LA SAINTE FAMILLE
Chaque famille a son histoire… belle ou plus délicate.
Celle de Jésus, très humaine quoique Sainte, a aussi connu des heures de grande joie et des heures d’épreuve.
Et l’évangile de ce dimanche nous en montre un exemple.
Vous l’avez entendu, Jésus s’est permis une petite fugue ; le pré-ado de 12 ans a échappé à la vigilance de Marie et de Joseph ; il est resté à Jérusalem après le pèlerinage annuel…
Les jeunes parents aussi ont été un peu irresponsables : ce n’est qu’au bout d’une journée qu’il se rendent compte de l’absence du petit.
Alors, évidemment, panique… retour à Jérusalem, recherche dans la ville pendant trois jours… et enfin, il est retrouvé ; oh non pas en train de faire le zazou avec des copains, ou s’étant caché dans un coin pour des faire des bêtises… mais très sagement, au milieu des docteurs de la Loi du grand Temple.
On peut imaginer à la fois la colère et la grande joie de Marie et de Joseph ayant retrouvé Jésus. Et Marie le dit avec une certaine sévérité à son fils…
Etonnamment, c’est Jésus qui éduquera ses parents un court instant avant de leur être soumis à Nazareth : il leur révèle du haut de ses 12 petites années ce que sera sa mission de Fils de Dieu et non seulement de fils de Marie et Joseph. Oui, il doit être chez son Père.
Alors la mission de la Sainte Famille sera toute orientée vers la vocation de Jésus : ses parents l’éduqueront avec amour et selon les préceptes juifs ; lui grandira en sagesse, en taille et en grâce.
Puis, rien de plus concernant son enfance dans les textes de l’évangile.
Nous le retrouverons à 30 ans pour son baptême dans le Jourdain par Jean-Baptiste.
Que pouvons-nous en tirer comme enseignement pour nous aujourd’hui ?
= D’abord nous rappeler que Dieu s’est manifesté à notre humanité en famille ; Jésus Fils unique de Dieu est né comme nous d’une maman et un papa l’a adopté avec sagesse et tendresse. Jésus a même découvert sa mission de Sauveur des hommes, progressivement, en grandissant sous le regard et l’éducation de Marie et Joseph. On peut dire que ses parents de la terre l’ont fait devenir pleinement homme alors qu’il était pourtant Dieu, de même nature que le Père.
C’est dire que nos familles ont un rôle qui nous dépasse : donner la vie, c’est bien, c’est beau. Eduquer, faire advenir l’enfant à l’âge de l’indépendance sereine, c’est bien mieux quoique plus ardu. Etre à la fois proche et distant est le secret de toute éducation réussie. Comme Dieu lui-même nous aime, a un projet sur nous mais respecte notre liberté.
= Ensuite, c’est un encouragement aux parents à
parler avec leurs enfants et petits-enfants de ce qui est important dans la vie : il est déplorable d’entendre qu’à table on ne parle pas religion pour ne pas se brouiller, comme quand on parle de politique ou d’argent.
C’est de la démission ; c’est une tiédeur mal placée ; c’est déplorable.
Chercher ensemble le sens de la vie, est très important. Le faire avec délicatesse et respect, c’est un service à se rendre ; cela oblige alors les croyants à être plus clairs avec leur foi pour l’expliquer ; et les sceptiques à s’ouvrir à autre chose qu’à une vie de réussite matérielle. Ce débat manquera à notre société en pleine mutation si nous l’étouffons dans nos maisons.
De façon décomplexée, faisons-le, comme Jésus dans l’Evangile de ce dimanche : il étonne et questionne ses parents ; et à la fois il se laisse éduquer par eux.
= Enfin, nous attend les conclusions du pape suite aux deux séances du Synode sur la famille qui a réuni de nombreux évêques à Rome et pour lequel de nombreuses réponses ont été donnés par des laïcs à la demande de François.
Ces conclusions sont attendues surtout par ceux qui souffrent dans le contexte familial nouveau de nos sociétés et pour qui un signe de bienveillance et d’amour de l’Eglise est urgent.
En même temps, il faudra encourager les familles traditionnelles comme les nôtres à qui l’Eglise doit redire son attachement, sa reconnaissance et son grand merci ; sans elles notre monde serait mille fois plus disloqué.
Lors du synode un évêque disait : dans notre assemblée il y a les tenants d’une « Église-phare », qui éclaire la société en annonçant contre vents et marées la vérité évangélique sur la famille, et ceux d’une « Église-torche », qui accompagne au plus près les familles, d’où qu’elles partent, pour les conduire graduellement vers la découverte de cette vérité.
Je crois qu’il faut à la fois être Eglise-phare et Eglise-torche.
Alors prions pour tous les couples et les familles que nous connaissons, sans en exclure aucune.
Que la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph nous donne à tous de partager les joies simples dans nos liens familiaux, avec amour et compréhension… que s’y vive, avant les paroles, des actes de vrais soutien et de don de soi sans réserve ; et qu’ensuite la parole soit donnée à tous et que puisse s’y frayer le témoignage de foi qui nous fait grandir ensemble.
Amen