qui souffrent, les déshérités et blessés de la vie ; vers les étrangers qui connaissent les épreuves de l’exil, vers ceux qui ne pensent pas comme nous, ou qui sont même opposés à notre Foi, croyants peut-être bien faire.
« Comment se fait-il que chacun de nous les entende parler sa propre langue et proclamer et proclamer les merveilles de Dieu ? » s’étonnait la foule de Jérusalem.
Le langage de Pentecôte est le langage universel de l’amour qui nous fait rejoindre chacun quel qu’il soit, au plus profond de lui-même.
Ce langage qui faisait dire à Mère Térésa cette parole pertinente : « Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes de ce monde mais essayons d’éviter le plus dramatique : la destruction de l’amour » - Voilà quelqu’un qui est entré à fond dans le mystère de Pentecôte et ses conséquences concrètes :
La grâce de Pentecôte consiste à introduire dans le monde une créature nouvelle ; comme un arbre fruitier, cette créature nouvelle donne, selon Saint Paul dans sa lettre aux Galates, des fruits savoureux : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi.
Ni la froideur impeccable, ni la prévenance calculée de robots à l’intelligence artificielle, ne nous les fourniront, même si de nos jours, certains penseurs généticiens et ingénieurs transhumanistes veulent nous en persuader, dans leur certitude d’arriver au bonheur et même à l’immortalité, sans Dieu, grâce à leurs techniques innovantes qui ne peuvent remplacer l’Esprit.